La CNCGP dans la continuité

Par : Benoît Descamps

De gauche à droite : Alain Iteney, Pierre Guedj, Julien Séraqui, Hervé Barthélémy, Grégoire Bourgeois, Bertrand Lefeuvre, François Auvillain, Géraldine Métifeux, Benoist Lombard, Jean-Luc Delsol, Virginie Tricoit, Jean-Christophe Antkowiak, Romarin Billong,  Michel Brunoro.

Crédit photo : OBO/Clan d’œil.fr

Réélu le 21 mars, Benoist Lombard va poursuivre son travail d’équipe pour défendre la profession de CGP, et la faire reconnaître aussi bien par les pouvoirs publics, les épargnants que par les autres professions financières. Le point sur le cahier des charges fixé pour les trois prochaines années.

Alors qu’il avait rappelé à plusieurs reprises que les élections étaient ouvertes à d’autres listes, Benoist Lombard (associé fondateur du cabinet Witam MFO basé à Neuilly-sur-Seine) a été reconduit pour les trois prochaines années à la présidence de la CNCGP (Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine) avec 92 % des suffrages. « Cela prouve que nous avons réalisé un bon travail avec notamment un changement de nom (précédemment Chambre des indépendants du patrimoine, ndlr), un nouveau site Internet, de nouveaux outils (en particulier notre kit réglementaire), et surtout un important travail de lobbying auprès des institutions européennes. La gestion de l’association a d’ailleurs été approuvée à 96 % », se félicite-t-il. Il s’agira de son dernier mandat, conformément aux statuts de l’association.

Le lobbying encore et toujours

Durant ces trois prochaines années, l’équipe de douze personnes emmenée par Benoist Lombard (cf. encadré) compte poursuivre et améliorer ses actions.

Il s’agit, en premier, de son travail de lobbying pour la défense de la profession et plus particulièrement de son modèle économique. « Notre travail a payé et nous devons rester vigilants. En France, nous avons obtenu l’assurance de nos autorités de tutelles et de nos superviseurs que les transpositions des directives DDA et MIF II – que nous préparons – le seront a minima. Mais pour MIF II, nous attendons encore la présentation des actes délégués de l’Esma, l’éventuel report de la mise en place de la directive demandé par Jonathan Hill, le commissaire européen aux Services financiers, et le passage sur ce point devant le Parlement européen. Sur MIF II, Xavier Parrain, le secrétaire général adjoint de l’AMF, a d’ailleurs rappelé que cette directive n’entraînerait aucun changement fondamental, mais des exigences supplémentaires. Reste à bien définir la notion d’amélioration de la qualité du service rendu au client qui nous permettra de justifier la perception de rétrocessions. Concernant DDA, les commissions ne sont pas interdites dans la mesure où elles ne sont pas préjudiciables aux intérêts client. Cette vision plus light nous satisfait et nous devons continuer à œuvrer pour que le texte reste en l’état », rappelle Benoist Lombard.

Outre ce travail, l’association est également consultée actuellement sur une dizaine d’autres textes. Elle travaille également à une simplification des volumes d’heures de formation continue imposés à ses membres selon leurs différents statuts (assurance, CIF, loi Hoguet, IOBSP). Elle milite, en effet, pour que les heures de formation puissent être comptabilisées dans chaque domaine, en un tronc commun, comme sur le dispositif Tracfin.

Le lien naturel entre les professions financières

Ensuite, la CNCGP se positionne également comme un rassembleur des différents acteurs de l’univers du paysage financier pour la constitution d’une task force. « Nous nous sommes aperçus que les institutions discutaient peu, voire pas, entre elles, notamment la FFSA (Fédération française des sociétés d’assurances), l’AFG (Association française de la gestion financière) et la FBF (Fédération bancaire française). Nous souhaitons être le lien entre ces acteurs, notamment par la constitution d’un groupe de travail avec les représentants de la régulation. »

Ces trois organisations ne sont pas les seules à se joindre au mouvement puisque la CSCA (Chambre syndicale des courtiers d’assurance et de réassurances) et la Faider (Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite) sont également citées. Un groupe de travail sur le produit de retraite idéal est d’ailleurs en cours avec la Faider, et rassemble syndicats, économistes ou encore universitaires.

En revanche, s’il avait appelé à la réunion des associations de CIF entre elles, Benoist Lombard déplore que « les discussions soient aujourd’hui rompues. Alors que notre association de CGP est la plus vieille de France et que nos adhérents sont attachés au label qualité de notre association, nous ne souhaitons pas entrer dans un système qui réunirait d’autres professions autres que le conseil en gestion de patrimoine. »

Parvenir à la reconnaissance de la profession

La CNCGP compte également arriver à la clarification du statut de conseiller en investissements financiers (CIF) en scindant les deux métiers : celui de CIF-CGP et celui de CIF-haut de bilan. « Dans son plan stratégique 2013-2016, l’AMF déplorait mal connaître la population des CIF, rappelle Benoist Lombard. Ce n’est plus le cas, et il est désormais indispensable que ces deux activités soient séparées. Par exemple, un DER (document d’entrée en relation) n’a rien à voir entre les deux activités. De même, comment un CIF haut de bilan peut-il rédiger une lettre de mission alors qu’il répond à un appel d’offres ? »

De là à arriver à un statut de CGP ? C’est en tout cas un des moyens. En effet, outre cette distinction et la mise en place d’un tronc commun de formation, la Chambre va militer pour la reconnaissance de la profession via la voie paritaire. « Les heures de formation de nos collaborateurs ne sont pas validées comme il se doit, interpelle Benoist Lombard. Créer un organisme paritaire pourra permettre de reconnaître les formations au titre du CGP. Ainsi, petit à petit, nous allons œuvrer pour la reconnaissance du statut de CGP, tandis que passer par le canal du législateur serait trop complexe. »

Se rapprocher du consommateur

Après avoir réalisé un important travail de rapprochement avec les autorités européennes et françaises, la CNCGP compte s’adresser aux consommateurs et être plus visible dans les médias grand public, non pas par la publicité, mais par l’expertise. « Nous ne sommes que rarement interrogés pour des dossiers techniques. Bien sûr, les élus s’interdisent de répondre à ces questions, mais nous devons avoir des référents sur nos sujets de prédilection », observe Benoist Lombard. Dans ce sens, l’association a signé un contrat avec l’agence de communication Publicis.

La CNCGP souhaite également être davantage sollicitée par les commissions parlementaires d’enquête sur les sujets patrimoniaux. « Si nous sommes devenus des interlocuteurs naturels pour les questions réglementaires – nous participons, par exemple, au comité de pilotage de la transposition de la 4e directive sur la lutte anti-blanchiment et le financement du terrorisme à Bercy, et nous avons été récemment consultés par le Trésor au sujet d’un amendement visant à fixer un plafond aux frais des produits Tepa-ISF –, nous le sommes moins pour des sujets d’épargne et sociétaux qui touchent directement notre activité et nos clients. Or la profession joue pour 9 % de la collecte du marché français et a permis, grâce au système de rétrocession, de favoriser l’émergence de belles sociétés de gestion entrepreneuriales », rappelle Benoist Lombard. « Nous souhaitons également sécuriser l’activité de nos membres. Nous encourageons les CGPI à ne plus exercer seul ou ils disparaîtront à moyen terme. L’exercice en nom propre n’est plus possible, alors que 15 % de nos adhérents exercent encore sous ce statut. Si le CGP décède, ces clients ne seront plus suivis. Nous comptons également accompagner l’avènement des Fintechs à notre service. »

Un travail d’équipe

Si Benoist Lombard est la tête d’affiche de la CNCGP, il se plaît à rappeler que l’association dispose d’un fort maillage territorial et d’une culture du dialogue. La Chambre est en effet organisée autour de douze régions.

D’autre part, elle dispose de cinq délégations régionales. Au total, ce sont vingt-neuf personnes qui sont élues : douze provenant de la liste, cinq administrateurs de région et douze présidents de région. Outre ces membres, la Chambre s’appuie sur un comité de sages composé au maximum de dix personnes et qui réunit d’anciens élus de l’association, de membres éminents de la profession, de partenaires souhaitant contribuer au rayonnement de l’association professionnelle. Ce comité a un pouvoir consultatif que Benoist Lombard n’hésite pas à solliciter fréquemment.

  • Mise à jour le : 26/04/2016

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