L’épargne doit être le moteur de la reprise
Alors que près de 300 milliards d’euros dorment sur des livrets, il est temps de réconcilier les Français avec l’investissement. Parmi les pistes de réflexion pour mobiliser cette épargne : faire évoluer le PEA et faire confiance aux conseils et experts financiers, qui pourraient être un relai efficace entre les acteurs politiques, économiques, financiers, et les citoyens.
Par Didier Kling, président du groupe CNCEF, et Stéphane Fantuz, président de la CNCEF Patrimoine
Réflexe sécuritaire oblige, les Français épargnent depuis près d’un an. La crise sanitaire a réveillé ce principe de précaution connu lors des périodes d’incertitude qui ont jalonné l’histoire de notre pays. Près de 300 milliards dorment sur les livrets pendant que l’Etat injecte plus de 100 milliards dans la relance. C’est ce que vient de révéler le rapport de la Banque de France. Aussi, la mobilisation de l’épargne vers l’économie réelle a pris un débat politique.
Deux écoles s’affrontent : d’un côté, ceux qui veulent la taxer pour entraîner son décaissement rapide vers la consommation. De l’autre côté, ceux qui estiment que la politique de l’offre mobilisera les dépôts à vue. En arbitre, le Gouvernement rejette pour le moment toute hausse de la fiscalité. Il fait le pari d’actionner plusieurs leviers pour que l’épargne irrigue l’économie par la consommation et par l’investissement. Cela suppose évidemment une stabilité fiscale.
Plus que les débats idéologiques, il est nécessaire désormais de réconcilier les Français avec l’investissement, plus particulièrement dans les PME. Mais aussi d’opérer un fléchage de l’épargne vers l’économie productive. C’était tout l’enjeu de la Loi PACTE en 2018. Un acte 2 de ce texte de loi est aujourd’hui incontournable pour permettre à l’épargne d’être le moteur de la reprise. Ceci pour rendre nos entreprises plus innovantes, notamment dans leur financement par les acteurs privés. Particulièrement en favorisant l’investissement dans les start-ups en contrepartie d’incitations fiscales, à la hauteur du risque pris par les particuliers.
Rouvrir le dossier du PEA
De même, il serait intéressant de faire évoluer le PEA et/ou le PEA-PME vers un plan d’épargne pour l’investissement en actions et développement des entreprises (Pléiade). Ce qui nécessite que le Gouvernement augmente le montant des enveloppes de 150 K€ à 200 K€, pour le PEA et de 75 K€ à 150 K€, pour le PEA-PME. Mais aussi qu’il simplifie l’inscription en compte des titres non cotés.
Enfin, de créer un Pléiade-Jeunes (réservé uniquement à des « large cap ») qu’il serait possible d’ouvrir dès la naissance, pour permettre aux jeunes de profiter d’un capital à leur majorité ou à leur entrée dans la vie active.
Faire confiance aux conseils et experts financiers
Plus encore que les solutions législatives ou les produits à proposer aux Français, ce débat relatif à la mobilisation de l’épargne concerne les conseils-experts financiers. Professionnels de terrain, ce sont des accompagnateurs de croissance aussi bien pour les clients particuliers que les chefs d’entreprises. C’est pourquoi, ils pourraient être partie prenante d’une réflexion nationale pour peu que le Gouvernement souhaite l’ouvrir sur ce sujet. Ils seraient en effet un trait d’union efficace entre les acteurs politiques, économiques et financiers et nos concitoyens. Ils possèdent en effet une dimension pédagogique, interprofessionnelle et s’intéressent à toutes les classes d’actifs (financiers, assurantiels, immobiliers, titres non cotés, etc).
Ces différents métiers de l’expertise financière pourraient être plus qu'utiles à la relance et être des relais de croissance dans la mesure où ils sont présents sur l’ensemble du territoire national. S’engageant à rendre accessible le conseil financier, par l’épanouissement de tous les acteurs de l’économie réelle, ils sont en mesure de réorienter l’épargne dans cette direction.
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