Michel Dinet lance Sapienta Gestion
Sapienta Gestion, tel est le nom de cette nouvelle société de gestion lyonnaise créée par Michel Dinet (ex-Richelieu Gestion) en compagnie de Cyrille Pichot de Cayeux et différents CGP locaux. Sa vocation : être au service des conseils en gestion de patrimoine et de leurs clients, notamment en faisant preuve de pédagogie et de proximité. Explications.
Profession CGP : Pourquoi avoir lancé une nouvelle société de gestion ?
Michel Dinet : De mes expériences passées, j’ai constaté que les CGP et family offices, notamment en province, exprimaient régulièrement le décalage qu’il existe entre le discours descendant des asset managers et les besoins de leurs clients. En effet, les sociétés de gestion s’adressent le plus souvent à des investisseurs institutionnels en premier lieu, ce qui les conduit à avoir des discours autour d’un style de gestion, des spécificités d’une classe d’actifs… Or, ce discours ne parle pas au client final.
Parallèlement, les CGP font également face à des clients qui s’éloignent des marchés financiers, parfois au profit d’autres typologies d’investissement plus à risque, comme le Private Equity ou les cryptomonnaies. Il convient alors au professionnel d’apporter une réponse adaptée au client selon profil de risque et toujours avec pédagogie. Ceci dans un contexte où, avec la baisse des taux, les CGP sont à un virage : les fonds en euro ne comblent même pas l’inflation, les marchés obligataires ne sont pas très prometteurs et mêmes les produits alternatifs – High Yield et produits structurés – ne sont plus très rémunérateurs.
Dès lors, nous avons décidé, avec quelques cabinets de CGP et family offices, de reprendre la gestion du fonds APC Global Opportunités que nous avons renommé Sapienta Global Opportunités ; une offre en multigestion, lisible, transparente et de proximité en nous implantant en région, à Lyon.
Nous proposons deux autres services : la gestion sous mandat de PEA et la gestion fiduciaire. Dans cette aventure, je suis accompagné par Cyrille Pichot de Cayeux, associé et directeur de la gestion (ex-associé-fondateur d’Altimeo), et Sabrina de Rose, notre responsable conformité.
La multigestion a été très décriée, notamment pour ses frais élevés…
C’est vrai, la multigestion est passée de mode pour des raisons de coût, par l’empilement de frais de gestion et le recours, souvent abusif, à des fonds maison. Or, chez Sapienta Gestion, nous nous écartons de ces inconvénients en ayant recours, lorsque cela est opportun, aux outils de la finance moderne que sont les ETF, dont les frais bas permettent d’amortir le coût de gestion. La panoplie des ETF est très large avec des solutions indicielles, sectorielles, de style, géographiques ou encore thématiques. Pour autant, notre fonds n’est pas uniquement géré avec des ETF, mais aussi avec des fonds actifs ; l’objectif étant de choisir le véhicule le mieux adapté. Par exemple, pour s’exposer sur un indice large, souvent très difficile à surperformer, nous privilégierons un ETF. A l’inverse, pour miser sur les petites et moyennes capitalisations, mieux vaut recourir à un gérant de talent.
Par ailleurs, la multigestion offre d’autres avantages : elle évite au CGP de réaliser des arbitrages, ce qui est intéressant d’un point de vue réglementaire, mais aussi en termes de réactivité.
Pouvez-vous nous présenter votre fonds Sapienta Global Opportunités ?
Nous en avons repris la gestion depuis le 15 décembre dernier. Il était, jusqu’ici, géré par Rothschild & Cie Gestion. Il s’agit d’un fonds diversifié qui avait été créé à l’initiative d’un CGP, et autour duquel nous avons agrégé d’autres cabinets pour porter ses encours à 65 millions d’euros aujourd’hui.
Nous avons décidé d’en simplifier le message et la lisibilité, tout d’abord en ne lui fixant pas un benchmark composé de différents indices. Désormais, son objectif est de délivrer un rendement égal à Eonia + 4 points, le tout sans commissions de surperformance, car celles-ci suscitent un biais comportemental chez le gérant et la société de gestion qui vient accroître le risque. J’ajoute que nous ne prenons également pas de commissions de mouvement.
Quant à la stratégie, il s’agit un fonds « carte blanche », avec une volatilité cible légèrement supérieure à 5 % (SRRI 4). Son exposition aux actions sera limitée à 30/40 %. Plus précisément, il s’agit d’une exposition au risque actions, ce qui implique que nous y intégrons aussi le risque actions des obligations convertibles et la corrélation du High Yield au marché actions (autour de 30 %). L’autre grand tiers du portefeuille est aujourd’hui composé de fonds market neutral (y compris des ETF, notamment chez Lyxor). Nous estimons qu’il existe de belles opportunités sur ces stratégies peu représentées dans les contrats d’assurance-vie. En effet, alors que le marché a été jusqu’ici très directionnel, nous observons des dispersions de performance entre les classes d’actifs, mais également au sein des classes d’actifs. Enfin, le dernier tiers du portefeuille est constitué de produits de taux, actuellement des pays émergents, des FCP flexibles notamment en matière de sensibilité, ainsi que des solutions de court terme pour piloter le risque du fonds et être en capacité de saisir des opportunités d’investissement rapidement.
Le fonds sera construit autour de quarante à cinquante lignes pour être bien diversifié, indépendant vis-à-vis des sociétés de gestion, mais aussi pour des questions de liquidité. Grâce à l’appui de nos partenaires, Il est bien référencé, notamment sur des contrats à PBD comme Octuor ou Octavie puisqu’il dispose d’une part de distribution.
D’autres création de fonds sont-elles prévues prochainement ?
Non, ce n’est pas notre objectif à court terme.
Un mot sur votre activité de gestion sous mandat de PEA ?
Cette enveloppe, aussi bien assurantielle que bancaire, est aujourd’hui une grande oubliée pour des questions de rentabilité. En effet, ses frais de garde et de courtage ont été plafonnés par la loi Pacte. Or, le PEA offre une exonération des plus-values au bout de cinq années et une exonération de la rente viagère à la sortie ! Le PEA est aussi très attractif pour y loger des titres d’investisseurs minoritaires lors de créations d’entreprise.
Côté gestion, nous proposons une gestion totalement personnalisée selon le profil du client, laquelle intègre largement les ETF qui permettent de s’exposer à l’international. Bien sûr, cette gestion peut également être déclinée au sein de comptes-titres, fonds internes dédiés…
Que proposez-vous en matière de fiducie ?
Il s’agit d’un sujet peu travaillé en France, or cet outil a beaucoup d’avenir pour anticiper les problématiques d’incapacité des clients, de transmission d’entreprise… Ici nous assurons l’ensemble de la gestion administrative, comptable et financière en lien avec des partenaires avocats.
Quels sont vos objectifs ?
A la fin de l’année, nous devrions atteindre les 100 millions d’euros d’encours et, d’ici 2023, nous comptons atteindre les 200 millions d’euros d’actifs sous gestion. Pour cela, nous nous appuyons sur nos partenaires CGP et family offices qui représentent aujourd’hui 1,6 milliard d’euros d’encours et une collecte annuelle de 200 millions d’euros.
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