La hausse des taux d’intérêt dope la rentabilité de l’assurance-vie
La hausse des taux d’intérêt dans le monde transforme les perspectives de croissance et de rentabilité de l’assurance-vie. Les produits d’épargne séduisent de nouveau les consommateurs après une décennie marquée par une faible demande et des rendements bas. Après avoir atteint un niveau record en 2022 et 2023, le Swiss Re Institute anticipe que la commercialisation de produits à taux garantis aux Etats-Unis atteindra un nouveau sommet cette année.
Dans sa nouvelle étude, « Life insurance in the higher interest rate era : asset-savvy is the new asset-light », le Swiss Re Institute prévoit une augmentation du volume mondial de primes d’assurance-vie de 1 500 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, les consommateurs s’orientant vers des produits d’épargne-retraite garantissant des revenus plus élevés à la retraite. En conséquence, le montant total des primes mondiales devrait atteindre 4 000 milliards de dollars d’ici à 2034. A titre de comparaison, les primes mondiales d’assurance-vie n’ont augmenté que de 300 milliards de dollars entre 2010 et 2019, période caractérisée par de faibles taux d’intérêt.
Les rendements nettement plus élevés des obligations d’Etat améliorent également les rendements des investissements des assureurs-vie et les marges sur les produits à taux garantis. Entre 2022 et 2027, le Swiss Re Institute prévoit que le bénéfice d’exploitation des assureurs sur les huit plus grands marchés mondiaux de l’assurance-vie, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon, augmentera de plus de 60 %, les rendements de ces investissements progressant de 40 %. La croissance des produits d’assurance-vie est un mécanisme important pour combler le déficit d’épargne-retraite, que Swiss Re Institute a estimé à 106 000 milliards de dollars en 2022 pour six pays développés plus la Chine et l’Inde.
Les marchés développés vont être moteurs de la croissance
Le Swiss Re Institute estime que les marchés développés généreront environ 61%, soit 900 milliards de dollars, des nouvelles primes émises au cours de la prochaine décennie, et les marchés émergents 39%, soit 578 milliards de dollars.
À elle seule, la Chine générera environ 17 % de l’ensemble des nouvelles émissions de primes mondiales, soit 256 milliards de dollars entre 2025 et 2034.
Le paysage de l’assurance-vie évolue
Le rapport du Swiss Re Institute donne également un aperçu de la façon dont se structure le secteur de l’assurance-vie. Il analyse la manière dont les assureurs cotés en Bourse, les mutuelles et les fonds de capital-investissement ont réagi à une décennie de taux bas, par exemple en abandonnant des branches d’activité essentielles ou en s’orientant vers des stratégies peu exigeantes en capital et basées sur des commissions. Le rapport examine aussi comment de nouveaux venus sur le marché, issus du capital-investissement, ont absorbé les actifs traditionnels cédés par le biais de transactions de réassurance. Les assureurs et les sociétés de gestion d’actifs se sont tournés vers des investissements alternatifs et illiquides pour générer davantage de rendement.
Aujourd’hui, les assureurs étendent leurs capacités en matière de gestion d’actifs afin de développer leurs activités d’épargne, et les fonds de capital investissement leur apportent des ressources considérables en la matière. Le Swiss Re Institute anticipe une concurrence accrue dans la gestion d’actifs en assurance-vie, avec, par exemple, de grands assureurs acquérant des capacités dans le domaine de la dette privée et des sociétés de gestion d’actifs pouvant potentiellement acquérir des compagnies d’assurance. Les consommateurs devraient bénéficier de cet environnement à travers des rendements plus attractifs.
Le rapport explore enfin les effets de la hausse des rendements sur les risques associés à l’assurance-vie, tels que la menace d’une augmentation des taux de déchéance. L’analyse du Swiss Re Institute sur le risque de chute conclut toutefois que le pic est probablement passé. La hausse des taux a également augmenté le risque de crédit, en particulier dans des domaines tels que l’immobilier commercial, mais l’exposition des assureurs-vie est considérée comme gérable.
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