Frédéric Zablocki (Entrepreneur Venture) : « La reprise pourrait être forte, même si elle sera graduelle »
Dans ce contexte de crise du Covid-19, Frédéric Zablocki, CEO d’Entrepreneur Venture, nous expose comment ses équipes soutiennent les entreprises financées et se veut rassuré par les mesures prises par le gouvernement pour passer le cap.
Profession CGP : Durant la période de confinement, comment gérez-vous vos investissements ?
Frédéric Zablocki : Nous sommes mobilisés auprès des sociétés dans lesquelles nous avons investi et nous redoublons d’efforts pour les soutenir. Nous avons regardé en premier lieu les entreprises dont l’activité est la plus impactée par le Covid-19 en termes de perte de chiffre d’affaires, de problème de production à l’arrêt pour faute d’approvisionnement, de décommandes de la part de grands groupes, de difficultés d’exportation… Le problème est le gel des activités.
Nous opérons alors un diagnostic de la trésorerie pour voir si elles ont les capacités de surmonter cette étape et envisageons avec elles les dispositifs exceptionnels mis en place par le gouvernement, en particulier les prêts garantis par l’Etat et le recours au chômage partiel. Nous pouvons aussi compléter ces dispositifs dans certains cas avec investissement complémentaire par nos fonds.
Nous avons vécu des crises majeures, celles de l’éclatement de la bulle Internet et des subprimes, ces expériences nous serviront aujourd’hui pour surmonter les difficultés actuelles.
Quelles sont les différences entre cette crise et les précédentes ?
F. Z. : La crise de 2000 a mis à l’index un secteur en particulier et fait éclater des problèmes de survalorisation. Celle de 2008 concernait, suite à la fragilisation du système financier, des coupes des lignes de crédits bancaires et a provoqué un gel des investissements. Contrairement à ces deux crises, on peut penser que la reprise pourrait être forte, même si elle sera graduelle.
Les mesures prises par le gouvernement sont-elles suffisantes ?
F. Z. : La réponse est meilleure que lors de la crise de 2008, car l’argent est injecté plus directement dans les entreprises et le chômage partiel évite les licenciements. Grâce à ces liquidités, on devrait limiter les dépôts de bilan.
Ces mesures devraient nous permettre de conserver le savoir-faire de nos entreprises.
Comment pilotez-vous vos fonds dont la clôture est proche ?
F. Z. : Deux de nos fonds sont proches de leur liquidation et donc déjà fortement constitués de cash. Néanmoins, nous nous préparons à proroger leur durée de vie de six mois pour finaliser les sorties au mieux dans un contexte « normalisé ».
La période actuelle est-elle propice au lancement d’un nouveau fonds ?
F. Z. : Les fonds futurs pourront bénéficier d’opportunités de marché. Néanmoins, c’est surtout notre fonds d’investissements secondaires que nous avons lancé en fin d’année dernière qui le permet actuellement. Le FPCI Entrepreneurs et Opportunités vise, en effet, le rachat de participations minoritaires et peut capter certains deals attractifs car certains investisseurs ont des besoins de liquidité actuellement. Les décotes peuvent être importantes.
Il est donc pertinent d’investir dans le private equity aujourd’hui ?
F. Z. : Tout à fait, notamment pour un investissement en actions. Sur le long terme, le private equity préserve les épargnants de la volatilité des marchés et le temps préserve ses investissements. D’ailleurs, si nos fonds de la gamme FCPR Entrepreneur et Rendement sont déjà ouverts à la souscription dans plusieurs contrats de Spirica, nous travaillons au référencement de notre offre chez plusieurs autres grandes compagnies dès cette année.
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