Epargne et effet de mode ne font jamais bon ménage
Par Michael Sfez, directeur général de Russell Investments France
Dans un environnement financier toujours plus complexe à la vision parfois dénaturée par des considérations commerciales, l’accompagnement des investisseurs par un CGP est plus que jamais devenue incontournable.
Au vu des rendements servis par les contrats en euros en 2015, il y a de quoi porter la confusion dans les esprits des épargnants. Depuis plus de deux ans, on leur répète qu’ils n’ont plus rien à attendre du contrat en euros. Message transmis à la fois par les CGP, qui l’ont reçu eux-mêmes des assureurs, mais aussi par l’ensemble de la presse financière et des professionnels intervenant dans les médias. On peut se poser la question de ces rendements servis par les assureurs qui, avec notamment Solvency II, ont incité de manière très offensive les assurés et les CGP à déplacer cette épargne vers les UC où le risque n’est plus porté par l’assureur, mais l’assuré.
L’option la plus utilisée par les CGP (et qui fait du sens) a consisté à orienter les épargnants vers des UC à profil de risque modéré.
Malheureusement, 2015 sera certainement considérée comme une mauvaise année pour les fonds flexibles avec des performances moroses et des pertes maximum à deux chiffres au cours de l’année pour un grand nombre d’entre eux, par manque en partie de diversification. Ces résultats en dessous des attentes rendent la situation délicate pour certains conseillers qui font peut-être face maintenant à des clients déçus après avoir investi en 2015 sur les UC. Alors que tous ces conseils paraissent justifiés et logiques, il y a de quoi déstabiliser l’épargnant.
Revenir aux fondamentaux
Il suffit de revenir aux bases : mettre en face de chaque épargne l’objectif à financer, et éviter de s’appuyer sur les modes ou les grands consensus. Un portefeuille doit avant tout refléter ce que l’on cherche à réaliser avec l’épargne en question.
Prenons l’exemple de personnes proches de leur retraite ou en retraite, un objectif typique est celui de disposer de suffisamment d’argent pour couvrir les trois postes clés de dépenses : les dépenses essentielles, puis celles liées au style de vie et enfin la transmission du patrimoine. Ainsi pour chaque poste à financer, on peut affecter un portefeuille sur mesure :
- le portefeuille destiné aux dépenses essentielles. On peut penser qu’un portefeuille qui mixerait pour 70 % d’actifs sécurisés et 30 % d’UC actions ou fonds flexibles permettrait de disposer de la croissance des marchés, tout en apportant une certaine stabilité dans les marchés baissiers ;
- le portefeuille destiné aux dépenses de train de vie. Il sera ici certainement nécessaire de prendre plus de risque, mais sans en prendre trop car le client souhaitera certainement pouvoir profiter de sa retraite. Un portefeuille avec 60 % d’UC actions ou fonds flexibles est un profil de risque raisonnable ;
- la transmission : c’est un investissement de long terme (trente années pour une personne de soixante ans). Dans ce cas, on peut imaginer que ce portefeuille sera 100 % actions. Sur trente ans, les actions surperforment en effet les obligations, avec une probabilité de 99 %.
Dans tous les cas, le conseiller aura un rôle essentiel dans le choix des actifs. Et il aura certainement intérêt à approfondir sa connaissance de la composition du contrat en euros et des réserves de l’assureur. Car nous sommes tous conscients que le contrat en euros ne peut plus être considéré sans risque, compte tenu des niveaux de taux extrêmement bas et du risque de leur remontée et de liquidité qui en découle. Il sera aussi essentiel d’intégrer les actifs à risque au fur et à mesure pour limiter le risque de mauvaises performances lors des premières années d’investissement.
En procédant de la sorte, le CGP offre une réelle visibilité et la tranquillité d’esprit au client, sans avoir à se soucier des effets de mode.
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