Rebond des créations de sociétés de gestion
Après un repli inédit en 2015, l’année 2016 marque un retour à une légère croissance avec, en fin d’année, un stock de 630 sociétés de gestion agréées en France
Selon la dernière étude de l’AMF « Chiffres clés 2016 de la gestion d’actifs - Le panorama des sociétés de gestion », la dynamique de création des sociétés de gestion en 2016 se poursuit, entraînant un rebond du nombre total de sociétés en fin d’année.
Au 31 décembre 2016, le nombre de sociétés de gestion de portefeuille agréées en France s’établit à 630, contre 627 à fin 2015. En légère progression, ce solde net s’explique par le flux toujours fort de créations (35). Les 32 retraits d’agrément décidés cette année (à l’initiative des acteurs ou de l’AMF) illustrent pour leur part, peut-être pour la première fois de manière aussi franche, un vrai mouvement de consolidation de l’industrie.
Les créations de structures
La part des projets entrepreneuriaux demeure encore une fois prépondérante dans la population des nouveaux acteurs agréés (60%). De façon analogue aux exercices précédents, la dynamique de création de sociétés est largement portée sur les classes d’actifs réels qui représentent, à elles seules, la très grande majorité des agréments initiaux délivrés (dont 48,5% pour le capital investissement, 34% pour l’immobilier et un peu moins de 6% pour la titrisation). Le solde est constitué essentiellement d’acteurs développant une gestion classique sur des classes d’actifs traditionnelles (8,5%).
Les retraits d’agrément
Les effets post-crise encore très visibles en 2015 (55 % d’arrêts purs et simples de l’activité de gestion) sont cette année largement minoritaires, laissant la place pour une grande majorité (près de 60%) à des rapprochements entre sociétés de gestion et à des restructurations intragroupe.
Le mouvement global de rattachement aux directives sectorielles AIFM et Ucits accentué par la séparation EI/SGP
A compter du 3 janvier 2018, les sociétés de gestion de portefeuille ne seront plus définies en droit français comme des entreprises d’investissement. Dès lors, seront considérées comme sociétés de gestion, les entités qui exerceront au moins une activité de gestion collective, relevant des directives OPCVM ou AIFM ou d’un régime national, qu’elles fournissent ou non des services d’investissement. Cette évolution a pour objectif de permettre une plus grande cohérence vis-à-vis des différents modèles d’organisation au niveau européen et de limiter toute situation de surtransposition liée à l’application des dispositions de la directive MIF II à l’ensemble des SGP en leur qualité d’entreprise d’investissement. Cette réforme va conduire les acteurs à se positionner encore un peu plus sous les régimes sectoriels AIFM ou Ucits, afin de continuer en particulier à exercer l’activité de gestion sous mandat au titre des deux directives précitées.
Au 31 décembre 2016, plus de 60 sociétés étaient concernées par cette séparation. De ce fait, elles ont donc dû notifier à l’AMF la stratégie envisagée pour la mise en conformité de leur organisation, d’ici à l’entrée en vigueur de la directive MIF II. 70 % d’entre elles ont alors déclaré vouloir opter pour la directive AIFM et/ou se placer sous la directive OPCVM. 17 % ont opté pour le retrait de leur agrément en gestion sous mandat. Les autres sociétés ont, quant à elles, décidé l’arrêt pur et simple de leur activité, la fusion au sein de leur groupe d’appartenance ou encore le passage sous le statut d’entreprise d’investissement.
Ainsi, sur la base de la population existante à fin juin 2017 et considérant les souhaits enregistrés par les sociétés impactées par les changements règlementaires à venir, la population des sociétés de gestion pourrait se décliner ainsi : 80 % des sociétés agréées pour la gestion de FIA, dont 41 % exclusivement au titre de la directive AIFM intégrale et 46 % pour la gestion d’OPCVM, dont 21 % à titre exclusif. Notons que cette répartition est cohérente avec la prépondérance des sociétés de gestion de capital investissement dans la population globale.
Une différentiation des acteurs en fonction des instruments utilisés
La panoplie des instruments financiers utilisés par les sociétés de gestion de portefeuille, au regard des programmes d’activités, donne une vision relativement fine des tendances de la gestion d’actifs en France.
Si la plupart des sociétés disposent des autorisations nécessaires à l’utilisation d’instruments financiers dits traditionnels (actions cotées, obligations listées, OPC européens et/ou retail, contrats financiers simples), la proportion de SGP disposant d’un agrément leur permettant d’intervenir sur les actifs dits réels (immobilier, capital investissement, dette non cotée, etc.) est en constante progression depuis plusieurs années.
Ainsi, alors que le recours aux actifs non cotés traduit notamment la prédominance des sociétés de gestion de capital investissement dans la population totale des SGP, les plus fortes évolutions depuis 2010 sont relatives à la sélection de créances, la sélection de FIA professionnels ou de pays tiers, ainsi qu’aux actifs immobiliers.
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