Résidences de tourisme : le SNRT milite pour de nouvelles incitations financières
Depuis le 4 avril, Pascale Roque, la directrice générale de Pierre & Vacances Tourisme, est la nouvelle présidente du Syndicat national des résidences de tourisme (SNRT). Elle compte bien mener une politique volontariste pour cultiver encore plus les atouts d’un secteur bousculé par la suppression du Censi-Bouvard et des normes de construction complexes qui ralentissent les projets de développement. Interview.
Pour la première fois depuis sa création en 1982, le Syndicat national des résidences de tourisme (SNRT) sera présidé par une femme. La directrice générale de Pierre & Vacances Tourisme succède à Pierre Margeridon (Mer et Golf).
Avec le nouveau conseil d’administration et Pascale Jallet, déléguée générale du SNRT, Pascale Roque souhaite développer une communication dynamique pour soutenir les grands enjeux de la profession, mettre en avant les atouts du modèle de résidences face aux nouvelles offres, proposer des solutions normatives, fiscales, incitatives auprès des pouvoirs publics pour favoriser la réhabilitation du parc existant, sans oublier la création de nouvelles résidences.
Profession CGP : Avec le bannissement des résidences de tourisme de certains dispositifs fiscaux comme le Censi-Bouvard, comment se porte le secteur à votre prise de fonction ?
Pascale Roque : A titre informatif, dans les années 2006-2007, une centaine de résidences de tourisme étaient ouvertes chaque année. Cela représentait entre 10 000 et 12 000 appartements. Aujourd’hui, une vingtaine de résidences s’ouvrent par an, soit 2 900 appartements.
Il faut reconnaitre que le dispositif Censi-Bouvard a contribué favorablement au développement du secteur. En parallèle s’est opérée une diversification du marché de la résidence de services avec les résidences seniors et les résidences étudiantes. Aujourd’hui, le développement est certes moins dynamique, en raison notamment de la raréfaction du foncier, mais les acquéreurs actuels – souvent occupants – sont très attentifs à l’attractivité de la destination, à la qualité de l’emplacement de la résidence, à une bonne rentabilité ainsi qu’au maintien du régime fiscal LMNP. Ce sont des points positifs.
Le SNRT (76 adhérents et plus de 360 000 lits en 2019) étant force de représentation, quelles seraient vos pistes de proposition pour de nouvelles incitations fiscales ?
Pascale Roque : En 2017, un dispositif d’aide à la réhabilitation a été instauré, mais il est totalement inopérant, aucun dossier n’ayant été déposé en 2017 et en 2018. Pour le rendre plus attractif et utile, il serait souhaitable de mettre en place de réelles incitations financières à la rénovation.
Nous avons déposé plusieurs propositions en ce sens auprès des ministères concernés et prévoyons d’en élaborer de nouvelles.
Quels sont les objectifs que vous vous fixez lors de votre mandat ? Quels vont être les grands enjeux du secteur dans les prochains mois ?
Pascale Roque : Nous avons en effet de grands enjeux : la rénovation et la réhabilitation, le développement du secteur, la mise en valeur des modèles et la qualité de résidence de tourisme.
La rénovation et la réhabilitation des résidences de tourisme, en particulier les plus anciennes est un sujet important pour nos adhérents et pour notre secteur, car les attentes de notre clientèle ne cessent d’évoluer. Pour y répondre, les propriétaires engagent des travaux de réhabilitation pouvant représenter entre un et deux ans de loyer. Notre rôle en tant que syndicat, est d’accompagner les propriétaires dans leur démarche pour l’amélioration du parc.
Autre enjeu : le développement des résidences neuves. Malgré un foncier de plus en plus rare et cher, la lourdeur et la durée des démarches administratives, des normes de construction toujours plus nombreuses et exigeantes, le SNRT ambitionne que ses adhérents engagent de nouveaux projets de développement pour redynamiser le secteur et répondre à un afflux croissant de touristes internationaux.
Pour cela, il est important de rappeler les forces et les atouts du concept de la résidence de tourisme, synonyme de liberté, de facilité et de maîtrise du budget. Implantées au cœur de nos territoires, les résidences sont composées d’hébergements standardisés, sécurisés, contrôlés et classés, avec de nombreux équipements de loisirs, des services à la carte et des équipes disponibles sur site.
L’implantation d’une résidence de tourisme contribue au développement économique d’un département, d’une région et de l’Etat. Selon une étude réalisée par Atout France en 2014, chaque résidence de tourisme génère environ 3,4 millions d’euros de retombées économiques, dans un rayon de 50 km.
Tous ces atouts doivent nous permettre de mettre en valeur un modèle vertueux : pour les propriétaires, les clients touristiques et les communes.
Pouvez-vous dresser un bilan du carnet d’information préalable, des loyers variables ? Que pensez-vous du nouveau référentiel de classement pour les résidences de tourisme datant d’avril dernier ?
Pascale Roque : Le carnet d’information préalable représente, je crois, le plus bel exemple de ce qui a été fait entre le syndicat, les ministères et les fédérations de propriétaires. Depuis 2017, ce document est très apprécié par les acquéreurs immobiliers Tous les adhérents du SNRT le rappellent aux promoteurs et commercialisateurs avec lesquels ils travaillent dans un souci de transparence essentiel.
Pour les loyers variables, je pense qu’entre la création des résidences de tourisme et aujourd’hui il n’y a plus de modèle unique : les loyers peuvent être fixes ou variables (pratique validée et encadrée par le ministère des Finances). Tout comme il n’existe plus qu’un seul profil d’investisseurs. La résidence de tourisme attire à la fois des investisseurs particuliers mais également institutionnels. Aujourd’hui, ce qui leur importe est le bien, sa qualité et sa rentabilité.
Quant aux nouvelles normes de classement, le système de classification par étoiles de l’hébergement touristique est un critère de sélection pour la clientèle française et internationale. L’offre y est plus visible. Pour l’exploitant, le classement permet de faire une évaluation commerciale de son établissement. Le dernier classement mis en place en 2010 avait d’ailleurs suscité un effet d’entraînement positif pour la profession. On note que les résidences de tourisme ont été de bons élèves puisqu’aujourd’hui 64 % du parc est classé, contre 50 % avant 2010. Au sein du SNRT ce sont même 80 % des résidences qui sont classées, soit 85 % des lits !
L’arrêté du 10 avril fixe de nouvelles normes de classement, plus qualitatives, plus strictes sur tous les critères de propreté et d’état général des hébergements. Pour être classé résidence de tourisme le nombre minimum de lits est passé de 100 à 50 lits. 168 résidences ont entre 50 et 99 lits. Cela représente 7,7 %, des 2 190 résidences.
La qualité des hébergements doit évoluer en fonction des demandes des voyageurs et des pratiques internationales. Ce référentiel est indispensable. Il permet aux exploitants de valoriser les investissements qu’ils réalisent pour renforcer l’attractivité de leur offre.
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