Des ratés dans le moteur
Par Eric Lefevre-Pontalis, directeur-responsable de la gestion chez Degroof Petercam.
Le moteur de l’économie mondiale montre des signes de ralentissement et les marchés sur-réagissent à toutes les mauvaises nouvelles. L’affaire Volkswagen, qui est symptomatique de cette fébrilité, a fait chuter les actions à des niveaux proches du creux de fin août. Les craintes du retour de la déflation en raison de la chute brutale du prix des matières premières et la perspective de hausse des taux aux Etats-Unis fragilisent les pays émergents faisant redouter un risque de contagion aux pays développés.
La Chine est bien sûr au cœur de ces inquiétudes. Les indicateurs avancés continuent de se dégrader et la visibilité sur la croissance réelle du pays est toujours très faible. Le gouvernement chinois dispose cependant de nombreuses armes pour lutter contre le risque d’un hard landing et fait dire au président XI Jinping que : « l’économie chinoise doit faire face à des pressions baissières mais elle continue à fonctionner dans une marge satisfaisante ». En effet le gouvernement peut utiliser l’arme budgétaire à travers la relance de grands travaux et engager la privatisation du secteur public : d’ici 2018, l’état va déterminer dans quels secteurs économiques les investissements privés étrangers et chinois seront autorisés.
Le suspense sur la décision de la Réserve fédérale lors de sa réunion de politique monétaire de septembre a pris fin sur un statut quo justifié par la faiblesse des économies émergentes et les turbulences financières de l’été. Le prolongement de la politique de taux zéro ne semblait plus motivé par la dynamique interne mais par des facteurs exogènes ; cela est allé à l’encontre du discours précédent et a semé le trouble dans les marchés. Certes 13 des 17 membres de l’institution envisagent une remontée des taux directeurs avant la fin de l’année mais ce changement de discours démontre la moindre efficacité de la banque centrale dans son action sur l’économie. La révision à la hausse de la croissance du PIB du deuxième trimestre à +3.9% contre +3.7% devrait cependant encourager un relèvement des taux en octobre ou en décembre.
Il y a malgré tous des raisons de rester optimiste. Les pays industriels bénéficient de cours du pétrole très bas (inférieur à 50 dollars/baril) et de prix des matières premières très faibles à l’instar du cours du platine au plus bas depuis six ans et demi. L’Europe bénéficie en plus du renforcement du dollar et la croissance économique bien qu’encore faible montrent des signes d’accélération. Par ailleurs la politique de la BCE reste très accommodante et Mario Draghi (BCE) a confirmé récemment sa volonté d’ ajuster son Quantitative Easing dans son volume, sa composition et sa durée si nécessaire.
Selon l’OCDE, la croissance mondiale, même révisée à la baisse, devrait se maintenir à 3% en 2015 et 3.6% en 2016. Aussi l’atténuation de la crise grecque et l’absence d’effondrement de l’économie chinoise devrait permettre aux marchés actions occidentaux de reprendre leur progression, davantage en Europe qu’aux Etats-Unis, où les valorisations sont plus discutables ou moins attractives.
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