Le logement : le grand oublié des ministères ?

Par : Paola Feray

Photos : compte Twitter du ministère du Logement

Déjà grand absent des débats de la présidentielle, voilà que le logement ne s’est même pas vu attribué un ministère, voire un secrétariat d’Etat. Englobés dans le ministère de la Cohésion des territoires, certains professionnels du secteur se sentent oubliés.

Mercredi, l’annonce officielle du nouveau gouvernement par le porte-parole Alexis Kohler sur le perron de l’Elysée n’a pas fait que des heureux. Parmi eux, les professionnels du marché de l’immobilier qui ont très vite réagi, certains positivement, d’autres ne cachant pas leur colère, à l’absence d’un ministère de plein droit. Même Emmanuelle Cosse, jusqu’alors ministre du Logement, ne savait même pas à qui remettre les clés des lieux qu’elle occupait depuis le départ de Sylvia Pinel ! La disparition de ce ministère a suscité nombre de réactions sur la Toile et à grands coups de communiqués.

Etonnement

Et le premier à tirer à boulets rouges, c’est Jean-François Buet, le président de la Fnaim, dont on connaît le franc-parler : « Pour la première fois depuis de nombreuses années le thème du logement est totalement absent dans les attributions gouvernementales, déplore-t-il. Nous […] espérons vivement que cette erreur  sera réparée après les élections législatives. Le quinquennat de François Hollande a apporté de profondes modifications législatives et règlementaires sans que les professionnels de l’immobilier n’aient été réellement consultés ou entendus et nous portions de nombreux espoirs dans ce nouveau gouvernement. Nous restons mobilisés et à l’écoute pour présenter nos propositions de simplification qui ne coûtent rien, seraient positives pour tous et faciliteraient l’accès au logement de nos concitoyens. »

 

Etonnement également plus modéré pour Jean Perrin, le président de l’Unpi (Union nationale de la propriété immobilière) qui, s’il ne voit « aucun ministère ni secrétaire d’Etat au logement nommés », souligne que « le rattachement au ministère de la Cohésion des territoires va dans le sens des propositions de notre Fédération qui est depuis toujours en faveur d’une territorialisation de la politique du logement. […] les propriétaires sont des acteurs essentiels du tissu économique et […] l’immobilier est déjà le secteur le plus taxé alors qu’il produit des emplois et de l’investissement ».

De son côté, le patron du réseau Guy Hoquet, Fabrice Abraham, regrette l'absence d'un « grand ministère».

La Fédération française du bâtiment (FFB) déplore l'absence du logement, de l'artisanat et des PME dans gouvernement d'Edouard Philippe.

Même son de cloche de Jacques Chanut, le président de Fédération française du bâtiment et d’Action logement à Paris,lors du Sommet de la construction qui se déroulait le jeudi 17 mai.

La fédération Droit au logement y est allée de son couplet en dénonçant une « décision qui place les politiques du logement, la lutte contre la crise du logement et le logement cher, en marge des politiques publiques, et pourrait marquer une montée en puissance des milieux de l’immobilier ».

L’important n’est pas le nom, mais l’action !

Si l’annonce du nouveau gouvernement a été marquée par l’absence de ministre du Logement, pour Philippe Taboret, « la question n’est pas là. Il faut que les actions promises soient mises “en marche”. Comment, par qui n’est pas le sujet ? Seuls les résultats comptent… » Le directeur général adjoint de Cafpi signale même que « l’élection d’Emmanuel Macron a rassuré les marchés, par son profil pro-européen. Il n’y aura donc pas de catastrophe sur les taux, qui poursuivront leur hausse lente et légère ». Quant au programme du nouveau président, Philippe Taborêt se réjouit qu’il soit « cohérent. Cafpi attend à présent qu’il soit appliqué pour permettre un accès au logement », en égrenant les mesures promises qui lui semblent favorables, comme privilégier les zones tendues pour la construction, la rénovation avec « le PTZ éco-conditionné qui existe déjà est parfaitement adapté » et enfin, la simplification et stabilité fiscale pour les acheteurs et les investisseurs, affirmant que la réforme qu’il propose de l’ISF n’aura d’impact qu’à la marge, « la grande majorité des acquéreurs n’y sont pas soumis », note-t-il.

« La mise en place de ces mesures, quel que soit le ministre qui en aura la charge, et le choc de l’offre annoncé par le président sont de nature à créer un marché de l’immobilier dynamique, sans flambée des prix, permettant à chacun d’accéder à la propriété, ce qui doit être la priorité », conclut Philippe Taboret.

  • Mise à jour le : 13/12/2021

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