Les ambitions de développement de Louvre Banque Privée
© Louvre Banque privée/JulienMillet
Renommée Louvre Banque Privée, il y a un peu plus d’un an, la filiale de banque privée de la Banque postale connaît une forte croissance, notamment impulsée par sa présence sur tout le territoire français. Et les ambitions de développement restent élevées, pour passer de 15 à 25 milliards d’euros d’encours en moins de trois ans.
Dans le cadre de son plan stratégique 2025, la Banque postale a intensifié la diversification de ses activités en accélérant le développement de sa banque privée. Une nouvelle étape a été franchie récemment, avec sa nouvelle dénomination. En effet, depuis plus de dix ans au sein du groupe la Banque postale, BPE est devenue Louvre Banque Privée, en mai 2022, avec Jean-Marc Ribes en tant que président du directoire, tout en déménageant son siège au sein d’un immeuble de la Poste situé rue du… Louvre !
« La Banque postale est la banque de tous. Elle s’adresse donc aux plus fragiles, mais aussi aux plus aisés, avec la vocation de les accompagner tout au long de leur vie, affirme Aurélie Tristant, membre du directoire de Louvre Banque Privée depuis 2018 et présidente de Louvre Banque Privée Immobilier Conseil (LBPIC) depuis 2020. La BPE disposait d’une belle image, mais nous avons souhaité accélérer le déploiement de la marque, le Louvre représentant des valeurs de solidité, de patrimoine et l’image de la France, tout en y associant l’oiseau de la Poste dans son logo. »
Proximité, expertise et inclusion
Ce changement de dénomination a également pour objectif de réaffirmer les trois piliers sur lesquels repose l’entité acquise auprès du Crédit mutuel Arkéa, fin 2013, et qui fête cette année son soixantième anniversaire : être une banque d’expertise et de proximité avec un fort maillage territorial, et réaffirmer ses valeurs, notamment en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap et en menant des projets philanthropiques dans ce sens. « L’inclusion est un défi majeur de notre société, développe Aurélie Tristant, pas moins de 12 millions de personnes sont en situation de handicap en France et 80 % de ces invalidités sont invisibles. Nous avons décidé d’accélérer depuis trois ans en sensibilisant nos clients à ce sujet par le biais de la philanthropie. Concrètement, Louvre Banque Privée a participé à la création de Station Debout, en partenariat avec l’IRME (Institut pour la recherche sur la moelle épinière et l’encéphale), financée grâce à des dons et inaugurée le 26 janvier dernier en présence du président de la République. Il s’agit d’un centre de rééducation installé dans nos locaux, rue du Louvre, et permettant aux personnes à mobilité réduite d’exercer une activité sportive, notamment grâce à un exosquelette. Cela sensibilise aussi bien nos clients, que nos collaborateurs et nos partenaires. Les dons collectés servent pour moitié à financer ce centre de sport et l’autre moitié est destinée à la recherche. Par ailleurs, nous jouons notre rôle d’employeur inclusif : 7,64 % de nos collaborateurs sont en situation de handicap au sein de la banque privée et 6 % pour notre filiale LBPIC. »
Une grande proximité
Depuis son intégration au groupe la Poste, la structure a connu un développement significatif ces dernières années, passant de 2 milliards d’euros d’encours sous gestion, il y a un peu moins de dix ans lors du rachat de BPE, à 16,7 milliards d’euros actuellement (contre 15 milliards d’euros à fin 2022).
Par ailleurs, son encours de crédit atteint désormais 4,9 milliards d’euros. « Nous avons connu une forte croissance qui s’est accélérée au fil des années, grâce à un maillage territorial dense, indique Aurélie Tristant. Notre volonté est d’apporter les expertises d’une banque privée au plus proche de nos clients. Nous avons à la fois entrepris une démarche de conquête de nouveaux clients, mais aussi d’accélération des synergies avec la banque de détail. Etre la filiale de la Banque postale et de la Poste confère un sentiment de confiance à nos clients et nous permet d’accéder à un bilan de qualité pour pouvoir financer les opérations de nos clients. »
Ainsi, Louvre Banque Privée s’appuie aujourd’hui sur vingt-sept pôles de gestion privée et quatre-vingts espaces dédiés dans les bureaux de Poste, dans lesquels sont installés des banquiers privés, ce qui permet de faciliter les synergies avec la Banque postale. La structure compte ainsi plus de cent implantations dans plus de quatre-vingt-dix villes de France, mais aussi en outre-mer. « En 2016, nous n’avions aucun espace de banque privée en bureau de Poste. C’est désormais plusieurs dizaines ! se félicite Aurélie Tristant. Nous avons, au fur et à mesure, affiner notre présence nationale, y compris dans les villes de taille moyenne. » Et le maillage territorial s’intensifie encore cette année, en ligne avec les objectifs du plan de développement à horizon 2025 qui prévoit d’atteindre les cent-cinquante espaces.
Au total, Louvre Banque Privée s’appuie sur cinq cents collaborateurs, tandis que Louvre Banque Privée Immobilier Conseil compte une cinquantaine de salariés pour sa part. « Nous étions trois-cent-cinquante il y a cinq ans », relève Aurélie Tristant. Parmi les cinq cents collaborateurs, plus de deux cent sont des banquiers privés, véritables chefs d’orchestre de la relation client avec les différents métiers d’expertise.
Pour accompagner cette croissance, de nouveaux banquiers privés sont recrutés aussi bien en interne qu’en externe. Ce développement de la force commerciale se couple d’un renforcement des expertises en support. La banque compte recruter deux-cent-cinquante nouveaux collaborateurs sur les trois prochaines années, dont une centaine dédiée aux espaces en bureaux de Poste.
Cinq pôles d’expertise
Les expertises sont regroupées autour de cinq pôles :
- l’ingénierie patrimoniale, avec six ingénieurs patrimoniaux pour prodiguer un conseil en organisation patrimoniale sur les plans juridique et fiscal ;
- l’allocation d’actifs via le service de gestion de fortune qui permet de réaliser les sélections des meilleurs véhicules d’investissement sur toutes les classes d’actifs (une quinzaine de sélectionneurs de produits dont une partie basée en région) ;
- le financement ;
- la gestion sous mandat sur les marchés actions, laquelle est réalisée à 100 % selon des critères ESG depuis juillet 2021 ;
- et la sélection de programmes immobiliers, via Louvre Banque Privée Immobilier Conseil, sur tous les dispositifs (nu et meublé). La structure a réalisé plus de mille trois-cent-cinquante ventes immobilières l’an passé.
S’agissant de l’offre, celle-ci se veut large, en architecture ouverte et donc fortement imprégnée d’une dimension responsable. « Nous avons décidé d’adopter un prisme ESG important, précise Aurélie Tristant. Cela vaut pour notre gestion sous mandat, mais aussi pour nos produits structurés (EMTN APE) qui ont tous un sous-jacent ISR depuis janvier 2021. De même, nous avons récemment ajouté à notre gamme de produits des groupements fonciers forestiers. » Par exemple, la banque privée a lancé, début 2021, BPE Green France 2031, une obligation verte dédiée à sa clientèle privée et émise par la Banque postale, dont les fonds levés ont été alloués au financement de projets à caractère environnemental.
La gestion sous mandat pour les clients de Louvre Banque Privée, 100 % ESG, repose aussi sur l’architecture ouverte, avec environ 50 % de fonds gérés par des sociétés en dehors du groupe. Cette architecture ouverte est également valable en matière d’assureur avec sept compagnies différentes, dont CNP Patrimoine et CNP Luxembourg.
A partir de 250 000 euros
La structure s’adresse à une clientèle disposant d’au moins 250 000 euros d’épargne et a vocation à les accompagner sur le long terme et sur plusieurs générations : de la constitution du patrimoine à sa cession-transmission, en passant par sa valorisation et sa sécurisation.
Pour les clients disposant d’au moins 500 000 euros, plutôt 1 million d’euros, un segment de gestion de fortune leur est destiné. « Notre moteur est la satisfaction de nos clients que nous entretenons grâce à notre proximité, notre expertise, une offre de qualité…, réaffirme Aurélie Tristant. Durant la période de la crise sanitaire, nous avons su entretenir avec eux un dialogue permanent. »
La banque privée a su également s’adapter aux nouvelles typologies de clients et à leurs attentes. Aurélie Tristant poursuit : « Nous nous adressons également à la clientèle des entrepreneurs intervenant dans la Tech. Le groupe reste d’ailleurs à la pointe pour accompagner cette nouvelle typologie de clients fortunés, puisque nous disposons de notre propre incubateur, plateform58. Ces clients sont en attente de sécurisation de leur patrimoine dès lors qu’ils réalisent la cession de tout ou partie de leur activité. En effet, alors qu’ils ont su prendre des risques dans leurs affaires, ils sont le plus souvent attirés par l’immobilier. On note également une forte demande en termes d’accompagnement dans la structuration de leurs actifs. Globalement, nous observons une tendance à l’organisation transgénérationnelle des patrimoines, donc davantage d’anticipation dans la transmission et la cession des actifs, ainsi qu’à un besoin de diversification des actifs. Outre l’immobilier qui reste très apprécié par nos clients, le Private Equity est de plus en plus demandé. Dans ce sens, nous avons enrichi notre offre via un fonds de fonds très diversifié sur le plan géographique. »
En début d’année, Louvre Banque Privée a aussi noué un partenariat de distribution avec OneRagtime pour offrir à ses clients l’accès à un portefeuille diversifié de start-up innovantes (capital-risque early-stage).
Entre l’intensification du maillage territorial et l’élargissement de l’offre et des expertises, Louvre Banque Privée se donne donc les moyens d’atteindre son objectif des 25 milliards d’euros d’encours, d’ici fin 2025. « Notre activité devrait nous permettre d’y parvenir puisque nous avons collecté 1 milliard d’euros sur le premier trimestre 2023 », se félicite Aurélie Tristant.
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