Amplegest-Octo AM, les raisons de la fusion
Mi-octobre, Amplegest annonçait avoir acquis 65 % d’Octo Asset Management. Arnaud de Langautier, président d’Amplegest, et Matthieu Bailly, cofondateur et directeur général d’Octo Asset Management, reviennent sur les tenants et aboutissants de cette opération.
Profession CGP : Pourquoi avez-vous décidé d’unir vos deux sociétés de gestion ?
Arnaud de Langautier : Nos savoir-faire sont très complémentaires et le levier commercial est important, puisque seulement 30 % de nos clients sont communs. Octo Asset Management est une des rares sociétés de gestion entrepreneuriales françaises spécialisées sur la classe d’actif obligataire. Elle s’adresse aux institutionnels, aux sociétés de gestion de portefeuille n’ayant pas toujours cette compétence en interne et aux entreprises pour la gestion de leur trésorerie. De son côté, Amplegest exerce deux métiers, la gestion de fonds actions et la gestion privée.
Outre cette évidente synergie d’offres, l’environnement impose une consolidation du secteur. D’une part, la réglementation nécessite d’investir dans des outils et des hommes, et, d’autre part, les exigences en termes de taille de fonds des investisseurs ont considérablement augmenté ces dernières années.
Le seuil d’encours sous gestion nécessaire pour qu’un asset manager exerce confortablement a beaucoup augmenté. Lorsque j’ai intégré Amplegest en 2010, il était d’environ 500 millions d’euros, il est désormais de 1 milliard d’euros et demain il atteindra vraisemblablement les 2 milliards d’euros !
Matthieu Bailly : Octo Asset Management est en effet spécialisé sur la gestion obligataire, un métier qui suppose de gros volumes et qui est donc le plus souvent adressé par de grands intervenants institutionnels. Nous sommes, en quelque sorte, le sous-traitant obligataire pour certains investisseurs qui souhaitent déléguer tout ou partie de leur poche taux et crédit. Cependant, vu les volumes d’investissement sur cette classe d’actifs où les tickets dépassent souvent les 10 millions d’euros, il nous était nécessaire de grossir pour lever les sujets de ratio d’emprise sur nos fonds qui évoluent pour le moment entre 20 et 100 millions d’euros.
Quelle est la philosophie de gestion d’Octo Asset Management ?
M. B. : Nous sommes des spécialistes de la dette d’entreprise et, à l’inverse des gros intervenants, nous proposons des solutions flexibles et non benchmarkées. Dès lors, notre offre se décline en fonction de l’horizon d’investissement de l’investisseur ; et donc plus l’horizon est long, plus l’investisseur sera exposé à une typologie de crédit plus risquée ou internationale ; le tout avec plus ou moins de flexibilité sur la sensibilité aux taux d’intérêt également.
Nos quatre fonds sont Octo Tréso-Crédit, Octo Crédit Court Terme, Octo Crédit Convictions et Octo Crédit Value ; le premier étant un fonds monétaire AMF et le dernier pouvant être investi jusqu’à 100 % en crédit à haut rendement et sans contrainte de maturité ou de zone géographique.
A. d. L. : Cette compétence sur les marchés de taux complète parfaitement notre palette de services, aussi bien sur la clientèle institutionnelle que pour les mandats de gestion prudents de nos clients privés.
Que représente le nouvel ensemble ?
A. d. L. : Côté Amplegest, nous disposons d’environ 1,2 milliard d’euros d’encours en gestion privée et 600 millions d’euros en gestion collective, dont 400 millions sont gérés pour le compte de la gestion privée.
M. B. : Chez Octo Asset Management, les encours, issus exclusivement d’investisseurs professionnels, atteignent 200 millions d’euros sur quatre fonds et ont régulièrement progressé : 2 millions d’euros lors de notre création en 2011, puis 50 millions d’euros en 2014, 80 millions en 2015 et 200 millions en 2018. Les effectifs seront, quant à eux, portés à une quarantaine de personnes.
Comptez-vous d’ores et déjà lancer un nouveau fonds associant vos approches ?
A. d. L. : Pas à court terme, car nous disposons déjà de sept fonds ouverts et nous souhaitons d’abord rester concentrés sur nos expertises respectives. Néanmoins, il peut exister une opportunité pour créer des fonds datés, une solution qui intéresse notre clientèle privée pour son approche claire et la visibilité de leur investissement.
Comptez-vous davantage aborder le marché des conseils en gestion de patrimoine ?
M. B. : Chez Octo Asset Management, nous avons des demandes régulières de référencement. Les conseils en gestion de patrimoine nous connaissent donc et suivent nos publications, mais nous n’avons pas franchi cette étape. Amplegest va nous permettre d’ouvrir des portes.
A. d. L. : Chez Amplegest, nous avons déjà référencé nos solutions sur les plates-formes. Ce marché suppose de réunir trois critères :
- des fonds performants, ce qui est notre cas avec des fonds visibles, notamment Amplegest PME, Amplegest Mid Caps et Amplegest Pricing Power ;
- une marque : nous apparaissons de plus en plus comme une boutique entrepreneuriale dynamique ;
- et une force commerciale dédiée aux CGP.
Ce dernier point nous manque, mais nous devrions prochainement franchir le pas.
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