Par Eric Blain, président de Chloé in the Sky (photo © Studio Cabrelli)

Le rôle du conseiller financier évolue à mesure que les enjeux environnementaux deviennent de plus en plus pressants. Depuis le 2 août 2022, ces professionnels de la finance doivent tenir compte des souhaits de leurs clients en matière d'investissement durable. Comment faire face à la fois à une demande authentique des épargnants et à un manque de connaissance qui freine leur passage à l’acte ? Tour d’horizon des réflexions à mener avant d’entamer le conseil.

Quelle gestion du risque ?

Dans un contexte économique incertain, avec un taux d’inflation qui se maintient encore à 4,5% en juin 2023, l’épargnant peut être tenté de se replier sur des placements sans risque. Peut-on cependant relever les défis environnementaux en adoptant une approche prudente et sécurisée ?

L’absence de risque permet-elle de réellement relever les défis environnementaux ?

La réponse est claire : l'innovation, l'adaptation et la prise de risque sont essentielles. Pour provoquer le changement, il est nécessaire de soutenir des innovations qui peuvent transformer notre économie vers plus de durabilité. Les solutions éprouvées doivent bien sûr être financées, mais il est tout aussi important de laisser place à l'expérimentation et à l'incertitude inhérente à tout processus de recherche.

Il ne s’agit pas de pousser à l’imprudence au nom de l’engagement environnemental. La transition vers un modèle économique durable nécessite une prise de risque calculée et une volonté de repousser les limites du statu quo. Un dosage à trouver en fonction de la situation et de l’appétence au risque de chaque client.

Prêter de l'argent ou investir en devenant actionnaire ?

Les épargnants soucieux de l'impact environnemental doivent prioriser l'investissement dans des entreprises engagées. Le simple prêt d'argent a le mérite de réduire les risques pour l'investisseur mais ne procure pas le même impact qu'un investissement en capital frais. Les États et les entreprises sont actuellement confrontés à des niveaux d'endettement sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Investir en devenant actionnaire d'une entreprise est essentiel pour générer un impact plus fort et soutenir son développement.

Pour quel rendement financier ?

La question se pose inévitablement. Alors que la terre brûle et que la biodiversité est en danger, il est temps de revoir notre conception du rendement économique. Les entreprises doivent réaliser qu'une croissance économique incessante n'est plus tenable si nous voulons préserver la planète. Un équilibre doit être trouvé entre l'innovation industrielle et la frugalité, entre la satisfaction des besoins humains légitimes et la préservation des écosystèmes. Le rendement financier doit être réévalué pour intégrer pleinement les dimensions économiques et environnementales.

Des conseillers financiers à l’heure des choix

Les conseillers financiers sont à la croisée des chemins. Ils doivent avant tout repenser leur approche, prendre en compte les défis environnementaux et offrir des conseils pertinents pour un avenir durable.  Mais aussi et surtout se former, ouvrir les boites noires des produits qu’on leur propose de distribuer pour séparer le bon grain de l’ivraie et ne pas contribuer à un greenwashing inefficace.

Il s'agit d'une tâche ardue, mais cruciale pour assurer la prospérité économique et la préservation de notre planète.