Matthieu Duncan (Ostrum AM) : « Des compétences établies sur le long terme à offrir au marché des CGP »
Directeur général d’Ostrum Asset Management (ex-Natixis AM) depuis plus de deux ans, Matthieu Duncan, nous expose les ambitions de sa société sur le segment des CGP.
Profession CGP : Ostrum AM se positionne désormais sur le marché des CGP. Pourquoi ?
Matthieu Duncan : Nous sommes une des plus grandes sociétés de gestion mondiales (315 milliards d’euros d’encours à fin juin 2018) et nous avons des compétences établies sur le long terme à offrir à ce marché, tant sur les marchés obligataires au niveau mondial et sur toutes les sous-catégories obligataires que sur les actions – en particuliers sur les Small et Mid-Caps, certaines thématiques et les actions émergentes. Notre mission est d’apporter une valeur ajoutée significative à nos clients. C’est notre raison d’être. Nous souhaitons proposer des solutions de gestion pertinentes à une clientèle élargie, notamment aux conseillers en gestion de patrimoine. Nous comptons pour cela nous appuyer sur la puissance de notre plate-forme de distribution Natixis Investment Managers, représentée à travers sa force de vente, comme les autres affiliés du groupe.
Pas seulement en France, mais partout dans le monde, il existe un besoin fondamental d’épargne pour chaque individu. Il s’agit de répondre au grand challenge des retraites. En tant que distributeurs, les CGP ont un rôle important à jouer, et Ostrum AM, en tant que société de gestion, peut apporter des solutions d’investissement pertinentes.
Quels fonds avez-vous sélectionnés pour aborder le marché des CGP ?
M. D. : Nous avons choisi deux fonds : l’un sur les petites et moyennes valeurs européennes,Ostrum Actions Small et Mid Cap Euro, l’autre sur la thématique de l’alimentation et de la consommation, AAA Actions Agro Alimentaire.
Ostrum Actions Small et Mid Cap Euro (FR0010666560) est un fonds éligible au PEA, cogéré par Thierry Cuypers, responsable gestion small et mid-cap Europe spécialisé sur les valeurs de l’Europe du Nord, et Daniel Dourmap sur celles de l’Europe du Sud. Les gérants sélectionnent des petites valeurs de croissance et de qualité dans l’univers MSCI Emu Small cap DNR. Le choix des valeurs prime, mais ils respectent une diversification sectorielle et de pays (autour de 80-100 lignes en portefeuille ces derniers temps). En effet, contrairement à d’autres fonds souvent très concentrés, leurs positions sont mesurées, même si une forte conviction peut atteindre jusqu’à 2 % du portefeuille. Son univers d’investissement se compose d’environ 500 titres, entre 300 millions d’euros et 6 milliards d’euros de capitalisation, avec une capitalisation moyenne à 3 milliards d’euros. La sélection des titres repose, à la fois, sur la capacité à générer des free cash-flows, la création de valeur et les perspectives de croissance, le tout apprécié sur une période de trois ans. Des rencontres avec les équipes de direction permettent également d’évaluer leurs business models.
De son côté, AAA Actions Agro Alimentaire (FR0010058529) est un fonds actions sur la thématique de la consommation et de l’alimentation (industrie et distribution alimentaire, restauration, hôtellerie-loisir, biens de consommation pour la personne et la maison) qui a fêté son 33e anniversaire en juin dernier. Sa gérante depuis 23 ans, Françoise Lafitte, s’appuie sur une thématique pérenne et un process de gestion solide qui a prouvé sa robustesse dans le temps. Le portefeuille est constitué de titres peu corrélés au marché ce qui lui confère une bonne résistance dans les phases de baisse. AAA répond à la demande d’investisseurs souhaitant prendre un risque actions de manière assez défensive avec une volatilité en moyenne 20 % inférieure à celle du MSCI Europe sur les dix dernières années. Ce fonds de pur stock-picking est concentré autour d’une cinquantaine de lignes, à minima 75% de valeurs en Union européenne car ce fonds est éligible au PEA, mais l’implantation géographique des groupes sélectionnés dans le fonds est très internationale avec un biais émergent certain. Il est investi dans toutes les tailles de capitalisation, même si celles inférieures à 1 milliard d’euros sont rares. L’équipe de gestion sélectionne les titres en fonction de leur avantage concurrentiel, leur capacité à générer du cash, la solidité de leur bilan ou encore la qualité du management. Il s’agit généralement de groupes que nous jugeons leaders sur leurs marchés, agiles et réactifs. Ils disposent d’un management de qualité et leur production est peu sensible aux cycles économiques. Trois grands thèmes d’investissement soutiennent actuellement le fonds : la consommation des classes moyennes dans les pays émergents, les nouvelles tendances alimentaires, et la révolution digitale qui chamboule les acteurs du secteur.
D’autres produits devraient prochainement élargir notre offre, notamment une solution diversifiée dont nous serons un des cogérants.
Quelles autres expertises pourriez-vous proposer aux CGP ?
M. D. : Nous pensons que les obligations convertibles sont une solution adaptée au contexte actuel. Après une période de bull market comme nous venons de vivre, ce type de solution permet de se positionner sur les marchés actions sans en supporter tous les risques. Nous disposons d’un savoir-faire établi sur cette classe d’actifs avec des solutions sur la zone euro, sur l’Europe, mais aussi au niveau mondial.
Nous considérons également que les actions des pays émergents, un marché chahuté actuellement, restent une classe d’actifs attractive sur le long terme.
Quels sont vos objectifs ?
M. D. : En gestion d’actifs, les cycles sont longs, mais notre ambition est forte. D’ici cinq ans, nous souhaitons devenir un acteur incontournable sur le marché des CGP et que nos compétences soient reconnues sur de multiples classes d’actifs. Cela nécessite une meilleure connaissance de notre marque, de nos expertises et d’être présent sur le terrain d’où notre présence au salon Patrimonia, aux côtés de Natixis Investment Managers.
Un mot sur le débat entre gestion active et gestion passive ?
M. D. : Ostrum AM propose une gestion active et fondamentale, pleinement inscrite dans l’approche Active Thinking de Natixis Investment Managers. Le groupe Natixis a fait le choix de la gestion active et le modèle multi-affiliés de Natixis Investment Managers est à haute valeur ajoutée. Il apporte à nos clients de multiples stratégies complémentaires provenant des 28 affiliés du groupe.
Et sur votre politique en matière d’intégration des critères ESG ?
M. D. : Ostrum AM est une société responsable et engagée, c’est dans l’ADN de la société. Nous sommes signataire des PRI des Nations unies depuis dix ans, et nos scores sont excellents. Les critères ESG font partie intégrante de notre analyse, et nous gérons 49 milliards d’encours en ISR à ce jour ,ainsi que 2 milliards d’euros en green bonds en partie dans les fonds ISR.
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