Le Private Equity, source de performance
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Après quelques années difficiles, le marché français du capital-investissement est reparti sur une bonne dynamique. Une bonne nouvelle aussi bien pour les entreprises accompagnées que pour les investisseurs et le marché de l’emploi.
Le financement en capital de PME et d’ETI généralement non cotées reprend des couleurs en France. Cette activité, le capital-investissement ou Private Equity, compte plus de 5 500 professionnels, qui accompagnent les entreprises et les aident à définir leurs stratégies à long terme et qui sont fédérés au sein de l’Association française des investisseurs pour la croissance (Afic, cf. encadré). Outre les capitaux, ces professionnels apportent, en effet, une maîtrise du reporting, une exigence dans la gestion des ressources et une expertise financière, permettant aux entreprises d’optimiser leur gestion.
En 2014, dernière année où les statistiques annuelles ont été publiées par l’Afic, 8,7 milliards d’euros investis dans 1 648 entreprises, dont 74 % de PME et 25 % d’ETI. En fonction des métiers de capital-investissement, la répartition est la suivante :
- 27 % en capital-innovation qui crée et finance entreprises et nouvelles technologies ;
- 56 % en capital-développement qui accompagne les entreprises en croissance et à fort potentiel ;
- 17 % en capital-transmission qui acquiert ou cède des entreprises ;
- et 1 % en capital-retournement qui rachète des entreprises en difficulté.
Les capitaux investis dans les PME et les ETI proviennent principalement des investisseurs institutionnels français et étrangers (banques, assurances, caisses de retraites, etc.).
Une reprise qui se confirme
En 2014, selon l’étude publiée en mars 2015 de l’Afic et Grant Thornton sur l’activité des acteurs français du capital-investissement, les investissements affichaient une hausse de + 35 % par rapport à l’année précédente. Plus de la moitié des montants a été investie dans de nouvelles entreprises, et 47 % dans des entreprises déjà accompagnées, avec des tickets inférieurs à 15 millions d’euros dans 94 % des cas.
Dans le détail des métiers, le capital-développement a accompagné 923 entreprises pour un montant de 2,6 milliards d’euros (53 % du total), en hausse de + 43 % par rapport à 2013, après deux années de repli. Les 272 sociétés en capital-transmission ont bénéficié de 5,5 milliards d’euros d’investissement (+ 39 % par rapport à l’année précédente), dans la continuité du rebond amorcé en 2013.
En revanche, l’étude relevait la faiblesse de la branche de capital-innovation. Tous les indicateurs sont en repli : les montants investis (626 millions d’euros, contre 642 millions d’euros en 2013), le nombre d’entreprises accompagnées (438 contre 469 en 2013), et les intentions d’affectation des capitaux levés (828 millions d’euros contre 1 375 millions d’euros en 2013).
Les investissements les plus importants ont été réalisés aussi bien dans les secteurs traditionnels de l’industrie, des services et transports, des biens de consommation, que dans les secteurs d’avenir, tels que le médical et la biotechnologie, avec un montant qui a doublé par rapport à 2013. Les levées de fonds étaient également en progression de + 24 % par rapport à 2014. C’est 10,1 milliards d’euros de capitaux qui ont été levés par les acteurs français du Private Equity, un niveau proche de la moyenne d’avant-crise (10,5 milliards d’euros entre 2005 et 2008).
Ce chiffre est à nuancer par l’importance de la part des fonds supérieurs à 1 milliard d’euros, qui représentent 30 % des levées, contre en moyenne 12 % sur la période 2006-2008. Parallèlement, les fonds inférieurs à 1 milliard d’euros restent encore nettement inférieurs au montant d’avant-crise.
La collecte auprès des fonds de fonds a enregistré une progression spectaculaire (+ 142 % par rapport à 2013). Ils sont devenus les premiers souscripteurs avec 27 % du total des levées. Les compagnies d’assurance et mutuelles ne représentent que 16 % de la collecte, en repli par rapport à 2013 (- 23 %). Elles sont au même niveau que la collecte auprès des personnes physiques et des family offices (+ 22 %). Les investisseurs étrangers couvrent 41 % de la collecte (45 % en 2013), soit une progression en valeur absolue de 14 %, contre 32 % pour la progression des levées auprès des investisseurs français en 2014. L’accès aux investisseurs internationaux est proportionnellement plus important passé le seuil de 200 M€. Ainsi 47 % des levées supérieures à 200 M€ s’effectuent à l’international, quand cette part n’est plus que de 22 % pour des fonds inférieurs à 200 M€.
2014 a été une année record en montants désinvestis au coût historique à 9,3 milliards d’euros, avec un total de 1 091 cessions, quasiment égal au record de 2007 (1 093). Cette dynamique a profité aux opérations de toute taille, avec quelques grosses transactions. Elle résulte d’une très forte progression des montants de sortie auprès des industriels (2 Md€, contre 1 milliard d’euros en 2013) et auprès des sociétés de capital-investissement (3,6 milliards d’euros versus 1,6 milliard d’euros en 2013).
Un nouveau rebond au premier semestre 2015
Lors du premier semestre 2015, la reprise des investissements s’est confirmée selon l’étude de l’Afic et Grant Thornton publiée en octobre dernier. Sur cette période, 3,7 milliards d’euros ont été investis par les acteurs français du Private Equity. Une progression de +4 % par rapport au premier semestre 2014 qui confirme le rebond depuis dix-huit mois. Cependant, ce niveau reste inférieur à ceux observés avant 2008. 844 entreprises ont été accompagnées, un nombre proche de la moyenne des premiers semestres observée depuis 2010.
64 % des montants ont été investis dans de nouvelles entreprises et 36 % dans des entreprises déjà accompagnées. La progression des montants investis a été portée majoritairement par le capital-développement (à 1,3 milliard d’euros, + 25 %). Le capital-innovation se maintient sensiblement au niveau du premier semestre 2014 en montants investis (383 millions d’euros, +1 %) mais avec un net rebond du nombre d’entreprises financées (284 entreprises, +27 %). En revanche, le capital-transmission affiche un repli en montant (-5 %, à 2,1 milliards d’euros) et en nombre d’entreprises (- 25 % pour 104 entreprises). Les levées affichent également une forte progression car tirée par une opération de taille importante.
Sur ces six mois, ce sont 5,5 milliards d’euros de capitaux qui ont été levés (+52 % par rapport au premier semestre 2014). Les collectes de taille supérieure à 200 millions d’euros expliquent 82 % de la progression et concentrent 80 % des levées de fonds d’origine étrangère. Ces investisseurs étrangers représentent la moitié de la collecte (49 %, contre 43 % au premier semestre 2014), avec une présence marquée des caisses de retraite étrangères qui jouent pour 21 % des montants levés.
Enfin, les désinvestissements se sont également confirmés entre janvier et juin 2015. 640 entreprises ont été désinvesties, un record historique. Toutefois les montants désinvestis sont en repli (- 15 % par rapport au premier semestre 2014). « Les indicateurs du premier semestre 2015 traduisent la tendance positive déjà observée sur l’année 2014 : une progression des investissements, une hausse des levées de fonds tirées par une opération de grande taille, et une fluidité du marché des cessions, commentait Michel Chabanel, président de l’Afic. Le fait le plus saillant du semestre est la présence très marquée des investisseurs étrangers qui concentrent près de la moitié de la collecte ; signe de la forte attractivité du capital-investissement français. Ces chiffres démontrent le rôle vital de notre industrie auprès des entreprises françaises. Sur le premier semestre, 3,7 milliards d’euros de capitaux ont été déployés auprès de 844 start-up, PME ou ETI, dont 352 au titre d’une première opération. A titre de comparaison c’est vingt fois plus que les introductions en Bourse réalisées sur EnterNext Paris sur la même période. »
Des bienfaits sur l’emploi et la croissance
Selon l’étude de l’Afic et EY sur les chiffres 2014 de la croissance des entreprises accompagnées par les acteurs français du capital-investissement publiée le 9 décembre dernier, plus de 314 000 emplois créés sur la période 2010 et 2014 dans les entreprises soutenues par le Private Equity français (2 925 entreprises), dont 61 000 nouveaux emplois dans les secteurs traditionnels et d’avenir en 2014. En effet, ces créations de postes proviennent d’une grande diversité de secteurs tant de l’économie traditionnelle, y compris de l’industrie, que des secteurs d’avenir. 99 % de l’emploi créé se répartit à parts égales entre les entreprises accompagnées par le capital-développement et le capital-transmission/LBO.
Par ailleurs, l’étude indique que les entreprises accompagnées ont maintenu durant la période étudiée une croissance moyenne cumulée de leurs chiffres d’affaires de + 22,4 %, soit plus du double de la croissance cumulée du PIB nominal français (+ 10 %). En 2014, la croissance du chiffre d’affaires des entreprises s’établit à + 1,4 %, contre 0,8 % pour la croissance du PIB national français.
Une rentabilité à deux chiffres sur le long terme
Selon l’étude annuelle sur la performance nette des acteurs français du capital-investissement à fin 2014 réalisée par l’Afic et EY et publiée en juin 2015, la performance du secteur atteint 11,3 % nets par an sur dix ans. « Le rendement du capital-investissement français, qui surperforme toutes les autres classes d’actifs, est le reflet de la qualité de ce mode de financement et d’accompagnement des entreprises, se félicitait Michel Chabanel. De plus cette surperformance s’accompagne d’une faible volatilité et donc d’un risque moindre. »
Mesurée à fin 2014, cette surperformance s’élève à + 10,1 % nets de frais en moyenne par an, supérieure aux + 9,5 % dégagés fin 2013 sur un périmètre comparable. Sur un horizon de dix ans, la performance moyenne atteint 11,3 % nets par an (contre + 10,9 % à périmètre constant, à fin 2013).
Le Private Equity français surperforme les autres grandes classes d’actifs sur le long terme. Sur l’horizon de dix ans, le rendement moyen annuel de + 11,3 % est deux fois plus élevé que celui des marchés d’actions cotées. Le constat est identique par rapport au marché obligataire et au marché immobilier qui enregistrent des progressions de respectivement + 5,4 % et + 6,4 %.
Sur la décennie, le rendement annuel moyen du capital-innovation progresse de manière très sensible passant de + 0,8 % à fin 2013 à + 2,1 % à fin 2014. Il est même de + 4,4 % sur un horizon de trois ans. Sur une décennie ans, les performances du capital-transmission et du capital-développement sont respectivement de + 15,6 % et de + 6,5 %, toutes deux en hausse par rapport à l’année précédente (+ 15,2 % et + 6 % à périmètre constant, à fin 2013).
Zoom sur les FIP-FCPI
Selon l’étude Afic-AFG sur la levée de capitaux par les FCPI et les FIP créés en 2014, les FCPI et les FIP créés lors de cette année ont affiché une collecte de 763 millions d’euros sur l’année, soit une hausse de + 12 % en 2014 par rapport à 2013 avec près de 100 000 souscripteurs. Néanmoins, cette reprise ne permet pas d’atteindre les niveaux de collecte affichés entre 2008 et 2010. Cette hausse a principalement été portée par les FIP (+15 % à 431 millions d’euros, après trois années de baisse) et par les fonds ISF (+ 17 %) qui atteignent leur plus haut niveau depuis 2009.
Parallèlement, le montant moyen des souscriptions est en légère progression, à 7 890 euros en 2014 contre 7 610 euros en 2013. Il est deux fois plus important pour les fonds ISF (11 420 euros) que pour les fonds IR (5 994 euros).
Par ailleurs, l’étude relève que l’offre qui reste concentrée : 68 fonds ont été créés en 2014 (36 FIP et 32 FCPI) contre 61 en 2013. Et comme en 2013, la majorité des FIP (81 %) et des FCPI (75 %) a levé plus de 5 millions d’euros. La taille moyenne des fonds est stable après avoir affiché un rebond substantiel en 2013. Elle est de 12 millions d’euros pour les FIP (+ 54 % par rapport à 2012), et de 10,4 millions d’euros pour les FCPI (+ 42 % par rapport à 2012). 85 % des investissements des FCPI sont concentrés sur des entreprises des secteurs d’avenir : le numérique, les biotechnologies, la transition énergétique et les télécoms et Les FIP couvrent vingt régions françaises.
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