Présidentielle : les Français attachés à la fiscalité actuelle de l’assurance-vie
A l’heure où les candidats à la présidentielle dévoilent leur programme en matière de fiscalité et d’épargne, 77% des Français seraient contre le projet de Flat Tax et 66 % contre l’alourdissement de la fiscalité de leur placement préféré déjà chahuté par une disposition de la loi Sapin 2.
Réformer oui, mais pas l’assurance-vie ! Tel serait, en substance, l’un des enseignements de l’enquête d’opinion Ipsos réalisée pour la Fédération française de l’assurance (FFA), en guise de réponse aux diverses annonces des candidats à l’élection présidentielle. La FFA, par la voix de son président Bernard Spitz, s’inquiète des retombées économiques qu’aurait tout changement de la fiscalité et des avantages liés à l’assurance-vie : « […] les Français sont attachés à l’assurance-vie, assure-t-il, pour sa simplicité et sa sécurité dans la durée. Il s’agit pour eux d’un véritable “couteau suisse de l’épargne longue” qui protège leur patrimoine des risques spéculatifs, et les accompagne, eux et leurs familles, tout au long de la vie. L’assurance-vie sert, avant tout, à financer les entreprises. L’assurance-vie est ainsi plus que jamais le poumon économique du pays. »
Pour mieux cerner les attentes des Français en matière d’épargne et d’assurance-vie, la Fédération Française de l’Assurance (FFA) s’est appuyée sur lpsos pour mener une étude menée auprès de 1 009 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus interrogées par Internet du 17 au 24 février dernier.
L’assurance-vie reste une épargne populaire
Il est vrai qu’avec 54 millions de contrats, 37 millions de bénéficiaires et un encours de 1 632 milliards d’euros, l’assurance-vie demeure le premier placement financier des Français et le soutien de premier plan pour le financement des entreprises françaises. Déjà chahutée par les dispositions de la loi Sapin II qui avaient inquiété les CGPI, mais aussi les épargnants, elle connaît depuis le début de l’année de petites collectes de l’ordre de 400 millions d’euros en janvier (contre 3,1 milliards d’euros en janvier 2016) et de 600 millions d’euros en février (contre 2,8 milliards d’euros en février 2016).
Seule satisfaction : les unités de compte prennent une part de plus en plus importante par rapport aux fonds en euros classiques, ce qui indique clairement que pour doper leur rendement, les épargnants ont bien compris qu’il fallait mixer dans sécurité et prise de risque mesurée… Ce que confirme la FFA, puisque « la part des unités de comptes dans les cotisations est passée de 12 à 20 % en cinq ans », avec une accélération ces deux trois derniers mois. Un atout indéniable pour le financement de l’économie.
Elle répond aux besoins des Français
A l’instar du Livret A, s’il est un produit de placement qui plaît à tous, c’est bien l’assurance-vie ! Elle est détenue dans toutes les classes d’âges – « 48 % des moins de 35 ans, 51% des 35-59 ans et 62 % des 60 ans et plus » – et dans toutes les catégories de la population – « 48% des artisans, commerçants et chefs d’entreprise, 61% des cadres, 53% des professions intermédiaires, 46% des employés, 44% des ouvriers et 61% des retraités ». Avec une durée de détention moyenne supérieure à onze ans, l’assurance-vie permet aux Français de répondre à plusieurs motivations : « préparer leur retraite, pour 55 % des détenteurs âgés de 35 à 59 ans ; aider leurs proches dans l’avenir, pour 55% des moins de 35 ans ; faire face à une perte d’autonomie, pour 64% des 60 ans et plus. »
Les perspectives à six mois sont favorables à l’épargne : « 61 % des personnes interrogées envisagent de mettre de côté une partie de leurs revenus dans les mois qui viennent ; 78 % des cadres mais aussi 74 % des professions intermédiaires, 57 % des employés, 55 % des ouvriers et 51 % des retraités ».
Ces résultats confirment que l’épargne est un enjeu important pour tous les Français. C’est sans doute pour cela aussi que certains candidats lorgnent sur la manne fiscale que pourrait apporter l’assurance-vie. Mais ce serait, à lire le sondage de la FFA, une grave erreur !
Touche pas à mon assurance-vie !
Un alourdissement de la fiscalité serait perçu par les Français comme une rupture de ce contrat de confiance. Une large majorité de détenteurs (66 %) déclare même qu’ils se détourneraient alors de leurs contrats. Une réforme qui consisterait à aligner le taux d’imposition de l’assurance-vie sur celui des autres produits d’épargne (Flat Tax) est perçue comme une « mauvaise chose » par 77 % des Français. Cette opposition est même très forte chez les sympathisants LR à 81 % et du Centre (UDI et MoDem) à 85 %. Ce chiffre s’élève même à 92 % chez les détenteurs de contrats de huit ans et plus.
Près de neuf épargnants de long terme sur dix sont hostiles à l’abandon du lien entre la durée du contrat et sa fiscalité.
L’assurance-vie, l’un des piliers du financement de l’économie
Compte tenu de la menace de certains épargnants de se détourner de l’assurance-vie en cas de réforme de sa fiscalité, il semble bon de rappeler ce que représente aujourd’hui son poids dans une économie qui reste fragile et qui se relève encore trop lentement de plusieurs années de crise. Eurocroissance et vie-génération, les deux nouveaux contrats d’assurance-vie dont le lancement est intervenu en 2014, sont les piliers de cette évolution. Ils vont permettre de mieux mobiliser l’épargne en faveur de l’investissement productif et du financement des PME et ETI.
En effet, toujours selon les données de la FFA, 59 % des placements des assureurs sont investis dans les entreprises, soit 1 350 milliards d’euros, dont 390 milliards sous forme d’actions. En six ans, le financement de PME et ETI françaises par les assureurs a triplé pour atteindre 63 milliards d’euros, à fin 2016 : un engagement qui a triplé en six ans !
Et cocorico, 56 % des investissements des assureurs dans les entreprises sont Français. Le reste est investi très essentiellement dans la zone euro. Ce sont, au total, 756 milliards d’euros que les assureurs consacrent à soutenir l’économie productive française.
Toucher à la fiscalité de l’assurance-vie entraînerait donc des réactions en chaîne considérables…
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