Meyer Azogui : « nous avons 100 % de notre destin en mains ! »
Le mercredi 28 mars dernier, le groupe Cyrus annonçait avoir fait évoluer son capital, avec la sortie du fonds d’investissement BlackFin Capital (34 % du capital) au profit des collaborateurs et actionnaires historiques du groupe. Cette opération est financée par la mise en place d’une ligne de crédit consentie par Ardian, un des leaders mondiaux de l’investissement privé (67 milliards de dollars gérés ou conseillés). Meyer Azogui, président du groupe Cyrus, revient sur les contours de l’opération et ses objectifs.
Profession CGP : Pourquoi avoir procédé à cette nouvelle opération capitalistique ?
Meyer Azogui : De manière très naturelle, puisque BlackFin avait vocation à mettre un terme à son investissement au bout de cinq ans. Nous en sommes au 5e LBO sachant que dans le passé, nous avons été accompagnés par des industriels du secteur, puis par des fonds d’investissement.
Pour mener à bien cette sortie, plusieurs propositions nous ont été faites. Nous avions le choix entre un nouvel accompagnement en Equity ou un financement en dette. Nous avons opté pour cette seconde option qui nous permet de maîtriser la totalité de notre capital, tout en disposant d’une ligne de crédit conséquente pour accompagner nos ambitions de développement.
Cette opération prouve notre confiance en notre marché, notre modèle et nos équipes. De cette façon, nous simplifions la gouvernance et avons les coudées franches pour réagir avec plus de souplesse et déployer notre stratégie de façon plus rapide.
Nous avons par ailleurs préféré partager la création de valeur future avec l’ensemble des associés et des collaborateurs plutôt qu’avec un fonds.
Comment se répartit désormais le capital du groupe ?
M. A. : Cette opération a permis de l’ouvrir à de nouveaux salariés et de renforcer les positions d’autres collaborateurs-actionnaires. Désormais, le capital du groupe est détenu par 65 collaborateurs, dont 22 associés et l’équipe dirigeante dispose de la latitude pour mener à bien ses projets.
Au niveau de la gouvernance, je reste président et José Zaraya, directeur général. Nous avons, d’autre part, renforcé la direction de Cyrus Conseil en nommant Raphaël Saier directeur général délégué, et en promouvant différents directeurs de services prometteurs.
Quels sont vos objectifs ?
M. A. : Nos objectifs sont très ambitieux, puisqu’il s’agit de créer une marque francophone forte, une marque "réflexe" dans le domaine de la gestion privée et de la gestion de fortune en France. Or, nous estimons que notre croissance organique, déjà importante, ne suffit plus pour atteindre notre ambition. Dès lors, notre projet de développement repose sur trois axes :
- poursuivre notre croissance organique, par le recrutement de nouveaux collaborateurs et associés talentueux (essentiellement des consultants patrimoniaux) ;
- accélérer notre croissance externe sur chacun de nos trois métiers ;
- et développer des activités nouvelles.
En termes de croissance externe, quelles sont vos ambitions ?
M. A. : Si tous n’en ont pas encore conscience, MIF 2 constitue un vrai virage pour la structuration de notre profession. La ligne de crédit ouverte par Ardian, nous permet d’avoir les moyens d'être un pôle d’attraction pour regrouper des structures partageant nos valeurs. Alors que nous n’avons opéré que très peu de rachats de cabinets – intégration du cabinet Alain Langlet basé à Caen en 2010 et acquisition récente du cabinet Seine et Saône de Sylvain Theux –, nous comptons accélérer ces rapprochements. Nous voulons intéresser des CGP qui comptent cesser leur activité pour des raisons de départ à la retraite ou changement de vie, mais aussi permettre à des indépendants de s’adosser à une structure leur permettant d’exercer leur métier en toute sérénité tout en monétisant partiellement ou totalement le fruit de leur travail sur ces dernières années. Ce type d’opération leur permettra de réaliser la cession de leur cabinet et d’intégrer le capital de Cyrus. Avec nous, ils rejoignent un projet ambitieux de développement et se doteraient des armes nécessaires à la conquête de clients importants qu’ils n’osent pas toujours approcher faute de moyens ou de temps suffisants. Ils continuent à exercer leur profession dans le cadre d’un modèle d’intrapreneuriat leur permettant de s’enrichir à la fois par le revenu et le capital tout en participant à une belle aventure humaine.
Pour l’activité de conseil en gestion de patrimoine, Cyrus Conseil compte également se doter de structures à l’étranger (plutôt par rapprochement) pour suivre nos clients expatriés. Je pense ici au Luxembourg, à la Belgique ou encore à la Suisse. En France, nous allons prochainement ouvrir un bureau à Nice.
Cette stratégie de croissance externe concernera également Eternam, notre filiale immobilière qui connait un très beau développement sous la houlette de José Zaraya et de ses équipes, et Invest AM, notre société de gestion de portefeuille dont nous étendons le périmètre d’intervention.
Au final, nous voulons accélérer notre croissance tout en gardant une dimension humaine qui a fait notre différence depuis l'origine ; c'est un challenge que nous voulons relever avec l’appuis de nos confrères.
Nous comptons conforter notre marque et notre valeur ajoutée à l’heure où la clientèle des personnes disposant entre 1 et 5 millions d’euros de patrimoine ne trouve pas toujours l'offre qu'elle attend dans les banques privées. En effet, si nos compétences et offres sont à la pointe, la notoriété devient incontournable pour pouvoir emporter la confiance de nos futurs clients. Nous positionnons Cyrus comme une marque de luxe accessible.
Qu’entendez-vous par la création d’activité nouvelle ?
M. A. : Il s’agit de s'adresser à notre clientèle différemment, mais aussi de créer de nouveaux modèles d’accompagnement de nos confrères CGPI, avec eux, pour leur permettre de se développer sur une clientèle plus fortunée.
Sur le plan chiffré où en est le groupe ?
M. A. : Nous avons collecté 400 millions d’euros l’an passé ; un niveau élevé quand on sait que nous disposons de 55 consultants patrimoniaux. Ce chiffre a pu être atteint grâce à l’importance et la qualité de nos fonctions supports (deux collaborateurs pour un consultant). Nos encours atteignaient 3,4 milliards d’euros à fin 2017. Cette année, hors croissance externe, notre objectif est d’atteindre les 450 millions d’euros de collecte.
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