Meyer Azogui (groupe Cyrus) : « Nous gérons désormais plus de 5,35 Md€ d’encours »
Cyrus Conseil vient de réaliser sa plus importante opération de croissance externe avec le rachat de Financière Conseil doté de 350 millions d’euros d’encours, ce qui lui permet de dépasser les 5,3 milliards d’euros conseillés. Toujours au sein du groupe Cyrus, les filiales Invest AM et Eternam fêtent leur dixième anniversaire. L’occasion de faire le point avec Meyer Azogui, président du groupe.
Profession CGP : Cyrus Conseil vient de signer une belle acquisition. Quels sont les contours de cette opération ?
Meyer Azogui : Dans le cadre de notre stratégie de croissance, nous venons d’acquérir à 100 % Financière Conseil présidé par Jean-Paul Huneau et qui nous permet d’intégrer vingt-huit nouveaux collaborateurs. Créé en 1999, il s’agit d’un cabinet dont l’activité nous ressemble beaucoup par sa vision du métier de CGP avec une forte dimension de conseil en ingénierie patrimoniale, mais aussi sa relation avec les cabinets d’expertise-comptable et son offre originale e-Pocampe. En outre ce cabinet vient renforcer notre maillage territorial, grâce à sa forte présence à Angers, Le Mans et Nantes.
Tous ces éléments réunis nous ont conduit à réaliser cette opération car si la croissance externe est pour nous une façon de participer à la course à la taille sur le marché des CGP, notre développement repose à 85 % sur de la croissance organique. Nous envisageons ces opérations de croissance externe en étant de plus en plus sélectifs dans le but de mieux accompagner nos clients, et pas simplement « d’empiler » des stocks. Par l’atteinte d’une taille critique et l’extension de notre couverture territoriale pour être proches de nos clients et partenaires, nous souhaitons développer une marque reconnue et identifiée en s’appuyant sur différents pôles d’expertises (ingénierie patrimoniale, pôle offre et service mais également direction financière, RH…). Cette marque nous permet également de recruter des talents auxquels nous proposons un parcours évolutif au sein du groupe et la possibilité d’être actionnaire selon notre modèle intrapreneurial. Bientôt, ce seront en effet un total de cent-dix collaborateurs qui vont être actionnaires de Cyrus. Ce projet se construit autour de valeurs communes et que notre taille ne doit pas faire disparaître. La préservation de cet affectio societatis et de cette agilité sont pour moi une mission quotidienne.
Qu’est-ce qu’e-Pocampe ?
M. A. : Il s’agit d’une solution permettant d’accompagner les experts-comptables dans le développement des missions de conseils dans leur cabinet (hotline patrimoniale, informations, formations, conventions, audits, suivis et partage des informations clients). Localement, cette solution a été développée avec succès par Financière Conseil auprès d’un cabinet d’expertise-comptable national reconnu, l’objectif serait de déployer désormais cette offre sur l’ensemble du territoire.
Que représente le groupe Cyrus aujourd’hui ?
M. A. : Nous gérons désormais plus de 5,3 Md€ d’encours pour deux-cent-quarante salariés, et une présence dans dix-neuf villes françaises et un bureau à l’étranger. Pour 2021, nous visons plus de 60 millions d’euros de chiffre d’affaires pour nos trois filiales.
D’autres opérations sont-elles prévues ?
M. A. : Nous sommes à l’écoute du marché et étudions effectivement quelques dossiers. Actuellement nous sommes plutôt à la recherche d’une opération structurante que nous pourrions réaliser grâce à l’appui de BridgePoint, en capital et d’Ardian en dette.
Un mot sur les dix ans d’Eternam et d’Invest AM ?
M. A. : La mise en marche d’Invest AM a pris du temps, mais aujourd’hui la structure spécialisée en allocation d’actifs mondiale, compte 830 millions d’euros d’encours. Sa gestion en architecture ouverte sur toutes classes d’actifs s’avère très résiliente à l’image du fonds Invest Lattitude Equilibre. Depuis un an, son agrément a été étendu pour la gestion de mandat de produits structurés. Nous comptons prochainement – probablement par croissance externe – développer encore notre offre et nous positionner sur la gestion de titres vifs, la gestion obligataire et de fonds ISR.
De son côté Eternam, dont la raison d’être est de « rendre accessible l’inaccessible », gère 500 millions d’euros avec d’une part des club deals très différenciants mais également la gestion de fonds sur tout type de stratégies : un fonds « tout terrain » très diversifié qui vise un rendement annualisé de 4 % (Proxima Invest), un fonds hôtelier plus risqué qui a pu saisir de belles opportunités dernièrement (Alcyon), et un fonds value added visant à travailler les immeubles pour les repositionner sur leur marché et mieux les revendre (Phoenix Club Invest 3).
Comment évoluent les besoins de vos clients ?
M. A. : Ils sont toujours plus importants dans un contexte de pandémie où, de plus, l’ensemble des actifs sont à des niveaux historiquement élevés. Après avoir bien réagi l’an passé, ils sont à la recherche d’opportunités. Notre rôle est de les accompagner dans le monde du risque alors qu’ils ont fait le « deuil » du fonds en euro, en leur proposant des solutions à la fois diversifiées et décorrélées. Par exemple, au sein des grandes classes d’actifs, nous travaillons davantage les sous-segments de chaque marché pour aller chercher de la performance et du rendement.
Vos réactions