Etxea Capital, tel est le nom de cette nouvelle société de gestion créée cette année et avec comme spécialité le démembrement viager. La structure créée par sept professionnels rompus sur cette thématique d’investissement va lancer son premier véhicule, la SCI Novalife, qui sera ouverte à la distribution dès la rentrée prochaine. Entretien avec deux de ses fondateurs, Charlotte Evanguelidis, sa présidente, et Zoé Bach, sa directrice du développement.

Profession CGP : Pourquoi avoir décidé de créer votre propre société de gestion dédiée au viager ?

Charlotte Evanguelidis : Après être passée chez Turgot AM, où j’ai créé le premier fonds dédié au viager 100% bouquet il y a six ans (ViaGénération), puis chez Arkéa où nous avons lancé la seconde SCI dédiée à la thématique (Silver Avenir), avec nos associés, nous avons considéré que nous avions la légitimité et le recul nécessaire – six ans – pour lancer Etxea Capital (Etxea qui signifie maison, en basque).

Zoé Bach : Notre structure ne rassemble que des personnalités expérimentées sur cette typologie d’investissement. Charlotte, bien évidemment, mais aussi Frédérique Pradels qui a œuvré lors du lancement de Silver Avenir en 2020, Bernard Le Bras (ex-président du directoire de Suravenir) qui, en tant qu’ancien assureur, connaît bien le support et qui est associé, Cyril Lureau, notre directeur financier et responsable des risques qui, chez Advenis (ex-Avenir Finance), avait œuvré sur les prémices de ViaGénérations avec Charlotte, deux gérantes qui ont géré des fonds viager et résidentiel, et moi qui ai développé au côté de Charlotte les deux fonds viagers chez Turgot AM et Arkéa.

Enfin, la holding Habert Dassault Finance nous accompagne également, car nous partageons la même conviction : celle de n’être qu’aux prémices du développement du démembrement viager en France, mais aussi en Europe.

Pourriez-vous nous présenter Novalife, la SCI que vous venez de lancer ?

C. E. : Comme les deux précédentes SCI, elle investit uniquement dans des actifs en viager occupé, en versant immédiatement et en intégralité un capital correspondant au 100% bouquet. Elle se portera ainsi acquéreuse de la nue-propriété de biens de seniors ayant des besoins de liquidités pour maintenir leur niveau de vie. Il ne s’agira pas de la seule catégorie de personnes pouvant recourir au ce dispositif de « 100% bouquet ». En effet, notre SCI étendra ses investissements à des biens détenus par des personnes plus jeunes ayant un besoin de liquidités immédiat et qui nous ont sollicités dans nos précédentes fonctions. Il s’agit, par exemple, de permettre à une personne divorcée de payer sa soulte pour conserver le bien. Ici, cette personne continue d’occuper le bien pendant huit à dix ans avant que la SCI n’en devienne pleinement propriétaire.

Notre univers d’investissement se veut également plus large en termes de valeur des actifs, puisque nous étudierons des biens à partir d’une valeur de 300 000 euros, voire 200 000 euros. Nous souhaitons également construire un véhicule diversifié sur le plan géographique avec comme zones de prédilection Paris et l’Ile-de-France bien sûr, sur le littoral, les villes moyennes, le principal critère étant le dynamisme du marché. Dans un second temps, nous comptons aussi investir en Europe, en particulier en Belgique et au Portugal, deux pays où des propriétaires de biens en centre-ville, dont la valeur a fortement augmenté, n’ont pas forcément les ressources nécessaires pour financer leur retraite.

Enfin, nous avons la volonté d’intégrer une dimension durable à notre démarche. En effet, le marché du résidentiel est actuellement chahuté par les interdictions liées au DPE. Nous procéderons à des recommandations de travaux afin d’améliorer le parc existant. Avec cette démarche et alors que le caractère sociétal du fonds n’est plus à démontrer, nous espérons pouvoir obtenir la labellisation ISR.

Le marché du viager est-il suffisamment large pour qu’un nouvel acteur se positionne ?

C. E. : Oui et il s’étend d’année en année. Une centaine d’intermédiaires opèrent désormais sur ce marché, contre une dizaine il y a six ans. En Europe, nous sommes d’ores et déjà en contact avec différents notaires proposant ce schéma.

Comment allez-vous distribuer le fonds ?

Z. B. : Il sera accessible via les assureurs-vie. Deux premiers assureurs se sont déjà engagés à référencer la SCI. Néanmoins, nous ne comptons pas multiplier les référencements afin de bien gérer notre rapport actif/passif. C’est pourquoi nous fonctionnerons par enveloppe d’investissement dédiée à chacun de nos partenaires assureurs pour maîtriser notre collecte.

Quels sont vos objectifs ?

Z. B. : Aujourd’hui notre objectif est de continuer à faire évoluer ce marché de l’immobilier en démembrement viager auprès des investisseurs. D’ici fin 2024, nous espérons avoir collecté au minimum 200 millions d’euros de capitaux sur ce nouveau fonds.