Febus Optics : nul besoin d’être disruptif pour convaincre !
Pépite remarquée du portefeuille de Calao Finance, Febus Optics s’est imposée en quelques années sur le marché mondial de la surveillance d’infrastructure par fibre optique. Avec une forte accélération de son développement à l’international, grâce à une jolie levée de fonds.
C’est à SupOptique, une école d’ingénieur devenue depuis l’Institut d’optique Graduate School, que Vincent Lanticq et Etienne Almoric font connaissance et se lient d’amitié. Le premier enchaîne avec un doctorat à TelecomParisTech : il y soutient une thèse sur l’optique non linéaire et la détection par fibre optique distribuée, avant d’intégrer en 2009 une société spécialisée dans les capteurs de mesure.
Amitié et complémentarité
Dans le même temps, le second, Etienne Almoric, entre dans la vie active, son master de physique optique en poche. Il travaille comme scientifique en recherche et développement, notamment aux Etats-Unis. Attiré par l’entreprenariat, il fonde en 2010 une start-up en chimie qui compte bientôt dix salariés. Il s’y frotte aux fonctions de direction, cumulant les rôles de directeur des ventes et directeur administratif et financier (DAF).
Constatant un réel besoin de la part des acteurs de l’énergie, et titillé par des envies d’indépendance, Vincent Lanticq décide de concevoir pour son compte un système basé sur les technologies étudiées pendant sa thèse. Il partage son projet avec Etienne Almoric que l’aventure motive. Tous deux quittent leurs postes respectifs en 2014 pour lancer Febus Optics l’année suivante. Vincent Lanticq en assure la présidence et la direction technique, tandis qu’Etienne Almoric en devient directeur général. « La répartition des rôles est claire et fonctionne très bien, précise ce dernier. Vincent gère la Recherche & Développement, la production et la réalisation des projets. Il est l’inventeur des solutions Febus Optics. J’occupe le poste de DAF et de directeur commercial. Notre complémentarité et notre amitié constituent une vraie force. »
Un troisième homme est présent dès le début, Malek Thabet, au poste de commercial grands comptes.
Un concentré de technologie
La société s’appuie donc sur la technologie à laquelle Vincent Lanticq a consacré son travail de thèse : la mesure par fibre optique distribuée. « Une technologie incrémentale, et non disruptive, explique Etienne Almoric. Nous n’avons pas inventé le procédé de mesure, mais avons innové dans l’architecture optoélectronique et le traitement du signal, pour aboutir à une solution à la fois très performante et très compétitive en termes de prix. » Plus clairement, Febus Optics développe et commercialise des systèmes de mesure utilisant la fibre optique, à destination des marchés de la maintenance et de la surveillance des infrastructures. « Nous fabriquons des équipements qui sont un concentré de technologie électronique et optique, que nous branchons sur une fibre optique totalement standard, comme celle utilisée pour les télécommunications ou Internet. Notre système va transformer cette fibre optique en dizaines de milliers de capteurs. Et nous allons ainsi pouvoir faire des mesures de température, de déformation, de vibration acoustique en tout point de la fibre », détaille Etienne Almoric. Les applications de cette technologie sont multiples : détection de fuite ou d’intrusion sur un pipeline, déformation d’un pont, surveillance d’une centrale nucléaire ou d’un câble sous-marin…
Les premiers brevets sont déposés très tôt. Parallèlement, Etienne Almoric décroche des financements : prêt d’honneur, subventions régionales et nationales, prêt bancaire, en l’espèce auprès du Crédit agricole… Ces fonds permettent le recrutement de salariés. Et les premiers contrats sont décrochés, grâce aux réseaux des trois hommes, notamment très rapidement une signature avec EDF, qui adopte la technologie Febus Optics pour le nucléaire, l’off-shore et les énergies nouvelles à travers les éoliennes.
Une levée de fonds de 1,2 M€
En 2016, la gamme se développe. Et les clients se multiplient, parmi lesquels d’autres grands noms du marché, à l’instar de Total sur les pipelines. Le groupe finance d’ailleurs un prêt à taux très bas à la jeune pépite. « A partir de 2017, nous avons commencé à réfléchir à une levée de fonds, mais nous voulions d’abord nous renforcer et démontrer la performance de nos produits afin d’être plus crédibles face aux investisseurs », explique Etienne Almoric.
En 2018, la start-up a cumulé suffisamment d’arguments et se sent prête à mener cette levée de fonds. Elle se fait accompagner par l’Agence de développement et d’innovation de la Région Nouvelle Aquitaine qui la conseille et lui permet de contacter massivement les investisseurs cible. « Il a fallu neuf mois pour réaliser cette opération, se souvient Etienne Almoric. Plusieurs investisseurs s’intéressaient à notre société. Nous avons ainsi pu choisir et structurer la levée de fonds. Je ne voulais pas d’un fonds corporate, plus contraignant à terme. »
Calao Finance entre sur le premier tour de table en octobre 2018. Le gérant de fonds dédiés au capital-investissement dans des PME de croissance s’est spécialisé sur deux grandes thématiques : l’art de vivre et les technologies stratégiques innovantes, qu’elles soient disruptives ou qu’elles permettent des avancées significatives, comme c’est le cas de Febus Optics.
Le capital-risker français Pléiade Venture et le Crédit agricole complètent la levée de fonds, pour un financement total de 1,2 million d’euros. Une participation qui laisse la majorité de l’actionnariat aux associés-fondateurs. « Nous ne nous sommes pas trompés, reprend Etienne Almoric. Calao Finance, comme Pléiade Venture, nous apportent des conseils pertinents sans être trop présents et sans excès de reporting. Un conseil de surveillance se tient tous les deux mois sur les sujets stratégiques et assure un suivi régulier de la progression de la société. Calao Finance nous apporte son expertise sectorielle, ses retours d’expérience, son avis sur les perspectives, ses conseils sur certains points de développement, d’alerte ou de vigilance… Eric Gaillat, associé cofondateur, et Loïc Bourdy, associé directeur d’investissements, nous ouvrent aussi leurs carnets d’adresses pour des mises en contact particulièrement intéressantes. »
Accélérer le développement à l’international
La levée de fonds accompagne le développement commercial de Febus Optics en France, avec des clients comme Teréga, TechnipFMC, SAIPEM, EDF, ES Géothermie, mais aussi à l’international, où les partenariats se multiplient. La start-up est désormais l’une des seules sociétés au monde à fabriquer tout le panel de mesures pour fibre optique. Elle occupe une place enviée sur les marchés de la mesure sismique, du monitoring de température en pétrole et gaz offshore, en génie civil et en géothermie. 40 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’international, avec des clients dans le monde entier : Europe, Canada, Etats-Unis, Australie, Chine, Asie du Sud-Est, Moyen-Orient…
Et la proportion devrait atteindre 50 %, d’ici quelques mois. Sa technologie séduit aussi bien les entreprises privées que les laboratoires publics. Pour conquérir un plus vaste marché, la société propose désormais deux types d’offres : la vente de solutions directement au client final et la vente de produits à un intégrateur qui développera sa propre solution grâce aux produits Febus Optics.
La levée de fonds permet aussi à la start-up d’accélérer son développement R&D. En juin 2019, elle inaugure son centre d’essais à Pau. Avec ses 500 m2 et les impressionnants moyens techniques qui y sont déployés, le site est à la fois une jolie vitrine et un véritable espace de test, capable de reproduire avec précision des conditions de terrain, notamment grâce à un pipeline enterré sur plus de vingt-deux mètres de long et équipé d’un système complet de surveillance par fibre optique répartie. Les fonds levés en 2018 facilitent aussi le recrutement de nouveaux collaborateurs. La société passe ainsi de dix à dix-huit personnes réparties sur trois sites en France, mais également à Houston depuis le début de l’année et bientôt en Inde.
Doublement du chiffre d’affaires chaque année
Quant au chiffre d’affaires, il double chaque année depuis l’origine et devrait poursuivre sur sa lancée ! La crise a, bien sûr, impacté le calendrier, avec le report dans le temps de certains projets, mais l’activité n’est pas fragilisée. « Nous sommes en phase de croissance ; la crise ne nous a pas coupé les ailes. Nous avions un plan réaliste de plus de 90 % d’augmentation du chiffre d’affaires en 2020, nous ferons seulement + 60 % à + 70 %, suite au stand-by engendré par le confinement. Mais nous ne voyons pas de répercussion sur notre développement ou notre stratégie : nous avons toujours des perspectives importantes », affirme Etienne Almoric. Avec peut-être – bien qu’elle ne soit pas encore à l’ordre du jour – une deuxième levée de fonds fin 2021 ou 2022, pour du développement commercial ou de la croissance externe…
La société a fêté ses cinq ans en mai. Un véritable cap pour une start-up, que peu d’entre elles atteigne. Cet anniversaire est donc de bon augure pour Febus Optics, même si son directeur général garde la tête froide : « Nous prenons chaque étape une par une », relativise-t-il. Une démarche qui lui a jusqu’ici parfaitement réussi !
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