Présentation du fonds Climate et point sur la gestion ISR de DNCA avec Léa Dunand-Chatellet
DNCA Finance vient de compléter sa gamme de fonds ISR avec le lancement de DNCA Invest Beyond Climate, géré par Léa Dunand-Chatellet et son équipe, composée de Alix Chosson, Adrien Le Clainche et Romain Avice. La gérante nous expose sa stratégie de gestion et revient sur le positionnement des autres fonds de la gamme.
Profession CGP : Vous venez de lancer un fonds Climat, DNCA Invest Beyond Climate. En quoi se différencie-t-il de la concurrence ?
Léa Dunand-Chatellet : Nous nous devions de créer un fonds climat eu égard aux différentes régulations sur le sujet (taxonomie européenne, green deal européen, éco-label européen), tout en ayant une approche différente de cet enjeu. Par ailleurs, selon les accords de Paris signés suite à la Cop 21 de 2015, l’objectif est de limiter le réchauffement climatique à +2°C. Notre volonté est d’investir dans des entreprises qui alignent leur stratégie sur cette trajectoire, et d’être présent sur tous les secteurs pour ne pas avoir de biais.
DNCA Invest Beyond Climate se différencie ainsi des trois grandes formes de fonds qui ont été créés sur cette thématique à savoir les fonds énergies renouvelables créés dans les années 2000 et qui embarquent mécaniquement un biais fort sur les valeurs du secteur ; les fonds low carbone qui sont investis sur des secteurs aux émissions de CO2 faible et qui ainsi n’apportent aucune réponse aux enjeux du réchauffement climatique ; et les fonds carbone neutral qui associent des valeurs très intensives et des valeurs peu émettrices pour arriver à un positionnement neutre sans prendre en compte la trajectoire des entreprises en portefeuille.
Quelles sont les caractéristiques de votre gestion ?
L. D.-C. : Nous n’avons pas de biais sectoriel afin d’avoir un profil financier robuste face aux rotations sectorielles.
Dans la sélection de valeurs, nous nous appuyons tout d’abord sur les données fournies par les entreprises. Il est en effet très difficile d’évaluer des émissions évitées et autres métriques. Ainsi, si aucune donnée n’est publiée, la valeur n’est pas éligible. Ensuite, nous nous appuyons sur les travaux et recommandations de grandes agences internationales pour croiser ces données. Il s’agit de l’Agence internationale de l’énergie qui a réalisé un scénario à horizon 2030/2050, la Taskforce on Climate-related Financial Disclosure (TCFD) pour ces travaux sur l’empreinte carbone notamment et les Science Based Targets (SBT), une association qui proposent aux sociétés d’évaluer leurs scénarios par rapport aux accords de Paris.
Au final, le fonds est constitué de valeurs toutes alignées sur une trajectoire à +2°C.
Comment se compose le portefeuille ?
L. D.-C. : Il s’agit d’un fonds eurozone (65 % minimum de l’actif) avec une diversification sur la Suisse et les pays nordiques car c’est dans ces Etats que l’on trouve beaucoup d’idées d’investissement. Le portefeuille est découpé en quatre grandes catégories de valeurs :
- celles qui n’ont aucun lien avec le climat comme celles du secteur de la santé. L’alignement de leur propre trajectoire étant conditionnée principalement avec celle de leurs fournisseurs d’énergie. Cette poche est limitée à 30 % car ce n’est pas dans ce domaine que l’enjeu est le plus fort ; mais cette poche apporte de l’équilibre au fonds ;
- les producteurs d’énergie : nous visons ici ceux dont le mix est aligné sur la trajectoire, ainsi que les acteurs du marché des énergies renouvelables. Cette poche est aujourd’hui assez faible car peu d’acteurs sont éligibles (7 à 8 % du fonds) ;
- les sociétés qui apportent des solutions d’efficacité énergétique. Ce sont des valeurs intenses en carbone, mais qui améliorent l’efficacité énergétique de leurs clients grâce à leurs produits ;
- enfin, les valeurs qui proposent des solutions de rupture.
Ainsi, cette diversification des typologies de valeur permet d’apporter une réponse large aux enjeux climatiques.
38 valeurs sont aujourd’hui présentes dans le portefeuille.
Comment votre gamme de fonds ISR a-t-elle réagi aux récentes secousses de marché ?
L. D.-C. : Hormis notre fonds assez spécifique DNCA Invest Beyond Infrastructure & Transition et si on écarte la baisse de marché de ces derniers jours, notre gamme a été plutôt résiliente. En particulier, le fonds DNCA Invest Beyond Global Leaders délivrait une performance de + 1,36 % au 12 mai dernier (source : Quantalys), notamment car il est très investi sur des valeurs de la santé et de la techno. Le fonds DNCA Invest Beyond Semperosa (-8,15 % au 12 mai dernier ; source : Quantalys - lancé il y a un peu plus d'un an) a également bien résisté. Globalement, les fonds n’ont subi que 50 % de la baisse grâce à leur biais qualité, ce qui ne signifie pas forcément un biais croissance, et la présence d’une poche de cash d’environ 20 % dans les portefeuilles.
Pourquoi détenir 20 % de liquidité actuellement ?
L. D.-C. : Cette sécurité est présente depuis le début de l’année. En effet, nous n’étions pas à l’aise avec les valorisations et ce n’est pas plus le cas aujourd’hui. L’environnement macroéconomique est dégradé, les chiffres des entreprises sont mauvais et la visibilité est nulle. Les valorisations restent encore élevées et il est difficile de comprendre pourquoi. En effet, fin 2018 le marché était à un niveau beaucoup plus bas qu’actuellement alors que les investisseurs craignaient une récession ; aujourd’hui la récession est évidente…
Cette poche de cash nous permet d’être en embuscade pour saisir les opportunités de marché.
Quels ajustements avez-vous opéré dans les portefeuilles depuis le début de la crise ?
L. D.-C. : Nous avons réduit notre exposition aux valeurs cycliques, aux sociétés les plus endettées et aux titres les moins liquides. A l’inverse, nous avons renforcé le poids des valeurs des secteurs de la santé et de consommation de base.
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