Le long-short plus que jamais adapté au contexte de marché
Par Thierry Dupont, directeur de BDL Capital Management, responsable du développement
Face aux incertitudes qui entourent le marché boursier, et alors que les obligations se trouvent en risque, une stratégie de protection du portefeuille passe aujourd’hui par les fonds actions long-short.
Les craintes d’une résurgence inflationniste, avec la hausse des taux d’intérêt qui l’accompagnerait, ont rendu le marché actions nerveux. Certains compartiments ont déjà commencé à dévisser, à l’instar des valeurs tech ou clean energy. Il faut dire que leurs cours avaient atteint en quelques mois des sommets, que les fondamentaux ont bien du mal à justifier. Plus généralement, les prix des actions sont aujourd’hui très élevés, si l’on veut bien les comparer à la réalité économique. Ainsi, le Buffet indicator, qui compare la valorisation globale du marché américain des actions au PIB des Etats-Unis atteint-il 215 %, soit 73 % au-dessus de sa moyenne historique. D’où un surcroît de nervosité des investisseurs et le retour de la volatilité qui peuvent inciter à la prudence et à opter pour une stratégie de diversification des placements, gage d’une sécurité minimale dans un contexte aussi incertain.
Pendant des années, cette stratégie de diversification, pour faire face à l’incertitude boursière, pouvait se fonder sur un diptyque très simple, actions et obligations. Il suffisait de composer un portefeuille avec un mix adéquat entre ces deux classes d’actifs. Les obligations apportaient un rendement sûr et même au-delà, puisque dynamisé par une constante baisse des taux d’intérêt, permettant de contrecarrer un éventuel trou d’air sur les marchés actions, impactant négativement le portefeuille. La corrélation entre les deux était nulle, voire négative : d’où la possibilité de fonder une stratégie de diversification de portefeuille sur l’investissement dans ces deux classes d’actifs.
Les prix des obligations au sommet
Mais le prix des obligations a atteint des sommets : il faut aujourd’hui se risquer sur des titres d’entreprise à la sécurité incertaine, bien loin de celle offerte par les dettes souveraines, pour trouver des rendements un tant soit peu intéressants. La rémunération du risque est tombée à des niveaux historiquement bas. Et de négative, la corrélation entre actions et obligations est devenue potentiellement positive. En cas de retour de l’inflation, et les cours des matières premières en sont un indicateur avancé, la hausse des taux d’intérêt provoquerait une baisse généralisée de ces deux actifs. C’est donc tout le bénéfice d’une diversification fondée sur l’investissement en dettes qui disparaît.
Volatilité maîtrisée
Quelle peut-être, alors, la bonne stratégie ? Les fonds long-short actions apportent une réponse intéressante, adaptée à l’environnement financier actuel. Par définition, ils ne sont composés que d’actions. Pas de diversification au sens propre, donc. Mais ils ont pour objectif d’offrir une véritable protection contre le risque de chute du marché boursier. En vendant à découvert (short) certains titres, les gestionnaires de ces fonds peuvent encaisser des gains très substantiels en cas de baisse générale des actions, et ainsi contrecarrer l’effet de la chute des indices sur le portefeuille des investisseurs.
Ce qui fait bien sûr la différence entre les gestionnaires, c’est la capacité à identifier, côté short les valeurs les plus à risque en cas de retournement de la Bourse, celles qui « sous-performeront » le marché, et côté acheteur, long, celles au contraire qui peuvent faire mieux que les indices. Car, si le fonds long-short permet d’amortir les baisses, il n’empêche pas de profiter, dans une certaine mesure, du mouvement haussier. La promesse est celle, en tout état de cause, d’une volatilité maîtrisée.
L’actualité récente, avec l’affaire GameStop, a mis en évidence les risques de corner pour les stratèges du short, à savoir l’impossibilité de racheter les titres vendus à découvert, quand le cours remonte brutalement. Mais une surveillance fine du marché permet d’anticiper de tels pièges et donc de les éviter. Plus que jamais, le choix de la stratégie long-short apparaît en adéquation avec le contexte financier.
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