Xavier Anthonioz (123 IM) : « Nous sommes confiants sur la qualité de nos participations »

Par : Benoît Descamps

Le président d’123 IM, acteur historique de la démocratisation du capital-investissement sur le marché des CGP, revient sur l’impact de la crise sanitaire sur son portefeuille, en particulier sur ses participations liées au tourisme. Serein sur la solidité des entreprises accompagnées, il s’attend à de prochains mois décisifs pour trouver le bon momentum pour céder ses participations arrivées au terme et pour saisir de nouvelles opportunités.

 

Profession CGP : Comment se porte 123 IM dans cette période de crise inédite ?

Xavier Anthonioz : Bien. Au niveau organisationnel, comme tous les acteurs de notre environnement, le télétravail a été mis en place avec efficacité et rapidité.

S’agissant de notre activité, elle est naturellement en baisse au niveau commercial, même si, après une période de calme plat naturelle, nous avons reçu des souscriptions de la part d’investisseurs à la recherche d’actifs tangibles. Dans tous les cas, le retour de la confiance est nécessaire pour repartir de l’avant.

En revanche, côté investissement et gestion, le besoin d’accompagnement des entrepreneurs que nous finançons a été fort. Renégociations de prêts avec les banques, mise en place de période moratoire, redéfinition des business plans…, c’est dans ces périodes compliquées que la valeur du rôle humain de notre activité se révèle.

 

Comment jugez-vous les mesures mises en place par le gouvernement ?

X. A. : La réaction du gouvernement a été bonne. De même, l’incitation des banques à jouer leur rôle est la bienvenue. D’ailleurs, nous allons prochainement lancer un fonds de dette privée qui sera garanti jusqu’à 70/80 % par l’Etat.

 

Vos activités sont assez liées au tourisme, via les campings et l’hôtellerie. Quelles sont vos perspectives ?

X. A. : Le tourisme est l’un des secteurs les plus affectés par la crise. Dans nos portefeuilles, nous avons toujours été très diversifiés en termes de secteurs, et même très diversifiés au sein des secteurs. 30 % de notre portefeuille global repose actuellement sur le tourisme : 18 à 20 % sur l’hôtellerie et 10 à 12 % sur le loisir de plein air. Dans ces deux domaines, la réalité n’est pas la même. Si sur les camping, les mois d’avril et mai sont perdus – ce qui représente un petit chiffre d’affaires –, la saison est loin d’être finie. Les Français comptent partir en France et les clients étrangers restent désireux de venir. Le tourisme de plein air reste également très résilient car perçu comme bon marché, ludique et inspirant la confiance. Les acteurs devraient donc moins souffrir et la saison ne devrait donc être qu’en demi-teinte.

En revanche, le choc est plus violent pour l’hôtellerie. Sur ce segment, nous sommes positionnés à 70 % sur des établissement deux-trois étoiles, donc meilleur marché et plus liés au tourisme d’affaires. Cette typologie d’hôtel devrait redémarrer en premier, même si la reprise se déroulera sur plusieurs mois. Heureusement, nos partenaires sont de grands groupes, avec une trésorerie et des fonds propres solides, ce qui a rassuré les banques pour obtenir des prêts garantis par l’Etat.

 

Le marché des Ehpad a-t-il quant à lui souffert ?

X. A. : Ce secteur qui représente moins de 25 % de nos actifs, a apporté de la résilience à notre portefeuille dans cette période compliquée. Même si nous avons malheureusement eu à déplorer un taux de décès légèrement supérieur à la moyenne dans nos établissements à cause du Covid, réduisant nos taux d’occupation à court terme, les fondamentaux restent inchangés sur le long terme et nous sommes toujours très positif sur la thématique.

 

Qu’en est-il de la valorisation de vos portefeuilles ?

X. A. : L’exercice de valorisation est délicat, tant il est difficile de se projeter sur la vigueur de la reprise. Des provisions techniques ont été prises dans le portefeuille, même si nous n’avons pas à déplorer de dépôt de bilan.

La période actuelle est en revanche source d’opportunité pour les entreprises que nous accompagnons, d’autant que nous avons en portefeuille des entrepreneurs expérimentés et de grande qualité.

 

En matière de liquidation des fonds, quelle est votre feuille de route ?

X. A. : Chaque année, nous distribution entre 100 et 150 millions d’euros à nos clients issus de la cession de nos participation: ce ne sera malheureusement pas le cas cette année. La période actuelle est favorable à ceux qui ont la capacité de tenir leurs positions. Certaines cessions ont été réalisées en début d’année, mais cela reste marginal. Notre travail sera donc d’arbitrer entre la prorogation de nos investissements – ce que comprennent bien les investisseurs – ou céder nos participations rapidement en acceptant de rogner notre rendement. Dans tous les cas, les fonds arrivés en fin de vie qui seraient prorogés ne supporteront pas de frais de gestion afin de préserver leur performance.

D’un autre côté, nous serons en mesure de saisir de nombreuses opportunités à l’achat dans les prochains mois avec nos 100 millions d’euros de réserve à investir. Là est l’équilibre à trouver dans les prochains mois.

  • Mise à jour le : 28/05/2020

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