L’actualité de la CNCIF avec son président, Stéphane Fantuz
Stéphane Fantuz, le président de la CNCIF (Chambre nationale des conseillers en investissements financiers) fait le point sur le développement de l’association, les nouveaux services développés et propose son regard sur les enjeux de la profession.
Profession CGP : Comment se porte la CNCEF et ses associations sœurs ?
Stéphane Fantuz : La CNCEF se porte bien, avec 1 710 structures adhérentes pour environ 2 500 conseils personnes physiques, dont l’activité couvre le très large spectre de l’expertise financière. Récemment, l’ACIFTE devenue AFiTE, s’est rapprochée de nous. Cette association de conseils en haut de bilan était l’émanation des associations de conseillers en investissements financiers de la SFAF et de la CCEF. Dans le cadre de ce rapprochement, nous avons proposé à nos membres, conseils en haut de bilan, de la rejoindre, tandis que les membres CIF de l’ACIFTE, conseils aux institutionnels, ont intégré la CNCIF qui compte maintenant 905 structures membres contre 784 fin 2017.
Désormais, sous l’influence de la réglementation, la CNCEF s’est organisée par métier avec une association propre à chacun d’eux : la CNCIF pour le CIF, la CNCIOB pour l’IOBSP, la CNCEIP pour l’immobilier, l’AFiTE pour le conseil en haut de bilan. Prochainement, nous lancerons une association dédiée au courtage en assurances, dans le cadre de la co-régulation souhaitée par Bercy pour les courtiers en assurance.
Quels sont vos souhaits vis-à-vis de cette co-régulation avec l’ACPR ?
S. F. : Nous allons, seconde quinzaine de novembre, participer aux réunions de travail lancées par Bercy. Dans ce cadre, nous allons présenter notre dossier d’agrément afin de pouvoir être opérationnels au 1er janvier 2020, date à laquelle tous les courtiers devront avoir adhéré à une association agréée. Nous saluons cette initiative qui avait déjà été évoquée lors du rapport Delétré de juillet 2009. Les trois composantes essentielles seront ainsi réunies pour que l’activité soit bien encadrée : l’ACPR en qualité d’Autorité de tutelle, l’ORIAS pour l’admission et la tenue du Registre et les associations professionnelles qui seront la courroie de transmission entre l’Autorité, l’Orias et les professionnels. En effet, DDA, tout comme MIF II, reste un texte exigeant et complexe à appréhender par les professionnels. Ces associations auront un rôle essentiel à tenir en termes de formation et d’information, mais également en matière de validation des candidatures, de remontée d’informations vers l’autorité de tutelle et enfin de contrôle avec les sanctions qui peuvent en découler. Nous ne pouvons que saluer cette initiative de Bercy. La mise en place d’un tel dispositif reposant sur ces trois piliers devrait être très positive pour le développement de la profession.
Comment accompagnez-vous vos membres dans la mise en place de la réglementation et de leurs obligations de formation ?
S. F. : La mise en œuvre des réglementations chez nos adhérents ne se fait pas d’elle-même. C’est la raison pour laquelle, nous avons imaginé une diffusion de cette information en trois étapes :
- la mise en place de kits réglementaires avec un parcours client à suivre par le CGP quel que soit le domaine de préconisation (financier, assurance, immobilier) ;
- des formations via des webinaires sur la réglementation, mais aussi pour l’utilisation des kits métier ;
- des réunions sur le terrain portant sur la réglementation mais également sur la compétence métier.
Nous allons engager ces réunions dans toute la France, à compter du 8 novembre, avec un point d’orgue lors de nos prochaines assises. Ces sessions seront coanimées par Pierre-Yves Lagarde et Bruno Confavreux, tous deux membres du bureau de la CNCIF.
S’agissant du quota d’heures de formation continue, comme chez nos confrères, un certain nombre d’heures de formation sont comptabilisées sous différents statuts, ce qui permet à tout CGP de remplir plus aisément son obligation de formation de 43 heures en 22 heures de temps passé et de libérer ainsi du temps pour de la formation métier, outils, produits…
Toujours sur la formation, nous sommes actuellement mobilisés sur la réforme des OPCA devenant OPCO (opérateurs de compétences). En effet d’ici la fin de l’année, les cartes des OPCA vont être rebattues et chaque profession devra étudier l’OPCO auquel elle pourrait être rattachée. Actuellement en ce qui concerne notre activité, nous pourrions être rattachés soit à l’OPCO 6, celui de la banque et de l’assurance, soit à l’OPCO 10, celui des métiers de proximité et de l’artisanat. Ce choix sera important pour nos cabinets, car il déterminera certainement la branche professionnelle de rattachement et, par voie de conséquence, tout ce qui relèvera de la négociation collective et donc de la convention collective pour nos salariés !
Vous proposez également une solution logicielle…
S. F. : Tout à fait. « Simple CRM » est un outil complémentaire pour accompagner nos membres dans l’organisation de leur cabinet. Cet outil intègre nos kits réglementaires et métier et peut être lié à la base de données clients du CGP. Mais nous allons plus loin dans notre aide aux membres. Nous réalisons actuellement un important travail pour identifier, comparer et benchmarker les différents prestataires – FinTechs, RegTechs et LegalTechs – qui proposent des outils aux professionnels, pour permettre une totale conformité aux exigences MIF et DDA. Il s’agit en effet de permettre à nos membres de disposer d’un comparatif de l’ensemble des solutions qui liste leurs fonctionnalités, qu'elles soient proposées directement ou indirectement, et ce dans tous les domaines : compliance, simulations patrimoniales, bilans patrimoniaux, GED, CRM, agrégation, allocation d’actifs… Nous considérons que sans ces outils, un professionnel ne peut pas travailler. Nous entrons dans une phase de mutation, qui nécessite de revoir l’organisation de la plupart des cabinets, d’automatiser un maximum de tâches, de numériser l’activité du CGP afin qu’il puisse aller à la rencontre de ses clients et prospects et concentrer son temps sur son activité de conseil. Cette étude va donc permettre à nos membres de s’y retrouver et d’orienter leurs investissements en outils.
Cette mutation aura également des répercutions sur la segmentation de la clientèle et sur les nombreuses opérations de cession ou de rapprochement à venir.
C’est-à-dire ?
S. F. : Pour absorber toujours plus d’investissements, les cabinets doivent disposer d’une taille critique de plus en plus importante. Se rapprocher pour atteindre cette taille critique est donc inévitable. C’est d’ailleurs l’une de nos recommandations actuelles. Bon nombre constate d’ailleurs que de plus en plus de professionnels cherchent à faire l’acquisition de structures pour faire grossir leurs encours. C’est l’une des solutions parmi d’autres. Cette mutation va prendre entre deux et cinq ans car tous les professionnels n’ont pas encore pleinement conscience de toutes les évolutions qui sont en marche et de leur impact sur leur propre cabinet.
L’une des autres évolutions à venir sera la segmentation de la clientèle en relation avec la transparence des rémunérations. Avec elle, le client connaitra le coût de son CGP mais la réciproque est également vraie. Chaque CGP saura dorénavant ce que lui rapporte chaque client.
Il semble que certains CGP souhaitent quitter le statut de CIF. Est-ce le cas au sein de la CNCIF ?
S. F. : C’est extrêmement marginal. Je ne comprends pas cette démarche car le niveau d’exigence de MIF 2 est quasiment similaire à celui de DDA. Et dans l’avenir ce sera encore plus vrai, cette harmonisation a vocation à être de plus en plus totale. Nous notons par ailleurs le phénomène inverse également. Certains CGP qui avaient quitté le statut de CIF reviennent vers nous pour l’obtenir de nouveau ! Il me semble que le CGP qui veut pouvoir conseiller pleinement et objectivement son client doit pouvoir disposer de l’ensemble des statuts, pour pouvoir le conseiller sur l’ensemble des classes d’actifs !
Un mot sur vos prochaines assises qui se tiendront en avril prochain ?
S. F. : Les Assises de la gestion de patrimoine et du conseil aux entreprises se tiendront le 3 avril prochain. Elles seront l’aboutissement de ce travail de formation et d’information que nous réaliserons ces prochaines semaines en région, avec toujours une dimension métier et une dimension réglementaire afin de proposer du contenu opérationnel à nos membres. Le thème central sera défini d’ici la fin de l’année.
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