Bruno Zaraya (Ginjer AM) : « Notre exposition aux actions est légèrement inférieure à 80 % »
Depuis bientôt sept ans, Ginjer AM gère un seul et unique fonds, Ginjer Actifs 360, en se basant sur sa matrice des risques, un outil propriétaire permettant à ses gérants d’éliminer les bruits de marché. Bruno Zaraya, associé en charge du développement, nous présente la société, sa méthodologie de gestion et les convictions actuelles des gérants.
Profession CGP : Pourriez-vous nous présenter votre société ?
Bruno Zaraya : Ginjer AM est une société de gestion indépendante, créée en juillet 2011. Agréée en tant que Jeune entreprise innovante par le ministère de la Recherche pour nos travaux sur la dynamique de marchés et les nouveaux risques en jeu, nous gérons actuellement près de 400 millions d’euros. La société est à taille humaine, avec huit professionnels issus de sociétés de gestion renommées, telles BNP Paribas AM, Edmond de Rothschild AM, Lyxor AM, HSBC et Natixis.
Léonard Cohen et Charles Fischer assurent la gestion de notre unique fonds, Ginjer Actifs 360, depuis sa création le 30 novembre 2011. Ils disposent tous deux de plus de quinze ans d’expérience dans la gestion.
Capitalisée à hauteur de 83 % par les associés, Ginjer bénéficie également du soutien financier de BNPP AM qui détient 17 % du capital. Nos clients sont aussi bien des institutionnels (assureurs, caisses de retraites, mutuelles, etc.), des banques privées, des Family Offices que des conseillers indépendants, qui nous utilisent en diversification de leur gestion traditionnelle.
Quelle est votre méthodologie de gestion ?
B. Z. : Les marchés financiers ayant évolué suite au développement de produits et stratégies complexes, Ginjer a su intégrer à son approche fondamentale une matrice des risques permettant de tenir compte des effets mécaniques de l’utilisation de produits complexes sur les marchés. Grâce à des alertes, cette matrice permet d’identifier les nouveaux liens mécaniques entre les actifs financiers et les interactions et perturbations qui en découlent. Par exemple, les couvertures ou le retrait de protections sur certains titres entraînent des mouvements de marché automatiques ; idem pour l’utilisation de nouveaux instruments, tels les CDS. Cela permet de déterminer les véritables inflexions de marché pour prendre les bonnes décisions d’investissement en toute transparence. Cette matrice des risques est donc une aide à la décision à chaque étape du processus d’investissement qui permet de définir l’allocation d’actifs.
Au niveau des actions, l’univers d’investissement se compose des six cents valeurs du Stoxx 600 Europe, puis est réduit à une liste éligible de cent-cinquante valeurs émanant d’un scoring. La confrontation entre l’analyse fondamentale et notre matrice des risques permet de décider si les signaux sont cohérents et de sélectionner les différents titres admissibles. Au final, cette approche bottom-up permet d’aboutir à un portefeuille sans contraintes en termes de limite pour chaque poche d’actifs (obligations, du cash, des convertibles et des actions).
Quels sont les indicateurs de votre matrice de risque actuellement ?
B. Z. : Dès le mois de mai, nous avions constaté une hausse du risque sur la Turquie (4 sur une échelle de 0 à 5), puis sur l’Italie (2 sur une échelle de 0 à 5). Toutefois, en dépit des inquiétudes fortes des marchés, notre matrice reste une nouvelle fois étonnement stable, à des niveaux très bas sur les pays occidentaux. La France, l’Allemagne, l’Espagne ou encore les USA sont à 0.
Mieux, les secteurs très fortement attaqués depuis quatre mois (valeurs cycliques et financières) ne portent pas de risques comparables, ce qui implique qu’ils devraient rebondir fortement.
Rappelez-vous de 2016 (Brexit, élection de Donald Trump, etc.) ou même des inquiétudes sur la Chine en 2015 : ces risques étaient identifiés dans notre matrice, mais qui ne se propageaient pas aux autres pays. Face à l’accumulation de ces peurs, nous avions suivi notre modèle, fait le dos rond et conservé notre cap.
Quel est votre niveau d’exposition actuellement ?
B. Z. : Notre processus de gestion est construit autour du lien entre les nouveaux risques propriétaires et exposition au marché actions. Ainsi, depuis le début de l’année, seule la hausse du risque sur l’Italie nous a fait réduire marginalement notre exposition aux actions pour la placer légèrement en dessous de 80 %.
En effet, les autres pays européens n’ont pas été affectés dans notre analyse propriétaire, comme cela avait pu être le cas en 2008 ou en 2011. Nous restons donc confiants pour la suite et nous nous attendons à des rebonds violents portés par les cycliques et les financières qui ont fortement été impactées dans cette période de doute.
Comptez-vous prochainement lancer un nouveau fonds ?
B. Z. : Dans ces mouvements de plus en plus fréquents de hausses et de baisses des marchés, nous pensons que la démonstration d’une analyse stable intéressera de plus en plus les investisseurs. La proposition actuelle est celle qui finalement rencontrera le plus grand nombre d’investisseurs dans la durée.
Nous avons beaucoup à prouver dans ces phases heurtées, mais à l’image de ce que nous avons fait en 2015, 2016 ou 2017, nous pensons que dans un monde à taux 0, la capacité à dissocier la peur du risque permettra, si la stratégie est cohérente, de répondre aux besoins de rentabilité des clients dans la durée, tout en évitant les fausses pistes de plus en plus nombreuses.
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