Quel impact du COVID 19 sur nos cabinets ?
Philippe Malatier, associé fondateur de K&P Finance, porte son regard de CGP sur la crise sanitaire et sur son impact côté cabinets de gestion de patrimoine. Un moment complexe où les professionnels ont un vrai rôle à jouer...
Il existe de mon point de vue 4 impacts : celui sur les salariés, celui sur les clients, celui sur les fournisseurs et celui sur notre business.
Salariés en télétravail
L'impact sur les salariés est finalement limité. Nous avons donné la priorité à la santé de nos collaborateurs et aux mesures prises par le gouvernement.
Tout le monde est au télé-travail ! On parle souvent de procédures avec un peu de condescendance et d'approximations. D'une certaine manière, les procédures que nous avions mises en place sur les recommandations de la CNCGP et de notre prestataire compliance nous sont très utiles. Nous avons donc déployé notre plan de continuité de l'activité. Tous les collaborateurs disposent depuis chez eux d'ordinateurs portables, de connexions internet, d'accès aux serveurs de l'entreprise et d'un système de visioconférence commun à tous (à la fois une salle réunion, et une machine à café virtuelle !). Ainsi, nous ne relevons aucun défaut dans la continuité de nos opérations. Nous restons joignables, opérationnels via nos portables ou nos boites mail.
Nous n'avions évidemment pas anticipé le coronavirus, mais depuis un an nous avions pris le parti de digitaliser l'ensemble de nos opérations de compliance (DER, KYC, Lettres de mission) ; là encore face à des clients de plus en plus agiles de leur côté, on note une adhésion totale. Il y a d'ailleurs fort à parier que les process de digitalisation, souvent encore naissants, vont connaitre un fort coup d'accélérateur.
La période étant un peu plus calme, nous allons aussi en profiter pour réaliser des activités que nous n'avions pas le temps de faire. Combien de fois entend-on dans nos cabinets « je n'ai pas le temps » ; là nous allons tâcher de transformer cette période difficile en opportunité ; nous allons donc remettre à jour notre base de données clients, mettre en place dès la semaine prochaine des cessions de formations avec O2S, notre agrégateur, pour encore mieux maitriser l'outil, et attaquer plus tôt que prévu nos packs de formations réglementaires.
Pas de panique chez les clients
Du côté de nos clients, aucun ne se réjouit de la situation actuelle et des impacts potentiels sur leur épargne. Néanmoins, ils abordent sans panique cette nouvelle ère. Là encore les vertus des basiques de notre métier nous renforcent.
En effet, La connaissance de nos clients nous permet de mesurer leur profil de risque, leur horizon d'investissement, leurs objectifs patrimoniaux et d'éviter de jouer les apprentis sorciers. Ainsi même si la période est extrêmement volatile, comme elle est à ce jour, chacun est conscient des risques encourus et n'est pas trop surpris : les profils prudents perdent pas ou peu et les profils audacieux et/ou avec des horizons de placement longs, perdent bien plus. Ces derniers gardent à l'esprit « pas vendu, pas perdu ».
Mieux encore ! de nombreux client assez désinvestis pensent que c'est le moment de porter du risque et veulent rentrer sur les marchés. D'autres prospects que nous avons en portefeuille n'hésitent pas à ouvrir de nouveaux contrats malgré le contexte....
Le deuxième élément est la diversification !!! Ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier ! On ne citera personne, mais prioriser un ou deux seuls secteurs, ou bien une ou deux maisons de gestion est une grave erreur. Certains clients nous reprochent régulièrement de ne pas mettre de façon excessive un fond jugé extrêmement bien noté. Depuis la crise, ils nous remercient d'avoir diversifié leur portefeuille !
Fluidité avec les partenaires
Du côté de nos partenaires, nous notons aussi une certaine fluidité, et aucun mouvement de panique ou d'énervement. Nous pouvons nous en féliciter, et nous les remercions. Beaucoup de nos partenaires assureurs, par exemple, ont déjà bien entamé leur process de digitalisation des opérations. Ceci nous est évidemment très utile et modifiera nos habitudes après la crise. Nos partenaires étant digitalisés, nos propres process l'étant aussi, on se dirige vers une ère du sans papier, ce qui finalement va renfoncer la relation humaine et mettre encore plus en valeur notre rôle de conseil.
Remettre l'église au milieu du village!
Bref, tout le monde aimerait se passer d'une telle période : elle va avoir sans aucun doute , un impact durable sur nos sociétés. Comme après chaque crise des leçons seront tirées, et comme toujours certaines sans lendemain. De notre côté, restons optimistes sur nos business : ces évènements vont avoir à coup sûr un impact à court terme sur notre activité générale et potentiellement sur notre profitabilité, mais cette phase va nous permettre d'accélérer ce que nous mettions déjà en place. Elle va aussi remettre « l'église au milieu du village ». Le conseil adapté, sans promesses excessives, et la réactivité restent plus que jamais des valeurs d'avenir. Les CGP y ont toute leur place !
Vos réactions