L’impact de la loi de santé et du PLFSS sur le patrimoine des professionnels de santé
Par Sandra Barthélémy, directrice générale de Fiducée Gestion privée (FGP)
Depuis plusieurs semaines, la tension va crescendo entre les professionnels de santé et les pouvoirs publics autour du PLFSS voté d’ici la fin décembre 2014 et la loi de santé débattue dans le courant du premier trimestre 2015, si l’agenda parlementaire est tenu.
Au regard des réactions des professionnels de santé, dont Gérard Maudrux (président de la CARMF), qui prédisent le pire d’ici 2020, les conseillers en gestion de patrimoine indépendants réunis au sein de Fiducée Gestion privée se sont penchés sur les conséquences des mesures gouvernementales pour le patrimoine de ces professionnels.
La mise en place du tiers-payant généralisé nécessite un paiement rapide de la part de l’Etat. Or, ce n’est pas le meilleur payeur de France. Et même si ce délai se révèle effectivement court, les professionnels de santé n’étant plus immédiatement rémunérés comme c’est le cas aujourd’hui, devront disposer d’une trésorerie suffisante pour financer les dépenses quotidiennes récurrentes ou imprévues. Pour contourner cette difficulté, les professionnels de santé auront besoin de solution de cash-management adaptées à leurs problématiques propres.
Dans le même temps, les professionnels de santé vont subir une baisse des honoraires. Ce qui induit une augmentation de l’activité du professionnel de santé pour maintenir ses revenus ou éviter une chute trop importante de ceux-ci. Mais il est plus probable que les professionnels de santé connaissent une baisse de revenus significative pour un niveau de charges en hausse, y compris pendant la phase de montée en charge de la hausse des actes médicaux.
Si la dégradation des conditions d’exercices se concrétisent effectivement par l’engorgement des salles d’attentes et débouchent notamment sur un burn out en raison d’un surcroît d’activité, il faut s’attendre à une envolée des primes d’assurances pour la prévoyance ou à une dégradation des garanties souscrites. Ce type de couverture est vitale pour un professionnel de santé et ses patients.
Cette perspective va réduire la capacité d’épargne des professionnels de santé restés en activité libérale et notamment leur capacité à préparer leur retraite. L’espoir de revendre à meilleur prix leur activité libérale est vain. La valorisation de cette dernière va aussi diminuer alors qu’elle ne vaut déjà plus grand-chose. Nous partageons la perspective annonçant la fin de la médecine libérale traditionnelle au profit des sociétés d’exercice libéral, dont le professionnel de santé sera le premier actionnaire avec ou sans la participation d’autres professionnels. Par ce biais, c’est une formidable occasion de retrouver une forme d’autonomie dans l’exercice de la médecine et d’arriver à une équation économique viable : le patrimoine personnel n’étant plus imbriqué avec le patrimoine professionnel. La valorisation de ce dernier dépasse la seule activité libérale et intègre aussi les investissements immobiliers et matériels.
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