Jean-François Baralon (Dorval AM) : « Beaucoup de confiance pour la suite »
Directeur général depuis trois ans de Dorval AM, Jean-François Baralon dresse le bilan de son action au sein de la société de gestion.
Profession CGP : Il y a trois ans, vous arriviez chez Dorval AM. Quels ont été vos axes de travail ?
Jean-François Baralon : Alors que j’étais en charge du développement commercial de Natixis IM pour l’Europe de l’Ouest, j’ai souhaité rejoindre une aventure entrepreneuriale aux côtés de Louis Bert et Stéphane Furet. Dorval AM a de formidables atouts, et son développement marquait un peu le pas il y a trois ans.
Notre travail a tout d’abord porté sur les processus d’investissement que nous avons revisités en leur apportant davantage de formalisme et de rigueur et sur les moyens de contrôle interne qui ont été renforcés. Nous avons aussi pleinement intégré l’ISR selon un modèle propriétaire, qui est venu enrichir nos offres de gestion. Aujourd’hui, tous les fonds de Dorval AM sont labellisés et sont catégorisés article 8 ou 9 selon le règlement SFDR. Enfin, nous avons aussi innové pour mieux répondre aux besoins de nos clients avec le lancement d’un fonds climat, Dorval European Climate Initiative, catégorisé article 9 et disposant des labels ISR et GreenFin. Ce fonds a connu un beau succès commercial, puisqu’il dispose déjà de 50 millions d’actifs sous gestion alors qu’il a été lancé il y a moins d’un an. Nous poursuivons dans ce sens avec le lancement prochain de Dorval Global Vision, un fonds actions internationales long only dont le process de gestion repose sur l’expertise développée autour de notre gamme de fonds diversifiés Global Convictions gérée par trois gérants, dont deux économistes, François-Xavier Chauchat et Gustavo Horenstein qui accompagnent Sophie Chauvellier.
Dans le même temps, les performances de nos fonds se sont fortement redressées malgré le contexte difficile. Au 30 novembre, 95 % de nos encours étaient classés dans les trois premiers déciles sur un an glissant et depuis le 1er janvier ; et c’est également le cas pour 75 % de nos encours sur trois ans. Ces belles performances s’expliquent par le style de gestion GARP (croissance à prix raisonnable) de Dorval AM parfaitement adapté au changement de cycle créé par la hausse des taux et par la robustesse de la gamme Global Convictions.
Nous sommes fiers du travail accompli et affichons beaucoup de confiance pour la suite. D’ailleurs malgré un marché difficile, nous réalisons une collecte nette positive depuis de début de l’année. Notre société de gestion, à taille humaine, dispose de nombreux atouts : une offre incarnée, une dynamique entrepreneuriale, une grande proximité avec ses partenaires et de la réactivité dans les prises de décision. Et ces atouts ont été renforcés par un socle réglementaire et technologique aujourd’hui solide. Par ailleurs, nous devrions aller plus loin dans notre dimension entrepreneuriale dès 2023 en offrant à tous nos collaborateurs la possibilité d’un accès au capital de notre société afin d’encourager cet esprit d’entreprise et poursuivre notre belle dynamique.
Un mot sur vos encours ?
Nos actifs sous gestion atteignent aujourd’hui 1,4 milliard d’euros. Ces encours sont assez bien répartis entre nos fonds internationaux et nos fonds européens qui représentent chacun autour de 40 à 45 % de nos stocks aux côtés de notre gestion sous mandat qui représente 15 % de nos encours.
D’ailleurs, nous croyons beaucoup au développement de cette offre de gestion déléguée vers les conseils en gestion de patrimoine, laquelle repose sur notre expertise en sélection de fonds.
Vous avez d’ailleurs internalisé votre distribution auprès des CGP récemment. Pour quelles raisons ?
Cette décision a été prise en accord avec Natixis IM et vise à mieux accompagner notre clientèle externe, la distribution auprès des réseaux de Natixis restant assurée par Natixis IM. Notre équipe commerciale est désormais constituée de trois personnes, dirigée par Philippe Cormon qui nous a rejoints en février dernier, en provenance de Trusteam Finance et auparavant d’Edmond de Rothschild AM où il a passé quatorze ans . Une quatrième personne devrait rejoindre l’équipe prochainement.
En quoi vos process de gestion ont-ils été renforcés ?
Nous avons mis en place des outils pour mieux formaliser la nature et le suivi de nos convictions autour de différents indicateurs ; le tout en redéfinissant mieux notre discipline d’achat et de vente. Chacun des indicateurs que nous suivons conditionne l’éligibilité d’une valeur et leur poids maximum en portefeuille. Ces valorisations et objectifs de cours des mille sept cents valeurs que nous suivons, sont actualisés hebdomadairement.
Parallèlement, le renforcement de nos moyens de contrôle constitue le socle sur lequel nous bâtissons notre croissance.
Pourriez-vous nous présenter votre méthodologie ISR ?
Notre approche ESG est le fruit d’un travail continu depuis trois ans désormais. Ce modèle propriétaire vient enrichir nos processus d’investissement, tout en conservant l’originalité de la gestion de Dorval AM née avec la gamme Manageurs. En effet, nous restons convaincus que la gouvernance est le point clé de la création de valeur d’une entreprise : c’est elle qui énonce la stratégie et qui en assure sa bonne exécution. Elle a également son impact sur les dimensions environnementale et sociale de l’entreprise.
Notre approche ESG nous permet de nous prémunir contre les risques extra-financiers, mais aussi de rendre visibles des opportunités d’investissement via des entreprises qui s’inscrivent pleinement autour des enjeux du développement durable : nous vivons un bouleversement profond lié à ces enjeux qui font émerger de nouveaux business models, et ce n’est pas seulement valable pour notre fonds Climat !
Pourriez-vous nous présenter votre gestion déléguée ?
Nous proposons une offre en totale architecture ouverte, avec une poche de fonds maison limitée à 20 % mais qui, en réalité, est bien moins importante. La sélection des expertises externes repose sur Louis Abreu, notre directeur de la gestion sous mandat et de la multigestion, qui n’hésite pas à sélectionner un fonds externe s’il le juge plus adapté à ce que nous pourrions proposer en interne. L’allocation d’actifs repose sur le scenario macroéconomique établi par les équipes de gestion. Ce scenario permet ensuite de définir les thématiques porteuses, puis les supports d’investissements adéquats ; le tout toujours selon notre approche GARP.
Nous disposons d’une activité de gestion sous mandat accessible à partir de 500 000 euros pour la clientèle privée avec trois niveaux de risque (de 0 à 100 % d’actions ; de 0 à 75 % d’actions et de 0 à 50 % d’actions) et d’une offre plus personnalisée de gestion de fortune dirigée par Corinne Amar, disponible à partir de 1,5 million d’euros. Dans ce second cas, notre assistance peut également porter sur des actifs non cotés. L’intégration de titres vifs est possible à partir de 1 million d’euros.
Le développement de cette activité est une conviction forte. L’essor des PER individuels ou collectifs ou encore les évolutions continues de la réglementation renforcent les opportunités de partenariats entre CGP et asset managers. Aujourd’hui, la gestion déléguée représente 220 millions d’euros d’encours et nous comptons la multiplier par deux, d’ici quatre ans.
Le lancement du fonds à impact sur le climat augure-t-il de la création de fonds thématiques ?
Non. Il s’agit davantage de l’expression d’une conviction et d’une sensibilité fortes au sein des équipes. Ce fonds va permettre à nos clients de concilier leurs intérêts financiers et leurs convictions extra-financières.
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