Investissements en 2015 : une approche ciblée et sélective face à une possible hausse de la volatilité
Selon Allianz Global Investors, société d’investissement multiclasse d’actifs, les politiques des banques centrales devraient rester le principal moteur des marchés financiers en 2015. Dans un contexte de croissance économique mondiale modérée (de l’ordre de 3,7 %, contre 3,25 % en 2014), les politiques monétaires très accommodantes devraient se poursuivre à court terme, mais avec une divergence grandissante entre un resserrement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni d’une part, et un nouvel assouplissement dans la zone euro et au Japon d’autre part.
Globalement, selon AllianzGI, les pays développés ont pris le relais des émergents dans le soutien de la croissance mondiale. La reprise économique américaine devrait en rester le principal moteur, avec le Royaume-Uni. Dans la zone euro, en revanche, les risques baissiers se sont accrus au second semestre 2014. Une dégradation qui, selon Andreas Utermann, Global CIO d’Allianz Global Investors, « est principalement due aux troubles géopolitiques en Ukraine, qui ont pesé sur le sentiment économique et les exportations vers la Russie. Nous continuons néanmoins de penser qu’une reprise sous-jacente devrait persister dans la zone euro, même si elle demeure fragile. »
Après un nouvel accès de désinflation entraîné par la récente baisse des prix des matières premières, l’inflation devrait rester basse à court terme. Mais « nous pensons qu’après une phase de stabilisation, l’inflation devrait commencer à remonter très progressivement. La zone euro reste toutefois très vulnérable au risque de déflation, ce qui justifie la très grande vigilance de la BCE », explique Andreas Utermann.
L’abondance des liquidités augmente le risque de volatilité
Dans ce contexte, « le risque, souligne-t-il, après des injections massives de liquidités par les banques centrales qui ont entraîné à la baisse la volatilité des marchés, serait de la voir augmenter», sous l’effet de différents facteurs : statistiques défavorables, incertitudes sur le calendrier de retrait des politiques monétaires de la Fed ou de la Banque d’Angleterre, risques géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient), propagation du virus Ebola, etc.
Dans cet environnement mouvant, la répression financière est toujours à l’œuvre et maintient les rendements réels à un faible niveau. Si les actifs risqués demeurent la meilleure solution pour obtenir des performances à long terme supérieures à l’inflation, il sera essentiel, compte tenu des perspectives de plus grande volatilité, d’adopter une approche ciblée et sélective, au cours des mois à venir. La tendance haussière des marchés d’actions internationaux semblant aujourd’hui terminée, les investisseurs en actions ont tout intérêt « à privilégier les sociétés qui bénéficient d’une croissance à long terme, ainsi que les entreprises de qualité versant des dividendes élevés de manière durable, car il s’agit d’un générateur puissant de performances cumulées à long terme », selon Andreas Utermann. La longue période de hausse des marchés obligataires parait également toucher à sa fin; les investisseurs doivent donc envisager de réduire leurs positions sur la dette souveraine des pays développés en faveur des obligations émergentes et de leurs devises.
Enfin, dans cet environnement marqué par une croissance faible, « ils ne doivent pas oublier de capter la prime d’illiquidité, tout en restant pleinement conscients du risque que cela implique », conclut Andreas Utermann.
La dette souveraine en Europe : privilégier une gestion active et flexible en 2015
Selon Franck Dixmier, CIO Taux Europe, « la BCE lutte actuellement à la fois contre la fragmentation financière et contre la baisse des anticipations inflationnistes au sein de la zone euro. La lutte contre le risque de déflation rend de plus en plus probable la mise en œuvre de mesures additionnelles d’assouplissement quantitatif, notamment un programme d’achat de dettes d’Etat qui devrait exercer une pression forte à la baisse des taux. Dans ces conditions, une remontée des taux européens parait peu envisageable. »
Dans la zone euro le risque systémique a fortement reculé, à la suite de l’amélioration de l’architecture financière depuis mi-2012. Les progrès structurels ainsi réalisés vers l’union monétaire sont positifs pour les actifs libellés en euro.
Enfin, les marchés de la dette souveraine périphérique continuent d’intégrer des probabilités de défaut trop élevées, alors que les primes de risque périphériques devraient continuer à diminuer progressivement au cours des prochains mois. C’est pourquoi, « le carry trade [opération spéculative sur écart de rendement, ndlr] reste roi, même si l’année à venir devrait être volatil, explique Franck Dixmier. Dans un tel environnement, une gestion active et flexible devrait surperformer une simple approche de bêta pur. »
Le crédit en Europe : encore du potentiel
Pour Alexandre Caminade, CIO Crédit Europe, l’environnement reste plutôt favorable au marché du crédit. Les fondamentaux des émetteurs Investment Grade et High Yield européens demeurent solides. Ils sont soutenus notamment par des taux de défaut qui restent bas et très stables sur douze mois glissants.
Par ailleurs, alors qu’on assistait à une détérioration marginale de l’univers du High Yield en raison de conditions de marchés complètement déséquilibrées entre l’offre et la demande, la situation est beaucoup plus saine aujourd’hui : le marché n’accepte plus d’investir à tout prix sur des émetteurs moins fiables, qui ont vu leurs spreads se normaliser. Dans un tel contexte, « les éléments fondamentaux redeviennent le premier déterminant des valorisations, ce qui nous conduit à réinvestir de façon très sélective face à la montée du risque spécifique sur le marché High Yield et à être constructifs sur la classe d’actifs », explique Alexandre Caminade.
Les marchés d’actions européens : entre opportunités d’investissement et interrogations
Pour Catherine Garrigues, responsable de la gestion Actions Europe, les entreprises européennes font face à une baisse structurelle de leurs perspectives de croissance à long terme. Néanmoins, des opportunités d’investissement en actions existent. « Nous pensons toujours que le rendement soutient l’attrait des actions par rapport aux autres actifs et qu’il offre un plancher de valorisation. Mais, il convient d’être sélectif et de diversifier les sources de rendement », explique-t-elle. Par ailleurs, la baisse de l’euro représente un atout conjoncturel probable pour les entreprises internationales qui exportent et qui établissent leurs comptes en dollar. Selon Catherine Garrigues, même si le défaut de confiance dans l’économie explique aujourd’hui l’inquiétante faiblesse de l’investissement des entreprises, « le secteur des télécoms montre également que l’investissement peut ouvrir des perspectives boursières positives ».
Des interrogations demeurent pourtant : la baisse des petites et moyennes capitalisations doit être surveillée avec prudence, même si des opportunités de valorisation apparaissent sur ce compartiment du marché, tandis que le ralentissement de la consommation dans les pays émergents, notamment en Chine, pourrait être négatif à court terme.
Vos réactions