Mieux préparer sa retraite grâce au bilan retraite
Par Sonia Elmlinger, directrice générale associée, et Yannick Nold, président associé de Social Care Consulting
Sujet complexe par excellence et souvent synonyme d’inquiétudes, la retraite doit se préparer le plus tôt possible. Age de départ, montant de la pension, expatriation, autant d’éléments que pourra éclaircir un bilan retraite personnalisé et réalisé par des professionnels.
Le dernier rapport de la Cour des comptes dénonce qu’une pension de retraite sur sept calculée au moment du départ à la retraite en 2019 était erronée. Les relevés de carrière recèlent bon nombre d’erreurs ou d’oublis. Or ils sont à la base du calcul de la pension de retraite. Un relevé de carrière sur trois comporterait des erreurs. En trois ans, la proportion des pensions erronées a augmenté d’un tiers. Et malheureusement, l’erreur commise est majoritairement en défaveur de l’assuré. Par exemple, 100 euros de perte de droits par mois représentent un capital sous-jacent de 100 x 12 x 25 = 30 000 euros !
Dans ce contexte, l’audit retraite accompagné par un expert s’impose pour corriger les principales anomalies du relevé de carrière, projeter le départ optimal de départ (le plus tôt possible), évaluer les possibilités de départ anticipé pour carrière longue, invalidité ou inaptitude, mesurer l’opportunité de rachats de trimestres, une procédure longue à réaliser, en plusieurs étapes et dans un cadre contraint, revoir parfois la stratégie de rémunération des chefs d’entreprise puisque la charge des retraites sur les rémunérations pèse désormais non loin de 30 %, mettre en place une stratégie de complément de revenus et aménager la fin de carrière, tout en bénéficiant de mécanismes de transition emploi-retraite.
Les grandes lignes de la réforme des retraites de septembre 2023
Hausse de l’âge légal et de la durée de cotisation
La réforme des retraites de 2023 prévoit un relèvement de l’âge minimum du départ à la retraite (64 ans), ainsi que l’augmentation du nombre de trimestres (172) requis pour bénéficier du taux plein. Ce sont les générations de 1968 qui partiront à 64 ans !
L’âge du taux plein automatique est maintenu. Il reste fixé à 67 ans et permet de bénéficier d’une retraite à taux plein (50 %), même s’il manque des trimestres. Le tableau ci-contre présente selon l’année de naissance, l’âge de départ et le nombre de trimestres requis pour partir à la retraite au taux plein (hors carrière longue).
Amélioration du cumul emploi-retraite
Le dispositif de cumul emploi-retraite permet au retraité de reprendre une activité professionnelle et d’en cumuler les revenus avec le montant de ses pensions de retraite. Il permet d’augmenter significativement son niveau de revenus à la retraite. Les modalités de ce cumul (en termes de délai, de montant, etc.) sont différentes selon le régime auquel la personne cotise en tant qu’actif et le régime lui servant sa retraite. Depuis la réforme, la nouvelle activité permet d’acquérir de nouveaux droits à la retraite à condition de bénéficier d’une retraite à taux plein et d’avoir atteint l’âge légal. Une nouvelle pension sera calculée lors de l’arrêt total de l’activité.
Aménagement carrières longues
Partir en carrière longue, c’est partir avant l’âge légal en respectant certaines conditions. Auparavant accessible pour les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans, la réforme l’étend aux personnes ayant démarré leur carrière avant 21 ans. L’âge légal de départ à la retraite est alors de 58 ans si le début d’activité était avant 16 ans ; de 60 ans si le début d’activité était avant 18 ans ; entre 60 et 62 ans (en fonction de l’année de naissance) si le début d’activité était avant 20 ans ; de 63 ans si le début d’activité était avant 21 ans. L’assuré doit avoir validé au moins cinq trimestres à la fin de l’année civile au cours de laquelle survient la date anniversaire (16 ans, 18 ans, etc.), sauf pour les personnes nées au quatrième trimestre (octobre, novembre, décembre) qui peuvent n’en valider que quatre. Il faut réunir une durée d’assurance cotisée tous régimes de base confondus de 172 trimestres pour les assurés nés à partir de 1965.
Professions libérales : majoration de la retraite de base pour enfant
Si la personne a eu ou élevé trois enfants minimum, sa retraite de base est majorée de 10 %. La réforme 2023 a étendu cette mesure aux professions libérales qui n’en bénéficiaient pas jusqu’à présent. Ce dispositif ne s’applique pas de la même manière pour les retraites complémentaires. Il convient de vérifier auprès de chacune d’elles les droits en la matière.
Rachat de trimestres à coût réduit
La date butoir pour procéder au rachat de trimestres à un coût réduit pour les années d’études est reportée jusqu’à l’année des 40 ans. Pour les périodes de stage, le délai de rachat est prolongé jusqu’aux 30 ans.
Carrière à l’étranger : qu’en est-il de la retraite ?
Travailler à l’étranger au cours de sa carrière peut avoir un impact sur la retraite. Cela dépendra du statut : soit la personne est détachée de son entreprise, soit elle est sous contrat local « expatrié ». En cas de détachement, il n’y a pas d’impact sur la retraite. Elle reste salariée de l’entreprise implantée en France et cotise en France comme si elle n’avait jamais quitté le territoire.
Sous contrat local expatrié en revanche, c’est totalement différent. La personne ne cotise plus en France. Elle sort donc du système de protection sociale français. Les périodes validées à l’étranger peuvent être prises en compte selon les accords de Sécurité sociale passés entre la France et le ou les pays d’exercice. Ces périodes seront retenues pour déterminer le taux de la pension (taux plein ou pas). Si la personne a travaillé dans un pays qui n’a pas signé d’accord de Sécurité sociale avec la France, la retraite sera calculée dans chacun des pays, sans tenir compte des périodes validées dans les autres pays.
Cela aura donc un impact très important sur la retraite en France. Pour pallier cette perte, il est possible de souscrire une assurance-retraite volontaire auprès de la CFE (Caisse des Français à l’étranger) afin de cotiser au régime de retraite de base français. Le même principe est également possible avec la retraite complémentaire Agirc-Arrco.
Vos réactions