Herez : grandir ensemble au sein d’un même groupe
Dirigé par Patrick Ganansia, le cabinet Herez poursuit sa stratégie de croissance. Soutenu par le mono-Family Office de la famille Meyer Dreyfus, Florac, la structure devrait dépasser les quatre milliards d’euros d’encours en 2022.
Fondé en 1995, Herez est un cabinet de gestion de patrimoine qui depuis de longues années poursuit une stratégie de croissance externe en parallèle de sa croissance organique. En effet, la première opération remonte à 2009, avec l’acquisition du cabinet My Family Office de Pierre-Laurent Fleury, lequel avait décidé de se consacrer au développement de son logiciel Prisme Manymore.
Après plusieurs années marquées par des acquisitions ponctuelles, la société présidée par Patrick Ganansia a fait le choix, en 2020, d’une croissance plus offensive, avec l’intégration d’un actionnaire à son capital et l’accélération de son rythme. Pour ne citer que les plus récentes : le cabinet P4M Development (50 millions d’euros d’encours) est venu renforcer son bureau de Lyon, où Herez avait acquis le cabinet Fromental Paccard en mars 2021, et GFI Patrimoine (70 millions d’euros d’encours), situé à La Roche-sur-Yon et dirigé par Dominique Rougeron, qui vient compléter son dispositif dans le Grand-Ouest, puisqu’Herez est déjà présent à La Rochelle suite à l’acquisition du cabinet Annereau, en juin 2021.
Et le second semestre 2022 s’annonce encore dense puisqu’en juillet, Herez devrait finaliser le rapprochement avec le Family Office d’Imani & You (400 millions d’euros d’actifs conseillés) sous forme d’une prise de participation majoritaire ainsi qu’une autre opération.
Cette stratégie de croissance externe répond à la volonté de son dirigeant et de ses dirigeants associés d’atteindre une taille critique afin de concurrencer les petites banques privées. Cette ampleur renforcée vise aussi à rentabiliser des investissements structurels sur les sujets digitaux et réglementaires, réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs, mais aussi à élargir l’offre de solutions d’investissement et de services proposée aux clients.
Service client
« La lente consolidation de notre secteur va se poursuivre, même si elle reste relative car il se crée toujours plus de cabinets que d’opérations de rapprochement de cabinets, relève Patrick Ganansia. Deux typologies de cabinets nous rejoignent : il s’agit tout d’abord de ceux qui souhaitent quitter la profession, sous un à trois ans, et qui vont accompagner leurs clients dans cette phase de transition en s’assurant que leur clientèle continuera d’être bien conseillée, en appui sur des valeurs et une qualité de service que nous partageons avec eux. L’autre catégorie regroupe des professionnels du patrimoine qui souhaitent donner une autre ampleur à leur activité : élargir leur offre et intégrer une équipe plus large, mais aussi participer collégialement à une aventure entrepreneuriale. Nous rejoindre leur permet de concrétiser financièrement leur actif professionnel et d’en réinvestir une partie au sein d’Herez, profitant et contribuant ainsi à la création de valeur du groupe. Dans les deux cas, il s’agit de structures dirigées par de très bons professionnels qui accordent un soin tout particulier à l’accompagnement de leurs clients, dont la proportion d’investissement financier et en assurance-vie est très majoritaire, et qui souhaitent donner de leur temps et de leur énergie à une aventure commune. Tout comme c’est le cas dans nos activités. Nous recherchons également des équipes compétentes qui pourraient apporter et diffuser un savoir-faire spécifique que nous ne détenons pas encore, comme la prévoyance par exemple. »
Ouverture du capital
Pour faciliter cette stratégie de croissance externe, Herez a accueilli à son capital Florac, le Family Office de la famille Meyer Louis-Dreyfus, à hauteur de 23 % en juin 2020. « Herez sera toujours dirigé et détenu majoritairement par des professionnels du patrimoine, assure Patrick Ganansia. Plutôt qu’un fonds d’investissement “classique”, nous avons préféré saisir cette belle opportunité d’être accompagnés par cette grande famille française car elle connaît les problématiques de nos clients : la protection, la transmission et le développement d’un patrimoine. Comme nos clients, elle dispose d’une vision à long terme de ses investissements. »
Cette opération capitalistique a par ailleurs permis l’ouverture du capital aux collaborateurs, une soixantaine étant devenus actionnaire à cette occasion. « Cela a encore renforcé l’implication de nos salariés en créant un véritable alignement des intérêts. Quel que soit leur poste dans la société, les collaborateurs historiques, comme les nouveaux associés issus de la croissance externe et leurs équipes, tous sont motivés à faire grandir le groupe dans sa globalité. »
Des activités élargies
Outre ces opérations de rapprochement, Herez dispose de participations au sein de sociétés de gestion indépendantes, comme Sanso ou Gemway Assets. « Nous avons toujours aimé soutenir des gérants de talent qui prenaient le risque de devenir entrepreneurs, toujours via des participations minoritaires, inférieures à 5 % », explique Patrick Ganansia.
Au-delà de ces accompagnements ponctuels, et pour donner pleinement corps à ses services de gestion pour le compte de ses clients, Herez a fait l’acquisition de Fourpoints IM qui dispose d’une activité de gestion sous mandat et de fonds dédiés en architecture ouverte, ainsi que quelques fonds “maisons” : Fourpoints Mondrian, Fourpoints America ou encore Fourpoints Thematic Selection. La société dirigée par François Pasquier et Nathalie Pelras s’adresse également aux conseils en gestion de patrimoine et compte actuellement 400 millions d’euros d’encours sous gestion.
Le groupe dispose de deux autres cordes spécialisées à son arc, avec une filiale implantée à Tel Aviv et un cabinet d’administration de biens, Herez Real Estate, pour répondre à la demande de clients souhaitant déléguer la gestion administrative de leur patrimoine immobilier. « Que ce soit dans l’asset management financier ou immobilier, nous sommes toujours à l’écoute d’opportunités qui nous permettraient d’offrir davantage de services et de produits de qualité à nos clients. »
Une prédilection pour l’investissement financier
La structure s’adresse à tous types de clients : cadres dirigeants, TNS, dirigeants d’entreprise, fondations, associations ou encore des très grandes familles ou de petits institutionnels. « Le spectre de nos clients est large et nous n’avons pas souhaité nous fermer de portes. Pour certains, nous proposons uniquement un service de conseil en investissement financier, généralement pour les patrimoines inférieurs à 500 000 euros. Dès que la surface patrimoniale le permet, nous apportons une approche globale et familiale, qui peut mener jusqu’au service de Family Office, notamment lorsque leur fortune dépasse plusieurs dizaines de millions d’euros. »
80 % de leur temps est dédié au conseil en investissement et 20 % au conseil en stratégie patrimoniale (audit patrimonial, déclarations fiscales, accompagnement dans la transmission d’entreprise, succession…). La société accélère également sa digitalisation, notamment avec la création d’un intranet centralisant l’ensemble de l’offre de solutions de placement sélectionnées et la refonte des parcours client.
Pour la sélection des investissements, Herez s’appuie sur un responsable de l’offre en produits non cotés, un autre pour les produits cotés, ainsi qu’un service de sélection de biens immobiliers (SCPI, SCI, OPPCI et clubs deals). « Nous ressentons aujourd’hui une forte demande pour les actifs réels. Le client se sent plus proche de ses investissements, avec une plus grande compréhension et transparence. Le Private Equity est notre classe d’actifs préférée depuis quinze ans, car elle permet de réaliser des plus-values plus élevées que toutes les autres, à condition d’accepter la durée longue de l’investissement et d’investir sur des fonds diversifiés par types et aussi bien européens qu’américains ou asiatiques. En matière d’investissement à impact, on note que les clients privilégient toujours la performance sans prendre pleinement en compte ce paramètre. Néanmoins, l’ESG fait partie de nos critères de sélection des sous-jacents, et la réglementation va nous aider à davantage informer et prendre en considération les aspirations de nos clients dans ce domaine. »
Collégialité
Présent à Paris, Lyon, dans le Grand-Ouest (La Roche-sur-Yon et La Rochelle), mais aussi à l’international à Tel Aviv et prochainement à Bruxelles (via l’association avec Imani & You), Herez compte plusieurs milliers de clients, accompagnés par vingt-cinq consultants et conseillers CGP (sur un total de quatre-vingt-dix collaborateurs) et pour des encours atteignant 3,2 milliards d’euros (plus de 4 milliards d’euros avec les acquisitions prévues en juillet). « Herez est avant tout une histoire d’hommes et de femmes, au sein de laquelle règne une grande collégialité dans la prise de décision que ce soit pour la stratégie d’entreprise, le choix des opportunités de placements clients, les allocations d’actifs ou même les dons que nous décidons d’accorder à des associations ou des fondations. Ce qui nous anime aujourd’hui est de mixer les matières grises avec l’idée de “grandir” ensemble plutôt que de “grossir”. »
« Nous franchissons plusieurs paliers d’un seul coup »
Dominique Rougeron, gérant du cabinet GFI Patrimoine basé à La Roche-sur-Yon (70 millions d’euros d’encours), nous explique pourquoi il a décidé de rejoindre Herez en juin dernier.
Profession CGP : Pourquoi avoir décidé de vous rapprocher d’un groupe de gestion de patrimoine ?
Dominique Rougeron : Depuis quelques années, j’observe que le marché se structure et se concentre. Parallèlement, mon temps est de plus en plus consacré à des tâches administratives et réglementaires. J’accordais de moins en moins de temps à ce que j’aime : accompagner mes clients. Il me fallait donc me décharger encore plus de ces tâches chronophages pour poursuivre notre développement commercial et élever la qualité de services à mes clients, notamment en accédant à des produits que nous ne pouvions pas proposer, eu égard à notre taille. Il s’agissait également de sécuriser mes clients et mon activité s’il m’arrivait quelque chose. En intégrant Herez, nous franchissons plusieurs paliers d’un seul coup.
Comment vous êtes-vous rapproché d’Herez ?
Adhérent de la Boétie Patrimoine, je connais Patrick Ganansia et Michel Patrier depuis treize ans. Herez a su développer une offre de qualité avec différents services bien structurés, comme l’allocation d’actifs ou encore l’ingénierie patrimoniale. Nous partageons la même vision de la profession et les mêmes valeurs, avec un haut niveau d’exigence. Herez est aussi une structure encore à dimension humaine, au sein de laquelle je vais pouvoir apporter ma pierre à l’édifice. Les intérêts sont alignés pour toutes les parties, y compris nos clients qui garderont le même interlocuteur avec une offre de services et produits renforcée.
Il s’agissait également de valoriser votre outil de travail ?
Oui, bien sûr, mais cette question est secondaire pour moi. J’ai réinvesti une part importante du fruit de la cession au sein d’Herez et, à quarante-neuf ans, j’ai encore de belles années devant moi pour participer à la construction du groupe et à son développement !
« Pour avoir une offre à 360°, l’effet de taille est indéniable »
Le cabinet P4M Development (50 millions d’euros d’encours) a intégré Herez en mai dernier. Son dirigeant, Stéphane Pourcher, nous expose les motivations de cette opération.
Profession CGP : Pour quelles raisons avez-vous décidé de rejoindre Herez ?
Stéphane Pourcher : J’échange depuis plusieurs années avec Jean-Christophe Paccard, le dirigeant du cabinet Fromental Paccard qui a rejoint Herez en mars 2021. Naturellement, j’ai réfléchi à cette opportunité qui me permet également de répondre à des enjeux majeurs pour notre avenir. En effet, la réglementation est toujours plus pesante et prenante. De par mon expérience, j’ai déjà vécu cette phase de transition réglementaire lorsque les sociétés de Bourse sont devenues des sociétés de gestion. La taille devient primordiale pour structurer un bon back/middle-office, avoir des outils digitaux,et répondre aux exigences réglementaires et celle de nos clients. La question était donc, pour P4M Development, de savoir s’il fallait recruter alors que nous étions déjà une équipe de cinq personnes, dont deux aux fonctions support ou intégrer un groupe pour profiter de sa structuration. L’autre motivation est liée à notre taille, car nous n’accédions pas à certaines offres qui nécessitent de lever rapidement plusieurs millions, voire des dizaines de millions d’euros, en Private Equity ou à des produits structurés dédiés. Pour avoir une offre à 360°, l’effet de taille est indéniable. D’ici une dizaine d’années, je pense que le marché rassemblera une dizaine de grands groupes, et qu’offrir une large palette d’investissements et de services à nos clients sera intenable pour les petits acteurs.
Pourquoi Herez et pas un autre groupe ?
Plusieurs solutions s’offraient à nous, mais je craignais de perdre mon indépendance dans un grand groupe. Alors que depuis le début de ma carrière, j’ai mis le service client et la proximité au centre de mes attentions, j’ai retrouvé cette philosophie et ces valeurs chez chaque collaborateur d’Herez. Cela a été déterminant. J’intègre donc, en tant que nouvel associé, une PME dynamique avec des valeurs communes et avec l’ambition de développer l’activité d’Herez dans la région Rhône-Alpes.
Vos réactions