Julien Seraqui (CNCGP) : « Une nouvelle ère de défis qui sont autant d’opportunités pour les CGP »
Alors que Benoist Lombard arrive au terme de son second mandat (retrouvez son dernier édito sur le site de la CNCGP), une seule liste a été déposée pour prendre la succession de l’équipe en place. A sa tête, Julien Séraqui, élu expérimenté de la CNCGP et CGP à Paris depuis quinze ans. Il nous présente son programme et ses idées pour la profession et la Chambre.
Profession CGP : Vous avez intitulé votre programme « Unis pour une nouvelle ère ». Pourquoi ?
Julien Séraqui : Nous avons choisi le mot « unis » car c’est l’ADN même de la Chambre depuis qu’elle a été créée en 1978, c’est-à-dire se réunir et mutualiser ses forces pour défendre les intérêts de ses membres. Ensuite, nous considérons que nous entrons dans la troisième ère de la profession. En effet, des années quatre-vingt-dix à 2005, nous étions dans l’ère des Pionniers au cours de laquelle la profession s’est fortement développée avec un maillage territorial national. Ces pionniers ont fait connaître notre profession auprès de nos partenaires-fournisseurs qui ont su développer une offre produits propre aux CGP. Ces pionniers ont connu également l’avènement d’internet et du mail, ainsi qu’une première révolution réglementaire avec l’arrivée du statut de CIF.
La deuxième ère est celle des Entrepreneurs, l’organisation interne des cabinets de CGP a été impactée par l’arrivée des agrégateurs de comptes et des logiciels d’allocation d’actifs ; avec aussi l’entrée en vigueur d’une réglementation qui impose un formalisme plus dense avec notamment MIF 2 et DDA. Lors de cette période nous passons d’une activité libérale à une activité de chef d’entreprise : les équipes s’étoffent, la formation continue s’impose, les nouveaux entrants sont, pour beaucoup, diplômés bac +5, les CGP se regroupent sous forme de groupements ou fusionnent avec d’autres cabinets, certains créent ou tissent des liens capitalistiques avec des sociétés de gestion…
Le passé, le présent, mais qu’en est-il de l’avenir de la profession ?
J. S. : La troisième ère qui se dessine est celle d’un cadre réglementaire plus stable, mais durant laquelle notre profession devra faire face à de nombreux défis qui sont autant d’opportunités :
- l’accroissement de la taille des cabinets en conservant ce qui fait la force des CGP : la personnalisation de son conseil et une relation intuitu personae forte avec ses clients ;
- l’organisation des cabinets vis-à-vis de la digitalisation et de l’émergence des FinTech : les CGP ne doivent pas craindre ces mutations technologiques, mais au contraire se les approprier afin d’améliorer leur productivité. En effet, l’avenir des Fintech nous semble plus s’orienter vers le B to B que vers le B to C.
- consolider les liens avec les autorités de tutelle, qui nous connaissaient mal il y a encore quelques années, en renforçant l’écoute qu’elles nous accordent ;
- définir des positions de place avec nos partenaires pour simplifier notre pratique quotidienne.
Quelles actions comptez-vous mettre en œuvre durant les trois prochaines années ?
J. S. : Tout d’abord, nous souhaitons renforcer les liens entre la CNCGP et ses adhérents. Si nous organisons nos Universités dans chaque région, nous comptons aussi délocaliser en régions deux de nos quatre conseils d’administration annuels afin de renforcer les liens entre nos administrateurs et nos adhérents. Les adhérents demandent en effet davantage d’échanges avec leurs élus, mais aussi avec nos permanents qui vont se déplacer plus régulièrement dans toute la France.
Outre cette meilleure communication interne, nous allons également porter davantage notre message en externe : auprès des masters en gestion de patrimoine notamment. L’objectif étant que nos élus présentent notre profession aux étudiants afin d’attirer les meilleurs éléments au sein de nos cabinets qui sont en pleine croissance. Cela passe également par des échanges au niveau national et local avec les ordres et chambres professionnels des avocats, notaires, experts-comptables et agents immobiliers, afin d’organiser des évènements pour que nos adhérents respectifs puissent échanger plus facilement. Nous avons aussi le projet de mettre en place des formations croisées.
Parallèlement, nous allons organiser des réunions régulières avec nos partenaires pour harmoniser les procédures sur des sujets comme la signature électronique ou lorsqu’un client souhaite changer de conseiller.
Enfin, la défense de notre profession passe par un dialogue toujours plus étroit avec nos autorités de tutelle, mais aussi par l’augmentation du nombre de nos membres, lesquels sont les meilleurs promoteurs de la CNCGP. A cet effet, nous mettrons en place un système incitatif pour nos adhérents qui s’impliquent dans le parrainage de nouveaux adhérents à la Chambre.
Comment comptez-vous positionner la CNCGP sur le sujet de la co-régulation avec l’ACPR ?
J. S. : L’agrément des associations professionnelles de courtage en assurance et la régulation de leurs adhérents seront parmi les sujets majeurs de 2019. A priori ce serait plus une co-régulation partielle qu’une réelle co-régulation dans la mesure où l’article 12 de la DDA ne permet pas aux associations de contrôler les pratiques commerciales de leurs adhérents. Ainsi, les associations seraient amenées à contrôler les aspects factuels comme l’honorabilité, les diplômes requis ou l’inscription à l’Orias mais pas la relation-client comme c’est le cas pour les associations de CIF.
Nous ferons, bien entendu, une demande d’agrément auprès de l’ACPR afin que la CNCGP fasse partie des nouvelles associations agréées de courtiers. Je rappelle que 95 % de nos adhérents sont déjà enregistrés auprès de l’Orias comme courtiers en assurance, que cette activité représente 60 % de leur chiffre d’affaires et que la CNCGP dispose déjà de process aboutis et d’une équipe de 13 permanents, dont des juristes, pour mettre à la disposition de ses adhérents tous les outils nécessaires au respect de la réglementation.
Pourriez-vous nous présenter votre liste ?
J. S. : Elle se compose de Jean-Luc Delsol, Bertrand Lefeubre, Yves Mazin, Virginie Tricoit, Sonia Elmlinger, Lionel Lafon, François Auvillain, Philippe Gaucher, Aude Plus-Valard, Jean-Baptiste Holtz et Romarin Billong. Il s’agit d’un mélange entre des personnalités qui ont déjà des responsabilités d’élus au sein de la CNCGP et de nouveaux candidats ; le tout avec une représentation plus importante de CGP étalis en région. Nous avons souhaité associer expérience et sang neuf, tout en instituant une forme de décentralisation.
Notre volonté est également d’être une organisation plus horizontale, avec des administrateurs spécialisés sur certains sujets, et toujours très structurée autour d’une équipe de permanents.
Un mot sur votre parcours ?
J. S. : Je suis conseil en gestion de patrimoine depuis 2004 et élu au conseil d’administration depuis 2007. Cette expérience m’a permis d’observer le remarquable travail réalisé par les présidents qui se sont succédés : Patrice Ponmaret qui a su faire reconnaître notre profession auprès des autorités de tutelle, le regretté Thierry Moreau qui via le recrutement de Guy de Panafieu a entamé un formidable travail de lobbying auprès de Bercy et de Bruxelles et Benoist Lombard sans qui notre modèle économique ne serait plus le même aujourd’hui.
A titre personnel, j’ai d’abord été président de la commission admission où j’ai pu observer l’évolution de nos cabinets avec davantage de salariés, de diplômés en gestion de patrimoine… Depuis six ans, je préside la commission prévention des risques et contrôle qualité où j’ai notamment participé à la rédaction et à l’actualisation du kit réglementaire de la CNCGP.
Les membres de la liste Unis pour une nouvelle :
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