Le point sur l’actualité de la CNCGP avec son président, Benoist Lombard
Benoist Lombard, président de la CNCGP (Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine), revient sur les dernières actualités de l’association et fait le point sur l’organisation du prochain sommet BFM Patrimoine.
Profession CGP : L’une des actualités de votre association est la mise en place de votre plan de formation…
Benoist Lombard : C’est un de nos actuels chantiers. L’activité de conseil en gestion de patrimoine (CGP) est « multi-régulée », c’est la raison pour laquelle nos adhérents sont soumis à une obligation de formation de 43 heures chaque année, soit 7 heures dans le cadre du conseil en investissement financier (CIF), 7 heures au titre du statut d’IOBSP, 14 heures pour l’intermédiation en immobilier, mais aussi, à partir du 23 février prochain, 15 heures dans le cadre de la distribution d’assurance.
Pour atténuer la charge qu’une telle obligation représente pour nos adhérents, nous avons élaboré un socle commun de formations qui réunit, entre autres, les pratiques à suivre en matière de lutte anti-blanchiment ou encore les procédures concernant la mesure de l’appétence au risque du client. Ce tronc commun a été élaboré sur la base, notamment, de l’arrêté sur la formation continue publié au Journal officiel le 29 septembre dernier. Concrètement, pour nos adhérents, le volume est ramené à 28 heures par an, soit seulement trois heures de plus que ce que nous imposions auparavant.
Ces formations sont réalisées par des prestataires extérieurs, sélectionnés par appel d’offres, avec lesquels aucun membre du conseil d’administration de la Chambre n’entretient de lien capitalistique. Nous avons retenu des organismes opérant en présentiel et en e-learning, comme JurisCampus, ainsi que quatre conseils en conformité, à savoir Agama, Marker, 2AM et Capi Conseil.
Je rappelle également que l’AMF impose que nos adhérents soient tous certifiés d’ici 2020 et que le programme de formations par module mis en place sur 2018, 2019 et 2020 leur offre, à terme, la certification AMF.
Vous avez également finalisé la mise en place de votre CRM.
B. L. : L’objectif est double. Il s’agit d’avoir un outil technologique nous permettant d’assurer une continuité entre les membres élus successifs de l’association. En effet, ce CRM est la mémoire des travaux de la Chambre. Par exemple, il regroupe l’ensemble des comptes-rendus de rencontres avec les autorités publiques et des échanges tenus entre les élus lors des réunions officielles de type conseil d’administration.
Il est aussi question d’assurer le suivi des quotas d’heures de formation de chacun des adhérents.
Nous avons également développé sous format API avec Quantalys un module de connaissance et d’appétence au risque de nos clients. L’objectif est d’offrir à tous les CGP, y compris les cabinets aux volumes d’affaires limités, des outils technologiques que la législation requiert. Ce qui revient en quelque sorte à réduire la fracture numérique.
Qu’en est-il des effectifs de la Chambre ?
B. L. : Nos efforts n’ont pas été vains. En six ans, le nombre d’adhérents a augmenté de 35 %, soit à ce jour près de 2 500 membres CIF, alors que, dans le même temps, la population s’est réduite. Nous sommes honorés de ce résultat !
Qui sont ces nouveaux membres ?
B. L. : On peut identifier trois catégories de professionnels. Il s’agit, pour une part, de banquiers, notaires, avocats ou experts-comptables qui basculent vers le métier de CGP ou qui viennent étoffer les équipes de cabinets membres. Nous accueillons également des adhérents d’autres associations déçus des services d’accompagnement qui leur sont offerts. Enfin, la troisième catégorie est constituée de gérants et de collaborateurs de cabinets adhérents à d’autres associations qui ont été acquis par nos membres. Quinze à vingt gros cabinets de la CNCGP sont ici concernés par ces opérations de croissance externe.
Quel regard portez-vous sur le projet de création d’associations de courtiers ?
B. L. : C’est une ambition affichée par le Trésor. La Chambre, qui représente des courtiers vie, a toute sa place dans ce dispositif et dispose des moyens nécessaires pour accomplir cette mission. En revanche, nous demeurons vigilants quant à la mise en œuvre d’un projet d’ampleur de ce type. Par exemple, dans la mesure où il reviendra à l’ACPR de procéder aux contrôles des courtiers, nous demanderons à ce que les procédures de contrôle soient parfaitement balisées. Il faut que cette autorité soit attentive à nos sollicitations.
Dans tous les cas, nous veillerons à ne pas dénaturer notre ADN d’association syndicale de défense des intérêts des conseils en gestion de patrimoine.
Il semble que de nombreux CGP quittent ou pensent quitter le statut de conseiller en investissements financiers. Est-ce le cas dans vos rangs ?
B. L. : Aucun de nos membres n’a initié cette démarche. Cela n’a aucun sens selon nous. Un CGP qui ne ferait pas de conseil en investissement financier exclurait de son champ d’investigation un bon nombre de solutions à proposer à son client (compte-titres, PEA, capital-investissement, SCPI et OPCI en direct), alors même que celui-ci recherche un professionnel opérant sur l’intégralité du patrimoine et proposant des solutions d’investissement différenciantes. Cela est d’autant plus dommageable que la Flat Tax a rendu plus attractive la fiscalité du compte-titre.
Autre réflexion, pourquoi quitter ce statut dont les exigences sont quasi-identiques à celles qui sont posées depuis le 1er octobre 2019 par la directive sur la distribution d’assurance (DDA) ? S’affranchir du statut de CIF est un mauvais conseil donné aux CGP qui voudraient s’établir.
Autre élément sur le statut de CIF. J’entends dire que le dispositif français d’autorégulation pourrait être remis en cause. Il n’en est rien ! Il s’agit d’une extension de transposition de la directive MIF I et qui n’a aucune raison d’être revisitée.
Dans moins de deux mois, le 6 décembre prochain, se tient le sommet BFM Patrimoine au CESE, à Paris. Le succès sera-t-il au rendez-vous ?
B. L. : Ce nouvel événement est dédié à l’ensemble des conseils en gestion de patrimoine et pas uniquement aux adhérents de la Chambre. Car nous avons vocation à fédérer l’écosystème de la gestion privée autour d’un projet novateur créé à son attention. C’est la raison pour laquelle la CNCGP a souhaité les réunir à Paris en partenariat avec un groupe médiatique de premier plan, tel que BFM. Le programme est en cours de finalisation, et nous pourrons compter sur la présence de personnalités politiques et de la haute administration, tant française qu’européenne.
Outre les conseils en gestion de patrimoine, de nombreux avocats, banquiers privés ou encore notaires viendront assister à l’événement. De leur côté, les partenaires, par exemple des sociétés de gestion, des assureurs ou des promoteurs de SCPI viendront exposer leurs offres de produits et de services aux visiteurs du salon.
Ce sommet, co-organisé par la CNCGP et BFM Business, ne se déroule pas que sur cette seule journée, mais aussi en amont et en aval avec des interventions quotidiennes des partenaires dans les émissions Intégrale Bourse et Intégrale Placement.
Comment appréhendez-vous les élections qui se profilent en mars prochain à la CNCGP ?
B. L. : Je ne tolèrerai pas que l’orientation donnée à la CNCGP depuis six ans soit dénaturée. Je soutiendrai donc une liste amenée par un leader qui poursuivra les efforts entrepris depuis 2013. La profession peut compter sur moi pour que l’ADN de notre syndicat soit préservé.
Un dernier mot sur le recrutement de Nicolas Ducros en tant que délégué général ?
B. L. : Je suis ravi de son arrivée. Il apporte du sang neuf et du dynamisme à notre équipe, ainsi que sa connaissance du marché de la gestion privée. Nicolas sera un plus pour faciliter la période de transition à venir avec la prochaine équipe dirigeante.
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