Taux bas : de l’urgence de repenser son allocation d’actifs
Par Didier Bujon, directeur général d’Equance
La faiblesse des rendements obligataires traditionnels et des fonds en euros impose de redéfinir en profondeur l’allocation d’actifs d’un patrimoine diversifié, quel que soit le degré d’aversion au risque du client.
Difficile par les temps qui courent de trouver des placements sans risque générant un rendement confortable. La faiblesse persistante des taux d’intérêt a conduit les fonds monétaires et obligataires à offrir des rendements historiquement bas. Dans ce contexte, l’allocation d’actifs d’un patrimoine doit être réalisée avec précaution en fonction des objectifs poursuivis. Il ne peut être question d’improvisation et d’engouements hâtifs. Pour commencer, il est impératif de connaître pour chaque client son degré de connaissance des marchés financiers, son horizon de placement ainsi que son objectif patrimonial. Un questionnaire est rempli par le conseiller avec chacun d’entre eux. Les réponses doivent permettre de déterminer une fourchette d’exposition aux marchés financiers cohérente et en rapport avec le degré d’aversion au risque du client. Notre connaissance des supports éligibles nous permet en effet de déterminer le niveau de risque de chaque fonds selon une classification de 0 à 7 établie par l’AMF. Ainsi, une allocation d’actifs optimale doit faire coïncider l’indice de risque prédéfini par le client avec celui de l’allocation théorique.
Dans la pratique, l’allocation adaptée d’un client affichant un profil prudent comportera une partie en fonds euros (15% minimum de l’exposition totale). La part obligataire (20%) devra être impérativement ouverte sur un univers très large : obligations gouvernementales ou privées de différentes zones géographiques et de notations différentes (Investment Grade ou High Yield), à maturité courte ou longue etc. Les rendements obligataires ayant atteint des niveaux historiquement faibles, proches de zéro, voire négatifs, les gestionnaires d’actifs doivent en effet diversifier leurs investissements, jouer sur l’effet devises pour générer de la performance. La conservation d’une poche obligataire ne présente, en effet, un intérêt qu’à la condition que les supports d’investissement soient suffisamment diversifiés. L’allocation devra également compter des fonds « multi asset » (25%), des actions pures (30%) et des supports alternatifs (10%) permettant d’obtenir une performance décorrélée par rapport aux autres classes d’actifs.
Immobilier commercial : un effet de levier attractif
Cette allocation a donc profondément évolué au cours des derniers mois. Les fonds en euros et les fonds obligataires sécurisés ont ainsi vu leur poche se réduire drastiquement au profit de trois types d’actifs : les fonds obligataires internationaux, les fonds « multi-asset » et les fonds actions malgré leur volatilité et la difficulté à proposer ce type de placements aux clients présentant une forte aversion au risque. L’erreur consiste en effet, à investir de manière opportuniste sur les marchés actions alors que l’exposition à cette classe d’actifs nécessite de garder une exposition de long terme.
Il est également intéressant d’orienter les clients vers l’immobilier commercial. La recherche d’un effet de levier attractif, grâce à la faiblesse des coûts d’emprunt et des rendements pouvant aisément atteindre 4%, peut conduire les clients à diversifier leurs placements vers ce type d’actifs, d’autant que l’immobilier commercial offre davantage d’opportunités que l’immobilier résidentiel, et des solutions sur des zones géographiques plus étendues au sein de l’UE et en dehors.
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