« On ne s’improvise pas CGP, on le devient ! »
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André-Paul Bahuon, président de la Compagnie des conseils experts financiers (CCEF) et expert-comptable, nous présente sa position quant au développement de l’activité de CGP chez les experts-comptables, ainsi que les futures actions menées par son association professionnelle pour favoriser les échanges entre les professions du chiffre et du droit.
Profession CGP : Quel regard portez-vous sur le développement des activités de conseil patrimonial par les cabinets d’expertise comptable ?
André-Paul Bahuon : On ne s’improvise pas CGP, on le devient en établissant une véritable spécialisation et en se donnant les moyens pour y parvenir. Je défends cette position depuis longtemps. Par nature, les experts-comptables se prévalent d’un bon cursus, notamment fiscal. Mais l’orientation vers la gestion de patrimoine n’est pas naturelle et ne peut être qu’accessoire. Il convient donc d’accéder à un diplôme spécialisé de haut niveau pour aborder la clientèle sur ce plan ou proposer cette offre via un professionnel dédié. A défaut, le professionnel fait fausse route.
Les experts-comptables ne doivent pas non plus oublier que le modèle économique des CGP repose plus sur l’intermédiation de produits, que sur la facturation de conseil. Même si sous la pression de la réglementation européenne au nom de la protection du consommateur ce schéma évolue, notamment vers plus de transparence et la distinction entre le courtage et le conseil, on ne peut pas rêver que cette activité devienne pour les experts-comptables un substitut de rémunération face à l’érosion des marges qui touche la profession sur la tenue comptable. De plus, on constate que l’impact des activités de conseil dans le chiffre d’affaires est encore ténu, souvent inférieur à 10 %. Le dur du métier reste l’expertise-comptable, l’audit, le commissariat aux comptes, le social et le secrétariat juridique accessoire. Il y a déjà beaucoup à faire au sein de la profession avant de regarder ce qu’il se passe chez son voisin.
L’activité de CGP est un métier à part entière organisé autour de différentes associations professionnelles. Il va de même pour d’autres activités parallèles à notre profession, comme celle d’évaluateur d’entreprise.
PCGP : La CCEF milite depuis toujours pour favoriser les liens interprofessionnels entre les métiers du chiffre et du droit. Comptez-vous intégrer davantage les professionnels du patrimoine dans vos actions ?
A.-P. B. : Tout à fait. Les CIF-CGP ne représentent que 15 % de nos membres. L’interprofessionnalité est devenue incontournable pour chacune de nos professions.
Nous venons d’engager une réflexion en profondeur sur l’actualisation de la charte de l’interprofessionnalité signée en 2006-2007 par les instances représentatives des notaires, avocats et experts-comptables. Nous cherchons à intégrer les conseillers en gestion de patrimoine, mais pas seulement. Il s’agit également d’établir un cadre précis au secret professionnel partagé. En effet, selon les textes, la déontologie ou les usages, chacune de ses professions est soumise au secret professionnel. Or, sans le truchement de leur client, ils ne peuvent interagir sous peine de voir leur responsabilité engagée par un tiers. Nous appelons les pouvoirs publics à s’emparer de ce sujet. En effet, nous regrettons d’ailleurs que si la loi Macron favorise l’interprofessionnalité, à aucun moment elle n’a abordé ce sujet pratique que nos membres vivent quotidiennement.
PCGP : Quel regard portez-vous sur la possibilité d’associations capitalistiques ouvertes à ces professions par la loi Macron ?
A.-P. B. : La création de groupes pluridisciplinaires est valable, notamment dans les structures anglo-saxonnes. En revanche, il convient de voir si cela va prendre et de voir si cela est possible dans la pratique. En général, le marché apprécie les spécialisations, mais les choses évoluent aujourd’hui très vite.
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