L’effet QE accroît considérablement l’appétence au risque des assureurs
Selon l’étude annuelle commandée par BlackRock et menée auprès d’assureurs ayant plus de 6 500 milliards de dollars d’actifs, soit 5 894 milliards d’euros, l’assouplissement des politiques monétaires pousse les sociétés d’assurance à relever le niveau de risque de leurs investissements afin de protéger leurs marges.
Dans un contexte de politique monétaire assouplie, de rendements obligataires très bas et de croissance économique hésitante, la 4e édition du FIG Survey, étude réalisée chaque année par BlackRock en partenariat avec l’Economist Intelligence Unit, démontre que l’impact du QE sur le prix des actifs a presque doublé l’appétence au risque des assureurs. 57 % d’entre eux comptent s’exposer davantage au risque sur les douze ou vingt-quatre prochains mois, contre 33 % il y a un an.
Les défis de la politique monétaire
Les assureurs doivent arbitrer entre l’effet positif que l’assouplissement quantitatif et la politique monétaire ont eu sur les prix des actifs et la croissance, et les déséquilibres à long terme qui peuvent en découler. 49 % ont changé significativement leur stratégie d’investissement en réponse au QE et à la politique monétaire et 43% envisagent d’en apporter d’ici les douze ou vingt-quatre prochains mois. Pour 83 % des assureurs, le QE et la politique monétaire actuelle continueront d’avoir un impact sur le niveau des prix dans les deux prochaines années.
Pourtant, nombreux sont ceux aussi qui s’inquiètent des déséquilibres que pourraient créer ces réalités sur les marchés et leurs conséquences négatives sur l’économie, mais aussi de l’environnement insoutenable qu’elles créent pour le secteur de l’assurance. Le niveau durablement bas des taux d’intérêt est considéré comme le principal risque de marché (44 %), suivi par une forte hausse des taux d’intérêt (36 %) et une correction des prix des actifs (33 %).
De ce fait, afin de bénéficier d’une marge de manœuvre suffisamment large dans le futur, près de la moitié des répondants (49 %) prévoit d’accroître la part des liquidités dans les douze ou vingt-quatre prochains mois. Plus d’un tiers (36 %) comptent augmenter leurs liquidités de façon plus générale. Plus important encore : près de la moitié d’entre eux (45 %) entendent augmenter la part de risque de leur portefeuille.
Une tendance aux crédits alternatifs
82 % prévoient d’augmenter la part de leur allocation dans une ou plusieurs classes d’actifs de type crédits alternatifs générateurs de rendement, telles que la dette en immobilier commercial, le prêt direct aux petites et moyennes entreprises (PME) et le prêt commercial direct – les banques en étaient traditionnellement des spécialistes.
L’étude délivre là un enseignement particulièrement intéressant car, jusqu’à présent, les assureurs avaient pour habitude d’investir abondamment dans les obligations d’Etats et les dettes d’entreprises sécurisées. L’étude de BlackRock démontre que les assureurs, ou tout du moins une partie d’entre eux, ont profité de la vague de retrait des prêteurs bancaires traditionnels du marché du crédit, pour prêter au développement de l’immobilier commercial et aux PME.
Solvabilité II et les autres réglementations forcent la main des assureurs
Pour 49 % des répondants, les changements réglementaires auront un impact majeur dans l’évolution de l’industrie de l’assurance dans les douze ou vingt-quatre prochains mois.
Le renforcement des exigences en termes de fonds propres prévu dans le cadre de Solvabilité II qui prendra effet au 1er janvier 2016 incite les assureurs européens et mondiaux (en particulier ceux dont le taux de solvabilité est le plus faible) à se tourner davantage vers les actifs obligataires Investment Grade et à se diversifier en raison d’une marge de risque resserrée. Le nombre de répondants qui a l’intention d’accroître la part des obligations Investment Grade dans leurs portefeuilles a presque doublé en un an, passant de 24 à 45 %. Des chiffres étonnants, qui viennent ainsi contraster la tendance vers l’alternatif.
Les contraintes de liquidité incitent les assureurs à se tourner vers les produits dérivés et les ETF
Plus des deux tiers des assureurs interrogés (67 %) déclarent que le manque de liquidité rend difficile l’accès au marché obligataire et près des trois quarts (73 %) considèrent que la liquidité est plus faible par rapport aux niveaux connus avant la crise financière. Ainsi, la majorité des assureurs prévoient d’accroître leurs recours aux produits dérivés (69 %) et aux fonds indiciels cotés (67 %), justifiant cette décision par le manque de liquidité des obligations Investment Grade.
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