Cityscoot ou la Dolce Vita en deux-roues à Paris
Après Vélib’, Autolib’, voilà Cityscoot, une société qui propose la location de scooters électriques en libre accès. Son président, Bertrand Fleurose, vient de lever de nouveaux fonds pour accompagner son développement auprès de partenaires, tels que 123 IM (ex-123Venture) et la Caisse des dépôts, et déployer ainsi mille scooters à Paris dès le mois d’avril prochain. Balade en toute liberté.
Se déplacer à Paris relève parfois du défi et d’une véritable aventure. On sait quand on part, on ne sait pas, par contre, quand on arrive. Embouteillage aux heures de pointe, restrictions de circulation pour travaux ou pour pollution aux particules fines, des voies sur berges fermées, grèves dans les transports en commun, plans de circulation modifiés… Bref, circulez, y’a rien à voir ! Ou plutôt, on aura tout vu… Sans compter qu’une fois arrivé à destination, on aimerait trouver ne serait-ce qu’une petite place de stationnement pour se garer au plus près de sa destination ! Bref, une véritable gageure ! Quand la circulation en moyen de locomotion traditionnelle devient vraiment problématique, on se prend à envier ces deux-roues si mobiles qui se faufilent entre les véhicules rendus immobiles comme sur un parking au cœur des grandes avenues…
Liberté absolue avec le free floating
Et pourtant depuis l’été dernier, il est possible de trouver, à Paris, des scooters en libre accès à louer à la minute. Un défi relevé par la société Cityscoot, créée en 2014 par l’ancien cadre financier Bertrand Fleurose reconverti dans l’économie de partage. Pour mettre en place cette solution, le fondateur s’est entouré d’une équipe d’ingénieurs et d’experts du monde du digital. Une expérimentation menée pendant sept mois avec une cinquantaine de scooters a permis à l’entreprise de tirer des enseignements précieux grâce aux remontées de plus d’un millier d’utilisateurs.
A l’instar de Vélib’ et d’Autolib’, Bertrand Fleurose a voulu surfer sur la vague de l’économie de partage en proposant un projet écoresponsable : des scooters tout blancs et électriques, développés en interne par son département R&D, sans contrainte, ni abonnement – le paiement se fait à la minute –, totalement en libre accès. C’est-à-dire sans station de rechargement ni de parking obligatoire, a contrario de ce que peuvent proposer Autolib’ et Vélib’. Tout se passe à partir de l’application mobile qui indique où l’utilisateur précédent s’est garé – dans une zone de stationnement légal, bien évidemment – et une équipe mobile Cityscoot vient recharger elle-même le deux-roues sans intervention du conducteur.
Et le mode d’emploi est des plus simples : pour louer un scooter, il suffit de géolocaliser un véhicule disponible avec son smartphone, de le réserver et de le débloquer en utilisant un code d’accès. Grâce à cette technologie, l’utilisateur n’a pas besoin de clefs, de cartes, ni de bornes. A la fin de l’utilisation, il suffit de laisser le scooter sur une place publique autorisée aux deux-roues motorisés. L’entreprise, grâce à ses Cityloopers, s’assure que les scooters sont toujours propres, rechargés et disponibles. L’équipe de Cityscoot a d’ailleurs déjà embauché une trentaine de personnes depuis quelques mois.
« Paris compte environ 150 000 conducteurs de deux-roues, soit 8 % de la population en âge d’en posséder un, confie Bertrand Fleurose. Je savais qu’il y aurait une appétence pour mon système. Avec ses 85 km2, la capitale se trouve à la 113e place des villes de France en surface administrative, donc une surface “petite” à couvrir pour nos équipes de Cityloopers s’occupant de la maintenance de notre flotte. » Un moyen efficace pour que le business model de Cityscoot fonctionne, quand on sait que les stations de recharge nécessitent près de 300 millions d’euros d’investissement, comme pour Autolib’. « C’est pour cela que nous avons privilégié le free floating, assure Bertrand Fleurose, lui-même amateur confirmé de cylindrées, on ne pouvait imaginer que l’utilisateur doive trouver une station et ensuite marcher pour arriver à sa destination prévue. Cela va à l’encontre même de l’esprit du scooter ! »
Et c’est sans doute pour cela aussi que le succès est au rendez-vous : Cityscoot aujourd’hui, c’est 650 scooters de 45 cm3 déployés dans Paris pour 15 000 utilisateurs séduits par le paiement à la minute (28 centimes la minute de location, trajet moyen d’un quart d’heure, deux forfaits possibles – cf. encadré). Pendant la location, le Cityrider reste libre de rouler et de s’arrêter temporairement où il le souhaite, à l’intérieur ou à l’extérieur de Paris intra-muros.
Passer de 500 à 1 000 scooters cette année, puis 3 000 en 2020
Et Cityscoot compte bien étendre encore sa zone de couverture : « Aujourd’hui, confie l’ancien cadre financier, nous enregistrons 15 000 utilisateurs inscrits en sept mois pour 650 scooters. Nous avons proposé 1 500 trajets d’initiation gratuite au maniement de nos scooters et nous avons une grosse liste d’attente de 2 000 personnes ! Pour Paris intra-muros, nous avons un réservoir de 100 000 personnes, d’ici 2019-2020. On anticipe l’extension de notre zone de couverture, tout d’abord la petite couronne avec l’ouest parisien vers le second semestre 2017, notre centre technique se trouvant dans le XVIIe. »
Pour répondre à la forte demande, la société va déployer déployer 500 scooters d’ici avril – sa flotte dépassera donc les 1 000 deux-roues –, pour à terme atteindre le chiffre de 3 000, d’ici 2020. Ayant reçu le soutien de la Ville de Paris, Bertrand Fleurose cultive d’autres ambitions : « nous allons nous développer dans d’autres villes françaises, avec comme objectif de devenir leader européen, dans les prochains mois et de nous attaquer à d’autres villes européennes ». Milan, Genève ou encore Londres seraient visées.
Pour se donner les moyens de ses ambitions, Bertrand Fleurose vient de terminer un troisième tour de financement depuis la création de sa société en septembre 2014. En janvier, Cityscoot a ouvert son capital aux fonds gérés par 123 Investment Managers (ex-123Venture), à la Caisse des dépôts et plusieurs investisseurs tiers, comme des Business Angels, qui ont également participé à ce tour de table pour un montant total supérieur à 15 millions d’euros. « Nous avons choisi Cityscoot, signale Marc Guittet, directeur associé d’123 Investment Managers, pour plusieurs raisons. D’abord sur les qualités intrinsèques du dossier et ensuite sur les valeurs de son dirigeant, qui a une ambition très claire en matière de recherche et de développement dans les prochaines années. Et l’offre de services que propose Bertrand Fleurose grâce à Cityscoot s’inscrit pleinement dans l’air du temps, l’innovation en plus et un esprit de liberté, d’immédiateté et de simplicité : on se gare sans problème où l’on veut, sans la mise en place d’infrastructures lourdes, coûteuses et chronophages que sont les stations ou les bornes de rechargement. Ce dossier avait tout pour nous plaire ! »
Au-delà de l’essor de l’économie du partage, les plans antipollution et la volonté affichée de réduire le nombre de véhicules dans Paris constituent de vraies opportunités de développement pour Cityscoot.
Cityscoot en quelques chiffres
Genèse
2014 : création
2015 et 2016 : phase de test
Juin 2016 : lancement officiel avec 500 scooters
Avril 2017 : 1 000 scooters
2017-2020 : développement dans d’autres villes
françaises et européennes
2020 : 3 000 scooters à Paris
En pratique
28 centimes la minute, 500 mn pour 100 € (0,20 €/mn) et 100 mn pour 25 € (0,25 €/mn)
15 minutes : trajet moyen
15 000 utilisateurs, 2 000 sur la liste d’attente, 100 000 d’ici 2019-2020 à Paris intra-muros
100 000 trajets déjà réalisés
7 heures-23 heures et 7 jours/7 : heures d’utilisation du scooter en libre accès
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