« La place de Paris a son mot à dire »
En juin 2015, Truffle Capital annonçait la naissance du Truffle FinTech Incubator avec le soutien d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique. Depuis, la société a investi douze millions d’euros dans le secteur. Bernard-Louis Roques, cofondateur et directeur général en charge du portefeuille des technologies de l’information, revient sur les raisons de cette création et sur le marché français des FinTech.
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Profession CGP : Pourquoi avez-vous décidé de lancer votre incubateur sur les FinTech françaises ?
Bernard-Louis Roques : Depuis sa création, Truffle Capital s’est spécialisé sur le capital-risque et plus particulièrement sur les structures disruptives sur leurs marchés : les TIC et le médical. Le secteur financier s’est, quant à lui, ouvert à l’innovation récemment et plus tardivement que dans d’autres pays, pour des questions de réglementation. En effet, il est désormais possible de créer des établissements de paiement sans être une banque (monnaie électronique, vente de devises, vente de cartes prépayées, transfert d’argent, etc.) ou encore l’avènement du financement participatif. Parallèlement, le marché de la digitalisation a fait émerger des start-up financières qui apportent de l’instantanéité, de la transparence, de l’efficacité ou encore une nouvelle expérience client… Autant d’éléments qui améliorent les services et permettent d’innover.
Dans ce contexte, la place de Paris a son mot à dire, avec de fortes capacités de développement et d’innovation, grâce à d’excellents ingénieurs et entrepreneurs. Paris jouit également d’un bon positionnement géographique et de son appartenance à l’Union européenne, ce qui permet à ces acteurs d’agir partout en Europe.
PCGP : Comment décidez-vous d’investir dans une FinTech ?
B.-L. R. : Quatre critères sont indispensables : le marché doit être adressable ; le potentiel de disruption est avéré ; la société doit disposer d’une compétence sectorielle et technique ; et enfin, le business model doit être bien construit. Nous comptons lancer un fonds dans le domaine prochainement.
PCGP : Quels secteurs privilégiez-vous ?
B.-L. R. : En compagnie d’une école de commerce espagnole, nous avons réalisé une étude de marché qui nous a permis d’identifier douze secteurs. Néanmoins, le marché français est encore restreint et a vocation à se développer. En France, nous regardons en particulier ceux des blockchains, les moyens de paiement ou encore le financement participatif.
PCGP : Vous ne citez pas le marché des robo-advisors qui fait grand bruit dans l’univers de la gestion de patrimoine…
B.-L. R. : La dimension mathématique des algorithmes nous intéresse, tout comme le Big Data appliqué à la finance. Néanmoins, les robo-advisors ne sont pas un axe déterminant pour nous. Un robot seul ne suffit pas à vendre un produit financier : le client a besoin de confiance et cela a un coût. Selon nous, ces outils sont davantage des axes d’investissement pour les banques.
PCGP : Dans quelles sociétés avez-vous décidé d’investir ?
B.-L. R. : Dans le domaine du Crowdlending, nous soutenons Crédit.fr, qui apporte des solutions de financement aux PME de manière agile, rapide et digitalisée. Smile & Pay dans le domaine du paiement : la société propose des terminaux bluetooth de paiement par smartphone et fait un carton auprès des professions indépendantes. PayTop dispose d’un agrément très étendu depuis décembre dernier pour s’imposer comme le champion des porte-monnaies multidevises sur le cloud (wallet, cartes, transferts). Enfin, WizyPay qui développe une plate-forme SaaS BtoB de cartes cadeaux digitalisées, ce qui permet un achat online, instantané et remplace avantageusement les traditionnels bons-cadeaux.
PCGP : Quels sont vos atouts pour accompagner ces FinTechs ?
B.-L. R. : Nous sommes, non seulement un acteur du capital-risque baignant dans l’univers de la technologie depuis de nombreuses années, mais aussi une FinTech nous-mêmes, puisque nous sommes régulés et indépendants. Notre vocation est de les accompagner de leur démarrage à leur leadership, quand elles sont en mesure d’être consolidatrices, introduites en Bourse ou consolidées.
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