EFPA : une certification reconnue au niveau européen
Depuis 2009 en France, l’EFPA (European Financial Planning Association) propose une certification reconnue dans douze pays européens pour les conseils en gestion de patrimoine. Le point sur cette « norme » alignée sur les exigences de l’ESMA, le régulateur européen.
L’EFPA (European Financial Planning Association) est née d’un projet de la commission européenne dans le cadre de la construction d’un marché unique et de la libre circulation des travailleurs. Il s’agissait de définir les standards européens de compétence et d’intégrité pour le conseil financier, avec en toile de fond la protection des épargnants. Deux populations sont concernées :
- d’une part, les conseillers en investissement (les European Financial Advisors – EFA) qui s’adressent à une clientèle de particuliers ayant quelques avoirs financiers à placer sans problématique patrimoniale complexe ;
- et d’autre part les conseils en gestion de patrimoine (les European Financial Planners – EFP) qui s’adressent à une clientèle de chefs d’entreprise, familles fortunées, personnes au patrimoine internationalisé…
A l’initiative du CFPB
Au début des années 2000, le référentiel de l’EFA est créé, ainsi que les structures EFPA de représentation dans chaque pays. Dans l’Hexagone, l’EFPA France (http://www.efpa-france.fr/) voit le jour en 2009 sous l’impulsion du CFPB (Centre de formation de la profession bancaire). L’organisation est dirigée par Michel Piano, président du conseil d’administration.
Aujourd’hui outre la France, onze organisations nationales sont créées (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Estonie, Italie, Irlande, Pologne, Royaume-Uni et République tchèque) et 35 000 professionnels disposent de ces certifications exigeantes. « Cela offre une reconnaissance mutuelle favorisant la libre circulation des travailleurs, l’acceptation des compétences dans chaque pays, le tout dans un marché unique, expose Geneviève Lhomme, responsable de l’organisation française. L’évaluation des compétences est certifiée avec, bien sûr, une prise en compte des spécificités de chaque pays, en particulier aux niveaux juridique et fiscal. Un code d’éthique est également partagé. Nous collaborons étroitement avec l’ESMA (European Securities and Markets Authority, l’AMF européen) et profitons d’un travail en réseau à dimension européenne, avec notamment la révision régulière de nos référentiels permettant l’adaptation en continu à la pratique et aux évolutions de marché. »
L’organisation française est notamment dotée d’un comité pédagogique composé de Marie-Luce Demeester (professeur à la faculté de Droit et de Sciences politiques de Marseille), Sébastien Dereeper (professeur à la faculté de Finance, banque, comptabilité à l’université de Lille 2), Philippe Rousselot (professeur de Finance à l’ESC Toulouse), Frédéric Subra (avocat associé au sein du cabinet Delsol Avocats à Lyon), Michel Roux (doyen honoraire de l’université Paris XIII) et Patrick Velay (auditeur interne chez Clearstream International et maître de conférences).
Une obligation de formation continue
Pour obtenir la certification, le professionnel peut passer par des cursus accrédités. Le CFPB-Ecole supérieure de la banque propose trois formations permettant d’accéder à la certification d’European Financial Advisors : les formations Conseiller patrimonial agence (CPA), licence professionnelle Conseiller clientèle expert et master Conseiller patrimonial agence. Tandis que l’Ecole supérieure d’assurances (basée à Paris) offre la possibilité d’être certifié European Financial Planner via la détention du MBA Ingénierie et gestion de patrimoine. « Il apparaissait évident que ces deux entités permettent d’accéder à la certification, indique Geneviève Lhomme. Néanmoins, notre ambition est de certifier tout professionnel, quelle que soit sa provenance ou sa formation. »
Dans les deux cas, l’obtention de la certification passe par l’appréciation des connaissances, via un questionnaire à choix multiple, et l’appréciation des compétences au travers d’une étude de cas.
La certification est délivrée pour une durée déterminée. Son renouvellement est soumis à une obligation de formation continue. Un plancher minimal au niveau de l’Europe est défini, que chaque pays est libre d’élever. En France, celui-ci est fixé à 20 heures par an pour les conseillers financiers (contre 15 heures exigées au niveau européen) et 30 heures pour les conseils en gestion de patrimoine (contre 20 heures au niveau européen).
Pour inciter les adhérents à suivre leurs heures de formation continue, EFPA France propose une sélection de séminaires : les Journées de l’ingénierie patrimoniale qui se sont déroulées en janvier dernier faisaient par exemple partie de cette sélection. Cette année, l’association devrait également proposer des sessions de formation continue. Les événements organisés avec les autres organisations européennes sont également agréés.
Une cotisation doit aussi être versée tous les deux ans. Elle s’élève à 80 euros pour les European Financial Advisors et 120 euros pour les European Financial Planners.
Une notoriété à développer
EFPA France, association sans but lucratif, recense près de 1 800 professionnels actifs disposant de l’une de ses certifications (45 % d’European Financial Planners et 55 % d’European Financial Advisors) – près de 3 000 ayant été certifiés depuis l’origine (environ 500 personnes par an en moyenne sur la période). Il s’agit essentiellement de collaborateurs de banques. « Nous avons des difficultés à les sensibiliser à apporter la preuve de leurs heures de formation continue, reconnaît Geneviève Lhomme. Mais au fil des années, nous sommes convaincus que ces certifications auront davantage de poids car nous évoluons dans un contexte réglementaire propice à leur développement. Nous observons d’ailleurs que nous avons de plus en plus d’écho auprès des professionnels. Nous travaillons à élargir notre portefeuille de certifiés en communiquant sur nos actions et l’intérêt de détenir cette certification européenne. »
Par ailleurs, la responsable d’EFPA France note que l’organisation de la formation professionnelle où le diplôme domine freine également le développement de certifications, comme celles d’EFPA. Tout l’enjeu consiste à acclimater ces référentiels européens dans l’appareil français de formation. « A l’inverse, dans certains pays européens, comme l’Espagne, l’EFPA a une place légitime sur le marché du conseil financier. Nos certifications ont été reconnues par le régulateur irlandais et cela est en bonne voie au Royaume-Uni. Chaque pays a son histoire… ».
Pour asseoir leur développement et donner du corps au réseau, les associations organisent des journées de travail et d’échanges au plan européen. L’an passé par exemple, les thèmes étudiés ont porté sur « le conseil financier dans un environnement à taux 0 », « la rémunération du conseil » ou encore « la relation client dans chaque pays ». « Ce type de collaboration permet la fertilisation croisée et l’enrichissement mutuel des certifiés », observe Geneviève Lhomme.
Notons qu’EFPA France a également participé l’an passé à son premier salon Patrimonia qui s’est déroulé en septembre, avec l’objectif d’accroître sa notoriété. « Ce fut une belle expérience et nous avons pu prendre contact avec l’ensemble des représentants de cet écosystème. Notre démarche a eu une bonne résonance. L’adhésion à un réseau européen est attractive pour ces professionnels. »
Actuellement, l’EFPA élabore deux nouvelles certifications sur les produits d’investissement (selon MIF II) : il s’agit, d’une part, de la problématique des personnes qui fournissent des informations sur les produits d’investissement et, d’autre part, de celles qui conseillent sur ces produits. Bien sûr, leur renouvellement sera soumis à une obligation de formation continue. EFPA France de son côté s’emploie à mettre au point de nouveaux parcours de formation préparant à ses certifications.
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