Résidences secondaires : la surtaxe qui passe mal
Selon une information révélée par Les Echos en début de semaine, les grandes villes de France vont surtaxer les propriétaires de résidences secondaires. Pour la Fnaim, c’est un « nouveau coup de massue asséné aux propriétaires ».
Après Paris depuis 2015, Bordeaux aujourd’hui, Nice et Toulouse demain… Pour contrer les locations de courtes durées, type Airbnb ou Abritel, les maires des grandes villes vont surtaxer les propriétaires de résidence secondaire, multipliant même parfois par trois les taux de fiscalité. Une manne aussi non négligeable qui permettra aux premiers magistrats de pallier, voire contrer, la disparition à terme de la taxe d’habitation. Un moyen comme un autre d’équilibrer le budget…
Mais cette bombe lâchée mardi 20 février par Les Echos qui a révélé l’information n’a pas l’heur de plaire à Jean-Marc Torrollion, le nouveau président de la Fnaim. Et qui le fait savoir en publiant un communiqué, plutôt un pamphlet, contre « l’augmentation de la taxe sur les résidences secondaires, le résultat d’une fiscalité discriminante et à bout de souffle ». Le ton est donné. Et celui qui remplace Jean-François Buet à la tête de l’une des premières organisations syndicales des professionnels de l’immobilier, poursuit : « l’objectif de cette taxe est de décourager les offres sur les sites de location de courte durée dans les villes attractives. C’est pourtant un nouveau coup de massue asséné aux propriétaires ! »
Le secteur de la location touristique attaqué ?
Cette surtaxation annoncée qui viendrait « frapper la résidence secondaire » serait discrimante « au profit de la lutte contre la location de courte durée au travers des plates-formes. Il s’agit là d’une erreur qui masque la cécité des élus par rapport à la réalité d’un phénomène qui trouve sa source ailleurs : le fait d’avoir en France, trop longtemps sacrifié la rentabilité des locations classiques ».
Et la Fnaim de rappeler qu’en France, « il y a 3 millions de résidences secondaires, qu’elles ont pour trois-quarts d’entre elles été achetées et ne sont pas le fruit d’un héritage. On sait aussi qu’elles sont détenues à 35% par des retraités qui disposent, suite à la hausse de la CSG (contribution sociale généralisée), de moyens non extensibles. C’est auprès de personnes qui ne sont en rien des spéculateurs que l’on vient de nouveau alourdir la note en augmentant leur pression fiscale ».
Fustigeant le but réel de la manœuvre, Jean-Marc Torrollion craint plutôt que « derrière cette taxe, on attaque en réalité un secteur productif très important qui est celui de la location touristique. Secteur pourtant évidemment porteur dans un pays qui est la première destination mondiale du tourisme. Comment justifier auprès de ceux qui mettent des biens en location à la montagne ou à la mer qu’on leur demande d’une main de faire marcher le tourisme par la mise en location, tandis que de l’autre main, on leur augmente la taxe d’habitation? Il y a là un non-sens économique qui, au contraire, les poussera, eux aussi, à financer cette taxe par d’autres moyens. »
Avant de conclure que « l’Etat veut limiter la location urbaine de courte durée, mais s’attaque maladroitement au secteur du tourisme. Cette confusion est une faute grave ».
Selon France Inter, cette surtaxe pourrait rapporter 43 millions d’euros à Paris et 150 millions d’euros pour la France entière. Et sera-t-elle suffisante pour remettre les logements secondaires sur le marché de la location immobilière traditionnelle ? C’est bien là toute la question…
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