Private Equity : bilan 2022 et perspectives

Par : edicom

Bain & Company, cabinet de conseil international, a publié son quatorzième rapport annuel sur le capital-investissement mondial avec comme conclusion que celui-ci est « appelé à poursuivre sa forte croissance à long terme, malgré un brusque retournement de situation en 2022, dû aux turbulences économiques et aux incertitudes liées à la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt. » 

Un second semestre 2022 morose

Selon le rapport, 2022 se classe en deuxième position des meilleurs millésimes de l'histoire pour ce marché, malgré un brusque ralentissement en milieu d'année des transactions, des sorties et des levées de fonds. Après avoir atteint de nouveaux records en 2021, avec des transactions d'une valeur de 1 000 milliards de dollars, couronnant 12 années de hausse, la soudaine interruption de l'activité de PE mi- 2022 a vu la valeur globale des rachats chuter de 35 %, pour atteindre 654 milliards de dollars en 2023 et le nombre total d'opérations a baissé de 10 % (2 318 transactions). La chute brutale de l'activité et de la valeur des transactions au second semestre a été ressentie dans toutes les régions et dans la plupart des secteurs, notamment en Asie-Pacifique en raison des restrictions imposées par Covid. « En France, l’année 2022 marque une belle performance pour l’investissement LBO, étant la deuxième de la décennie en montants de capitaux déployés, derrière l’exceptionnel millésime 2021. Ce résultat cache une dynamique polarisée, avec un très fort premier semestre dans la lignée de 2021, et un deuxième semestre extrêmement ralenti, tant sur les transactions que les levées », relève Doris Galan, associée de Bain & Company en charge de la Practice Private Equity du bureau français.

Selon Bain, la réticence des banques à prêter pour d'importantes transactions à effet de levier au deuxième semestre a été déterminante pour la dynamique des transactions. Aux États-Unis et en Europe, les opérations de LBO ont ainsi chuté de 50 % pour atteindre 203 milliards de dollars. Il en a également résulté une diminution du nombre de grandes transactions à fort effet de levier qui avaient soutenu la valeur des transactions pendant des années : valeur moyenne des transactions a diminué de 23 % à 964 millions de dollars, après le record de 1,2 milliard de dollars enregistré en 2021.  Cette évolution s'est traduite par un accroissement des petites opérations et pour les build-up (acquisition par une société elle-même sous LBO), à savoir 72 % de l'ensemble des opérations de rachat en Amérique du Nord l'an dernier. 

L'analyse de Bain révèle également que le recul du capital-investissement a également touché le growth equity et les investissements en capital-risque late-stage - des segments qui étaient auparavant en plein essor (-28 %, à près de 644 milliards de dollars). Cette baisse est due à l'impact de la hausse des taux d'intérêt sur les taux d'actualisation futurs, ainsi qu'à la réévaluation de la politique de risque des investisseurs et aux mesures conservatrices qu’ils ont pris pour préserver leurs liquidités. 

Les cessions d'actifs ont chuté encore plus fortement que les investissements : - 42 % pour le LBO (565 milliards de dollars) ; - 64 % pour le growth equity (312 milliards de dollars). Ces baisses reflètent l'arrêt du marché des introductions en bourse, ainsi qu'une chute de 58 % des transactions entre investisseurs.Bain relève également la détérioration de la confiance des investisseurs. 

Perspectives

Malgré la baisse des transactions, des sorties et des levées de fonds l'année dernière, l'analyse de Bain suggère que les perspectives à long terme pour le capital-investissement restent résilientes et qu'une reprise est attendue. Les auteurs du rapport constatent que les fondamentaux du secteur demeurent solides et résilients et que le potentiel d’investisseur est élevé. En effet, contrairement à la période de 2007-2008 durant laquelle le système bancaire mondial a frôlé l'effondrement, les fondamentalement du private equity ne sont pas altérées et les conditions actuelles ne présentent aucune difficulté que le secteur n'ait jamais surmontée.

Alors que montant record de 3 700 milliards de dollars d’argent levé par les fonds l’an passé et restant encore à déployer, le rapport attire l'attention sur les leçons tirées de la dernière crise, au cours de laquelle les investisseurs, au lieu de paniquer, se sont concentrés sur la gestion et l'atténuation des risques afin de se préparer à sortir de cette phase de ralentissement.

Par ailleurs, Bain estime que les investisseurs individuels devraient constituer le nouveau moteur de croissance du secteur du capital-investissement. Le rapport indique que les investisseurs particuliers détiennent environ 50 % de l'ensemble des actifs mondiaux sous gestion (estimés à 275 000 à 295 000 milliards de dollars). Ce segment représente un vaste marché jugé comme inexploité pour les gestionnaires de fonds alors que le secteur arrive à maturité. 

L'étude explore également certaines des tendances et des thèmes clés du secteur qui devraient jouer un rôle important dans la croissance de l'industrie.La transition énergétique mondiale et le Web3 représentent ainsi des défis et opportunités pour l’industrie du private equity.

Selon les auteurs, le capital-investissement doit aussi se tourner vers la croissance organique et l'augmentation des marges (notamment en investissant dans l'automatisation, dans la productivité et la sécurité de la chaîne d'approvisionnement, et en contrôlant les bilans face au risque que les taux d'intérêt), car les taux d'intérêt plus élevés vont persister. Les acteurs du capital-investissement sont également invités à chercher à cibler des groupes de clients et des industries avec une plus faible sensibilité au prix.

  • Mise à jour le : 03/03/2023

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