Investir responsable au sein d’un contrat d’assurance-vie

Par : edicom

Par Delphine Pasquier, directrice du développement de Prepar Assurance

Les législations se succèdent pour guider et inciter, tant les investisseurs privés que l’écosystème de la finance, vers des investissements responsables qui ont une contribution bénéfique à la société et à la planète. Pour autant, la durabilité est-elle compatible avec la rentabilité des investissements réalisés ? Quels supports choisir ? Au-delà de sa sensibilité, le particulier néophyte peut facilement se sentir perdu par des termes techniques et la diversité des offres disponibles.

Si les professionnels de la finance s’en sont saisis depuis de nombreuses années, les particuliers sont encore en phase de découverte du concept d’investissement responsable. De nombreuses études confortent toutefois leur volonté d’inclure une démarche responsable tant dans leurs achats que dans leurs investissements.

Cette sensibilité est favorisée par l’intégration, désormais systématique, de questions sur leurs connaissances et appétence à la finance durable, et ce lors de chaque entretien d’épargne avec son conseiller. Celui-ci, dans le cadre de son devoir de conseil, devra guider et déterminer les investissements compatibles avec les attentes de son client.

 

A quoi correspond la finance durable ?

La durabilité est en premier lieu la capacité à maintenir un équilibre. Elle se décline sous trois axes : environnemental, social et de gouvernance (ESG). Ces critères extra-financiers complètent l’analyse traditionnelle financière préalable à toute décision d’investissement.

Le critère le plus connu est l’investissement environnemental, ou finance verte, qui favorise la transition énergétique. Les investissements réalisés en faveur de la transition écologique peuvent par exemple prendre la forme de green bonds ou obligations vertes, qui visent à limiter le réchauffement climatique, favorisent le développement des énergies renouvelable ou la protection de la biodiversité.

Le volet social ou finance solidaire a pour but de soutenir la protection des citoyens dans le domaine de l’éducation ou de la santé, le développement de l’économie locale, la lutte contre les inégalités et les discriminations.

En matière de gouvernance, les entreprises seront plus transparentes quant au respect de l’égalité femmes-hommes, en matière de rémunération, de parité dans les instances de direction ou bien encore sur la mise en œuvre de dispositifs de lutte contre la corruption et l’évasion fiscale…

La finance responsable va au-delà des critères ESG de la finance durable en facilitant l’accès aux investissements socialement responsables (ISR). Elle allie des stratégies complémentaires, telles que l’exclusion de certaines activités (tabac, armement, énergies fossiles…), la réalisation d’investissements thématiques (énergies renouvelables…) et la mise en place d’un dialogue direct avec les entreprises pour les inciter à adopter des pratiques plus durables.

 

Le rôle des banques et des compagnies d’assurances dans la finance durable et responsable

Banques et compagnies d’assurances sont en première ligne pour évaluer la sensibilité des investisseurs. Celle-ci est mesurée au travers de trois critères : la proportion d’investissements classifiés durables par la taxonomie européenne dans laquelle le souscripteur souhaite investir ; la proportion du placement en investissements durables selon le cadre SFDR et la prise en compte des principales incidences négatives (CO2…).

Le rôle des CGP, des établissements financiers, des banques et des compagnies d’assurances est déterminant dans l’accompagnement des souscripteurs ; ils doivent transmettre des informations claires sur les produits financiers commercialisés et guider les investissements vers les solutions les plus adaptées.

Il existe en France quatre labels permettant d’identifier des investissements responsables dans chacun des domaines ci-dessus :

- ISR pour investissement socialement responsable, qui incite les entreprises à intégrer les critères ESG dans leurs stratégies d’investissement, à compter du 1er mars 2024, les investissements en production d’énergie fossiles en sont exclus ;

- GreenFin pour garantir que les fonds contribuent à la transition économique et écologique. Ce label exclut les énergies fossiles et le nucléaire ;

- Finansol qui privilégie la recherche de transparence et la démarche de solidarité;

- Relance pour orienter les investissements vers la relance de l’économie au profit des entreprises tout en respectant un certain nombre de critères ESG, faisant suite aux besoins accrus liés à la pandémie de Covid-19.

Depuis le 1er janvier 2022, tous les contrats d’assurance-vie doivent proposer au moins une unité de compte représentative de chacun de ces labels.

 

Mais en pratique, quels sont les avantages pour les particuliers investisseurs ?

La présence de labels permet de guider les investissements vers les critères répondant à la sensibilité des investisseurs mais tous les contrats ne disposent pas toujours d’unités de compte labellisées qui correspondent au risque que l’investisseur souhaite prendre. Il convient donc d’être particulièrement vigilant à la combinaison de son objectif de placement, des perspectives de rendement et du niveau de risque accepté pour les fonds labellisés au même titre que les autres.

Désormais, les fonds euros, fonds croissance et eurocroissance tendent également à intégrer des critères de durabilité dans leur gestion. Les informations sur la nature des fonds, les labels disponibles ou leur éligibilité à la règlementation SFDR (articles 6, 8 ou 9) sont disponibles dans la documentation précontractuelle et contractuelle remise avant la souscription d’un contrat d’assurance-vie et notamment, dans le guide des supports du contrat, où les rendements bruts et nets et les évolutions de chacun des supports sont précisés.

Choisir d’investir responsable n’aura pas obligatoirement une incidence sur la rentabilité des placements réalisés, la performance d’un support durable est comparable à celle d’un autre support. Cependant, les critères ESG devraient permettre aux entreprises de mieux anticiper et donc de mieux s’adapter aux changements pouvant impacter leur marché (environnementaux, sociaux ou de gouvernance).

L’assurance-vie est une enveloppe financière particulièrement adaptée car les investissements responsables nécessitent des financements longs, elle permet en outre de réaliser des arbitrages réguliers afin de disposer des placements correspondant le mieux aux objectifs de gestion et de rendement recherchés.

 

Lexique

Finance à impact : finance durable qui, en plus des critères ESG, cherche à concilier la rentabilité économique des investissements avec leur impact positif sur l’environnement et la société.

Greenwashing : appelé également écoblanchiment, il consiste à communiquer de manière abusive sur des engagements ESG, non réellement menés.

Taxonomie verte européenne : elle regroupe trois catégories d’activités durables sur le plan environnemental : les activités contribuant à l’atténuation du changement climatique, la prévention et le contrôle de la pollution et la préservation de la biodiversité ; les activités qui permettent à d’autres entreprises du secteur durable de se développer et de contribuer positivement à la sauvegarde de l’environnement dites activité « habilitantes » ;  et les activités « transitoires » dont l’objet est de baisser l’impact environnemental dans les secteurs où les alternatives sont inexistantes.

Règlement SFDR  : Règlement européen qui oblige les gestionnaires d’actifs à publier des informations relatives à la prise en compte des risques en matière de durabilité et les principales incidences négatives. Le règlement SFDR prévoit trois catégories de produits :

- les produits article 6 intègrent des considérations relatives aux critères ESG, sans toutefois satisfaire aux critères des articles 8 et 9 ;

- les produits article 8 peuvent investir dans des investissements durables et promeuvent des caractéristiques sociales et environnementales ;

- et les produits article 9 ont un objectif exclusif d’investissement durable.

  • Mise à jour le : 24/04/2024

Vos réactions