L’ISR séduit mais peine à s’imposer
Certes les perspectives de développement sont prometteuses, mais les épargnants sont encore peu nombreux à investir dans l’ISR malgré leur prise de conscience. C’est ce que révèle la 1re édition du baromètre Les épargnants et l’investissement responsable de CPR AM et Deloitte.
La France, pionnière de l’investissement responsable, s’est imposée comme une place financière verte de premier plan, avec notamment la première place des volumes d’émissions de Green Bonds sur les dix dernières années (33,7 Md€) et l’article 173 pour le monde institutionnel, référence en Europe. La France mène en parallèle une politique proactive pour soutenir et favoriser l’investissement responsable (IR).
Au cœur de cet écosystème dynamique, les produits IR ont été largement déployés vers une clientèle institutionnelle. Mais qu’en est-il des particuliers ?
A la demande de CPR AM, le cabinet Deloitte (avec OpinionWay et Spoking Polls) a mené, auprès d’un échantillon représentatif d’épargnants français et de conseillers financiers, une étude pour mettre en lumière leur appréciation de l’IR sous plusieurs angles.
Si l’étude invite à l’optimisme, 66% des épargnants qui considèrent que les produits IR sont de nature à renforcer leur confiance, elle souligne l’écart qui existe entre les aspirations des épargnants de plus en plus séduits et la conversion en terme d’investissements. Deloitte pointe, notamment, le rôle essentiel des conseillers pour aider au développement de l’IR dans l’épargne et identifie les axes d’amélioration pour transformer les intentions en décisions d’investissements.
L’IR & les épargnants français en quelques chiffres
67% des épargnants ont déjà au moins entendu parler de l’IR.
Pour 56% des épargnants, la protection de l’environnement est un des thèmes prioritaires.
57% souhaitent que les enjeux de développement durable soient obligatoirement inclus dans les produits d’épargne.
66% pensent que les produits IR sont de nature à renforcer leur confiance dans la gestion de leur épargne, mais seuls 21%, aujourd’hui, déclarent avoir investi dans des produits IR.
12% seulement se sont vu proposer un produit IR par leur conseiller financier.
61% des épargnants auraient tendance à davantage investir dans des fonds IR grâce au développement de labels. Ils sont par ailleurs 34%à considérer que le principal frein est le manque d’information, constat partagé par près d’un conseiller financier sur deux.
L’IR, vecteur de sens pour une épargne responsable
Les perspectives de développement sont prometteuses, avec 86% des sociétés de gestion qui anticipent déjà la création de nouveaux produits dans les deux prochaines années, dont un tiers consacré à l’IR. Face à cet engouement, les particuliers se montrent de plus en plus sensibles à des placements répondant à des critères environnementaux et sociétaux.
En effet, les préoccupations liées à la protection de l’environnement sont unanimement partagées. Les aspirations des Français se fédèrent autour de ces grands enjeux porteurs de sens avec notamment 54% des personnes interrogées qui accordent une place importante aux impacts écologiques et sociétaux dans leur épargne. En ce sens, le respect et la protection de l’environnement figurent dans leurs priorités d’investissements (56%). Au-delà, l’étude souligne la prédominance des grands sujets sociétaux qui apparaissent déterminants dans l’acte d’épargne responsable : la lutte contre le réchauffement climatique, la santé, le respect des droits de l’Homme, l’emploi, le bien-être au travail, l’éducation ou encore la pauvreté… Pour plus de la moitié des épargnants, ces sujets apparaissent comme des déclencheurs dans les décisions de placement. 66% jugent même l’IR de nature à renforcer leur confiance dans la gestion de leur épargne. Cette tendance est confortée par plus de la moitié des épargnants qui souhaiterait voir les enjeux de développement durable obligatoirement inclus dans les produits d’épargne. Un véritable plébiscite qui invite à l’optimisme.
Le manque de lisibilité freine le développement de l’IR
Malgré cette nette adhésion des épargnants français à l’IR, l’étude met en avant un paradoxe, avec des taux de conversion qui peinent à se développer. Une situation justifiée d’une part, par un marché avec de multiples approches et un jargon abscons difficilement identifiables par les épargnants (exclusion, Best-in-class…) et, surtout, par un manque évident d’information (38% le déplorent). Ce déficit de lisibilité pèse notablement sur le développement des produits financiers responsables.
Dans la même dynamique, l’étude met en exergue le manque de conseils et de propositions émanant directement des intermédiaires financiers. Sur les 55% d’épargnants qui s’appuient sur un conseiller, seuls 12% se sont vu proposer un produit responsable. Dans le même temps, 41% de ces mêmes conseillers avouent n’en proposer qu’aux clients qui les sollicitent à ce sujet. Si ces tendances sont toutefois à nuancer du côté des Banques Privées plus aguerries et forces de propositions sur ces thèmes, l’étude montre clairement une population d’épargnants peu informée et des conseillers financiers encore trop prudents.
Ce constat se confirme dans les faits avec seulement 21% des personnes interrogées qui déclarent disposer de fonds IR dans leur portefeuille.
Les conseillers, acteurs clés du développement de l’IR
Dans une large proportion, respectivement 61% et 64%, les épargnants et conseillers considèrent les labels comme gages de confiance. Une situation qui pourrait se renforcer, notamment sous l’impulsion du développement d’un label unique européen.
Mais les labels comme certificats de confiance et de fiabilité ne pourraient, à eux seuls, lever les freins au processus de conversion à l’épargne IR.
Des conseillers convaincus, disposant enfin d’une information standardisée à leur destination (ils sont aujourd’hui 45% à le réclamer), accompagnée d’outils pédagogiques dédiés, devraient permettre d’accélérer et de transformer le capital confiance avéré des épargnants français en acte d’investissement. A confirmer dans le prochain baromètre CPR AM-Deloitte.
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