Inter Invest Capital prend une participation minoritaire dans Novespace
Inter Invest Capital vient de prendre une participation minoritaire dans la société Novespace présidée par l’astronaute français au palmarès étoilé Jean-François Clervoy et spécialisée dans l’organisation de vols en avion en apesanteur. Des vols auxquels, à partir du printemps, Thomas Pesquet participera comme pilote, lorsque ses activités d’astronaute à l’ESA le lui permettront, et ce après la période en cours d’entraînement. Mise sur orbite.
Voilà une très belle prise de guerre pour la société de capital-investissement Inter Invest Capital. Au travers de son FPCI Inter Invest Gravity lancé pour l’occasion, la société de gestion du groupe Inter Invest dédiée aux opérations de capital-développement vient de racheter pour près de 4 millions d’euros les participations de banques françaises, dont BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole CIB et Allianz Banque : elle devient ainsi actionnaire minoritaire de Novespace, aux côtés du Centre national d’études spatiales (Cnes) et de Bpifrance.
Car Novespace possède une jolie carte de visite. Filiale du Cnes depuis 1992, elle a été créée pour « favoriser le transfert des technologies du spatial à des activités non spatiales pour une application terrestre », rappelle Jean-François Clervoy, le président de la structure depuis 2006. Cinquième Français à être allé dans l’espace, l’apesanteur, Jean-François Clervoy connaît. L’astronaute de l’Agence spatiale européenne a développé sa thèse en 1987 sur les vols paraboliques, une expérience qu’il pratiquera très régulièrement avant même ses nombreux vols spatiaux, dont l’état d’apesanteur ne sera donc plus un secret pour lui.
Un peu plus près des étoiles
« Novespace, souligne Jean-François Clervoy, est spécialisée dans l’organisation de vols paraboliques en avion, pour créer un environnement d’apesanteur au bénéfice de la recherche scientifique en partenariat avec les principales agences spatiales européennes. Des vols de découverte, à destination des clients privés, touristes ou sociétés pour leurs événements privés sont également organisés depuis 2013 sous la marque Air Zéro G afin de réduire le coût des vols de recherche menés par les scientifiques français et européens. » La technologie développée par Novespace permet aussi aux astronautes de s’entraîner à l’apesanteur, et dans certains cas de tester des équipements avant de les envoyer dans l’espace en conditions réelles. En vol parabolique, créé par le mouvement de l’avion qui monte, puis descend en suivant une trajectoire balistique, l’ensemble de l’avion et de son contenu se retrouvent dans le même état d’absence de pesanteur que lors de vols orbitaux, à la seule différence près que la durée de chaque manœuvre est limitée à 22 secondes, mais suffisante pour produire des résultats scientifiques dans tous les domaines de recherche. Les vols scientifiques sont typiquement groupés par 3, chacun offrant 31 paraboles, soit au total environ 35 minutes d’apesanteur cumulée. Avec un avantage significatif sur la station spatiale : celui d’offrir la possibilité aux chercheurs d’être eux-mêmes aux commandes de leur expérience, plutôt que par astronaute interposé !
La société basée à l’aéroport de Mérignac compte aujourd’hui dix personnes, enregistre un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros en 2017 et un bénéfice d’un million d’euros. Tout cela grâce à l’exploitation d’un Airbus A310 acquis en 2014 auprès de l’Etat allemand (pour la petite histoire, l’un des avions de la chancelière Angela Merkel), qui a été transformé pour en faire le plus grand laboratoire en apesanteur du monde après la station spatiale internationale. « Si nous ne possédons qu’un seul avion, indique l’astronaute qui partage son temps entre Novespace son activité d’astronaute à l’Agence spatiale européenne, c’est parce que le marché actuel ne justifie pas la mise en opération d’un second. Par ailleurs notre A310 a peu volé et compte donc un fort potentiel d’utilisation, de l’ordre d’une vingtaine d’années. » Et de développement.
Depuis le début de l’année dernière, Novespace a fait valoir son savoir-faire en Chine, en signant un partenariat exclusif avec la branche spatiale de l’Académie des sciences chinoise. Un joli coup à mettre à l’actif des Français, qui ne comptent pas s’arrêter là. Cette année, en juin prochain, ce sera en Suisse que l’Airbus va voler. « Et nous prospectons d’autres pays, confie Jean-François Clervoy. Notre notoriété et notre savoir-faire unique, reconnus non seulement au niveau européen mais aussi international, nous permettent de voir plus grand. » L’Italie, l’Angleterre et même les Etats-Unis si puissants en matière de conquête spatiale pourraient commander des vols.
Des étoiles plein les yeux
« Avec Inter Invest Capital, souligne Jean-François Clervoy, nous allons travailler comme avec les autres actionnaires pour une gouvernance raisonnable et raisonnée, avec toujours un objectif d’excellence au service de la recherche, et de la sécurité des vols. Elle va nous apporter ses idées et ses réseaux pour bien investir. Toujours gérée en bon père de famille, Novespace a toujours distribué des dividendes à ses actionnaires. Le marché des vols domestiques solidement ancrés par les besoins des agences spatiales a aujourd’hui l’opportunité de s’ouvrir à des marchés haut de gamme, comme ceux du Moyen-Orient. L’arrivée d’Inter Invest est motivante et confirme le soutien à la recherche scientifique. »
Une position que confirme Benjamin Cohen, directeur associé d’Inter Invest Capital. « Novespace, s’enthousiasme le jeune dirigeant, est une société qui met des étoiles plein les yeux ! Elle possède une solidité financière indéniable, génère un bénéfice de plus de 10 % de son chiffre d’affaires et ses campagnes scientifiques programmées deux ans à l’avance lui confèrent une très bonne prévisibilité. Les équipes de Novespace sont impliquées plus de six mois à l’avance dans les campagnes scientifiques, dont elle est le leader mondial, avec une expertise et un savoir-faire uniques. Ce qui nous a plus : un investissement en 2014 avec l’acquisition de l’A310, avec peu d’heures de vol, donc un potentiel d’“utilisation” plus long, la création d’un environnement de recherche optimal et unique, avec notamment la mise en place d’un nouveau système d’évacuation de gaz et d’un éclairage par LEDs. »
Sans compter que Novespace, c’est aussi un marché de niche au fort potentiel de développement de recherche spatiale quand, pour ceux qui gardent encore les pieds sur Terre, on parle déjà de missions vers Mars… Des rêves de gosses, quoi.
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