Les petites capitalisations japonaises restent attractives
Par Yun-Young Lee, gérant du fonds Henderson Horizon Japanese Smaller Companies
Le renforcement du programme d’assouplissement quantitatif de la Banque du Japon à la fin du mois d’octobre et la réélection du premier ministre Shinzo Abe aux élections anticipées du mois de décembre ont confirmé, pour certains observateurs, que les Abenomics se poursuivraient en 2015. Certaines sociétés japonaises devraient tirer profit de ces mesures visant à soutenir la reprise économique de leur pays.
Tout d’abord, la stabilité politique qui a suivi l’élection d’Abe au poste de Premier ministre a fortement renforcé la confiance des investisseurs envers le marché japonais. Avant cela, les investisseurs ne disposaient d’aucune visibilité sur le sens donné à la politique fiscale du Japon. Depuis son élection, le gouvernement d’Abe a mis en place de nombreuses initiatives destinées à soutenir les entreprises domestiques.
Amélioration de la gouvernance sociétale des entreprises japonaises
D’un côté, le programme NISA (Nippon Individual Saving Accounts), lancé en janvier 2014, a eu pour objectif d’accéder aux richesses inexploitées des ménages japonais et de réallouer ces capitaux considérables dans l’économie. De l’autre, les sociétés japonaises ont été encouragées à se concentrer sur l’augmentation des rendements de leurs capitaux propres. Désormais, l’un des critères de sélection mis en place par la Bourse de Tokyo pour être coté sur le Nikkei 400 est de réaliser un rendement sur capitaux propres élevé au cours des cinq dernières années. Un autre objectif des Abenomics était d’améliorer la gouvernance sociétale des sociétés japonaises. Les sociétés ont été incitées à intégrer au moins une personne externe à la société parmi les membres de son conseil d’administration. Cet élément est important car les sociétés japonaises avaient tendance à se concentrer sur leurs activités et à mettre avant tout l’accent sur l’intérêt de la société. L’incorporation de points de vue externes permet aux sociétés de prendre des décisions plus équitables et équilibrées.
Une baisse du yen bienvenue
A ces changements s’ajoute la baisse du yen qui a permis aux sociétés japonaises de devenir plus compétitives par rapport à leurs concurrents asiatiques et européens et d’attirer l’intérêt des investisseurs. De nombreuses sociétés japonaises ont réduit leurs coûts fixes au cours des dix dernières années alors que le yen était encore solide. Les rapports publiés récemment démontrent que la croissance de leurs bénéfices figure parmi l’une des plus importantes au niveau mondial et bien que certains observateurs aient indiqué que la faiblesse du yen favorise les sociétés importantes au détriment des plus petites, nous estimons qu’elle est en fin de compte bénéfique à l’ensemble des sociétés. La comparaison entre la période de faiblesse du yen, qui a commencé suite à la nomination d’Abe en décembre 2012, et l’indice des petites capitalisations, qui a surperformé les grandes capitalisations de décembre 2012 à ce jour, illustre bien ce point.
A l'écoute de leurs actionnaires
Le changement d’attitude de certaines sociétés japonaises envers leurs actionnaires est certainement le facteur qui nous a le plus surpris en 2014. Les équipes de direction de certaines entreprises locales étaient généralement proches des banques locales et gardaient leurs distances avec les actionnaires mais elles sont devenues, au cours de l’année passée, plus ouvertes et plus réceptives aux points de vue et aux idées externes, certaines d’entre elles nous demandant même conseil sur la façon d’améliorer le cours de leur action. L’ensemble de ces facteurs obligent les sociétés japonaises à évoluer de façon positive et ceci devrait dynamiser le marché au cours des prochaines années.
Perspectives pour les petites capitalisations japonaises
Les Abenomics ont eu une incidence fondamentale sur le marché japonais dans son ensemble, mais nous estimons que les petites capitalisations boursières japonaises sont celles qui sont les mieux placées pour tirer profit à long terme des politiques d’Abe. De part leur petite taille, tout avantage associé à des forces internes ou externes aura un impact beaucoup plus significatif pour les sociétés de petite capitalisation que pour les entreprises plus importantes. Pour résumer, les sociétés japonaises se concentrant désormais sur l’augmentation de leurs rendements sur capitaux propres et l’amélioration de leur gouvernance sociétale, les sociétés de petite capitalisation disposent d’un potentiel de croissance plus important, ce qui devrait se refléter sur le cours de leurs actions. De plus, les participations étrangères sont généralement peu importantes sur les sociétés de petite capitalisation. Ces sociétés sont donc peu exposées aux pressions externes, telles que l’obligation de générer un rendement pour les actionnaires.
Les principaux risques pour le Japon et les sociétés de petite capitalisation japonaises en 2015 devraient provenir de l’extérieur. Les marchés américains, européens et chinois sont intrinsèquement liés au Japon. Une correction du marché US entraînerait certainement, bien qu’à un degré moindre, un ralentissement pour les actions.
Nous estimons, malgré cela, que les opportunités existent sur le marché des petites capitalisations japonaises, plus susceptibles de surperformer en cas de marché baissier. Nous consacrons beaucoup de temps et d’efforts à identifier ces opportunités. Notre processus repose en partie sur une communication approfondie avec les équipes de direction. Ceci est inévitable car la couverture « sell-side » des sociétés de petite capitalisation est beaucoup moins importante que celle des sociétés de grande capitalisation. Vingt à vint-cinq analystes pourront par exemple couvrir un conglomérat, tel que Toyota Motors, alors que plus de la moitié des sociétés cotées de petite capitalisation japonaises ne sont suivies par aucun broker. Il est essentiel, face aux turbulences du marché, d’être présent sur le terrain et d’échanger de façon régulière avec les équipes de direction afin de déceler les opportunités d’investissement sur le marché japonais. Le soutien des réformes Abenomics, l’amélioration de la gouvernance sociétale, la faiblesse du yen et le changement d’attitude de certaines sociétés japonaises envers leurs actionnaires prouvent que les petites capitalisations japonaises présentent un intérêt pour diversifier leur portefeuille sur le long terme.
Vos réactions