Martine Balouka-Vallette, éprise de risque
« Je n’ai jamais eu peur de prendre des risques ». Voilà en une phrase la vision de Martine Balouka-Vallette, directrice générale du groupe Pierre & Vacances-Center Parcs. Et son parcours professionnel lui donne tout à fait raison.
Flash-back sur les années quatre-vingt. Martine Balouka-Vallette est alors vice-président Europe en charge du marketing et des ventes au sein de la chaîne Méridien, et occupe un poste à forte responsabilité envié et enviable. Comme elle le souligne, « j’avais une excellente place et des revenus confortables, sans oublier de belles perspectives de carrière au sein de ce groupe ». Depuis toujours passionnée par le tourisme, elle constate cependant qu’il y a un « chaînon manquant » dans ce secteur. « Il y avait à l’époque, des lacunes dans la façon de développer et de promouvoir le tourisme. Le marketing de services n’existait pas. A mon sens, il fallait développer une stratégie de mise en marché cohérente et efficace, et surtout globale. » Elle décide alors de quitter le groupe Méridien et de créer son propre cabinet conseils spécialisé dans le tourisme et les loisirs avec, comme conviction, que la destination doit être présentée comme un produit touristique à part entière. Elle met en place une démarche volontariste, élabore de nombreux schémas de développement touristique, pour l’outre-mer notamment, et crée de nombreux produits dérivés.
Marque forte pour gros budgets
« Convaincue de la portée économique du secteur du tourisme et de son potentiel, je décide alors de me rapprocher d’un des “big five” cabinets de consulting de la place de Paris, KMPG ». Elle intègre alors KPMG Consulting en tant qu’associée et chargée du pôle hôtellerie-tourisme-loisirs.
Pendant cinq années, elle mène de nombreux audits et participe activement à la réflexion sur la restructuration de la Maison de la France, un contrat décroché par KPMG.
A l’époque, le président de la Maison de la France est un certain… Gérard Brémond, aujourd’hui président du groupe Pierre & Vacances.
Belle rencontre
A cette occasion, elle fait donc la connaissance de Gérard Brémond qui, une fois sa mission terminée, lui propose d’effectuer une étude au sein du groupe Pierre & Vacances. « C’était au moment de la fusion entre Maeva et Pierre & Vacances. Gérard Brémond m’a demandé de suivre et de mener personnellement cette étude. Ce que j’ai fait pendant presque un an. J’ai ainsi découvert l’entreprise, ses métiers et surtout la philosophie de son fondateur qui affirme haut et fort que les conseilleurs sont les payeurs, avec le niveau d’exigence qui en découle », explique-t-elle.
Une fois sa mission accomplie, elle s’apprête à repartir chez KPMG. Mais il n’en sera rien.
Cette mission, si vous l’acceptez…
C’est simple comme un coup de fil, selon le slogan publicitaire d’un célèbre opérateur téléphonique.
Apparemment pas tant que ça pour Martine Balouka-Vallette qui se voit proposer par Gérard Brémond, au téléphone, la direction générale de la branche tourisme de Pierre & Vacances, mais demande quelques moments de réflexion. « C’était une opportunité unique, mais en même temps une très lourde responsabilité. Je ne maîtrisais pas les aspects patrimoniaux de la résidence de tourisme et je n’avais jamais dirigé cinq mille personnes ! Mais Gérard Brémond m’a donné envie de travailler avec lui et j’ai accepté », confie-t-elle. Elle développera ce secteur avec le succès que l’on connaît pendant six ans, jusqu’en 2008.
Et reconnaît avoir formidablement appris sur l’angle patrimonial de l’investissement, ses organisations et ses objectifs, le nécessaire dialogue entre le propriétaire, l’exploitant et le client vacancier. Difficile effectivement d’avoir meilleur professeur que le créateur de la formule !
Un monde d’hommes
Comme dans tant d’autres branches d’activité, le groupe évolue dans un monde où les grandes responsabilités sont majoritairement confiées à des hommes.
Une inégalité qui agace Martine Balouka-Vallette : « d’un homme on dit qu’il a du potentiel, d’une femme qu’elle est performante. Pourquoi la femme doit-elle toujours devoir prouver ce que l’on présuppose acquis pour l’homme ? Nous nous battons pour faire émerger les femmes, les faire reconnaître dans leur globalité. J’espère que, dans dix ans, la journée des droits de la Femme et que les a priori des hommes sur le rôle des femmes en entreprise auront disparu. »
Si elle confesse que ses équipes sont formidables et l’ont beaucoup aidé, on comprend qu’elle a, elle aussi, du faire ses preuves.
Grande voyageuse
« J’ai toujours voulu faire un métier non sédentaire où l’on voyage car j’adore ça. J’ai fait le tour du monde, car très curieuse de découvrir d’autres cultures et rencontrer de nouvelles personnes. On dirige mieux quand on comprend et on s’enrichit des autres », affirme-t-elle.
Un souhait exaucé quand elle se voit confier la direction générale des activités touristiques et immobilières au Maroc avec, entre autres, la création d’un resort au Maroc. Mais en raison du Printemps arabe, le groupe a dû revoir sa stratégie de développement. Martine Balouka-Vallette s’apprête alors à quitter le groupe.
Gérard Brémond ne l’entend pas ainsi et lui propose de diriger Adagio, filiale à 50 % avec le groupe AccorHotels. Mission qu’elle accepte avec grand plaisir « ravie de revenir à l’hôtellerie, de structurer cette activité des résidences urbaines en vue de son développement international et de travailler sur l’aparthotel de demain ».
Pas de temps de pause
Cette mission réussie, Martine Balouka-Vallette entrevoit le moment où elle pourra prendre un peu de recul et s’accorder du temps libre.
« Je souhaitais lever le pied, prendre des vacances, disposer de temps pour profiter de la vie, de ma famille… », admet-elle.
Mais là encore ses projets seront contrecarrés par… un coup de téléphone en fin de soirée. Gérard Brémond lui propose le poste de directrice générale du groupe. « Flattée de sa confiance, et par devoir de reconnaissance vis-à-vis de ce grand monsieur visionnaire, j’ai accepté sa proposition », confesse-t-elle.
La voilà donc repartie à l’assaut de nouveaux défis et en reprenant les rênes, il lui a fallu restructurer toute l’organisation du tourisme, repenser la stratégie des marques, redynamiser les équipes, revoir les offres de tourisme, associer tous les directeurs des marques aux nouveaux développements et poursuivre la transformation digitale du groupe. « J’ai la chance de travailler avec une très belle équipe. J’en suis très fière. Nous avons renoué avec la croissance. Les résultats démultiplient les envies de faire, les forces de prospection et l’esprit d’initiative. »
Beaucoup de questions encore à lui poser sur ses projets, l’avenir du groupe, le développement en Chine, ses futurs voyages, mais… son téléphone sonne.
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